Sofidest cherche un repreneur
La holding logeant les entités Nippon Pièces Services, Nord Distribution, Webdealauto et CIA fait face à de lourdes conséquences financières post-Covid. Le 20 novembre, un appel d’offres vers de potentiels candidats à la reprise du groupe familial sera officiellement lancé jusqu’au 20 décembre. Explications de son co-fondateur, Jean-François Desmet.
Le groupe nordiste vient d’entamer sa deuxième phase d’observation après décision du tribunal de commerce de Lille, suite à son placement en redressement judiciaire en mars 2023. Dans la corbeille de Sofidest : l’historique NPS, importateur de pièces asiatiques créé en 1993, la plateforme Nord Distribution rachetée en 2019 (et adhérente d’Alternative Autoparts), avec le site Webdeaulauto et CIA (Centrale Internet d’Achat pour le site Piecesauto.com). Un ensemble aujourd'hui diversifié avec près de 115 personnes pour un chiffre d’affaires estimé par nos soins à 45 M€ en 2021, soit - 10 M€ en trois ans (sur la base de notre Top 100). Car depuis fin 2019, une somme de facteurs aggravants se sont superposés, dans un contexte concurrentiel déjà bataillé (voir encadré) : le rachat de la plateforme Nord Distribution et les investissements consentis arrivent au beau milieu de la crise des Gilets jaunes en cette fin d’année-là, empêchant les réceptions et livraisons des magasins, auquel s’est ajouté le confinement mondial précipité en mars 2020, refermant les portes du jour au lendemain de toutes les structures… avec bien entendu celles des fournisseurs asiatiques. Dans cette situation déjà fragilisée, les remboursements des PGE en 2022 ont précipité le groupe dans un gouffre financier inextricable.
Un enchaînement trop rapide
Pour comprendre cette précipitation, Jean-François Desmet explique le fonctionnement du groupe et en particulier celui de Nippon Pièces Services. « NPS fonctionne depuis toujours avec ses fournisseurs asiatiques par des commandes mensuelles pour des délais d’approvisionnement à six mois en moyenne via des lettres de crédit (LDC) irrévocables pour garantir nos échanges internationaux. En plein Covid, les usines ne livraient plus mais enregistraient ces commandes comme à l’accoutumée. Dès leurs réouvertures, elles ont logiquement surproduit pour honorer les commandes accumulées, soit plusieurs millions d’euros, et ont utilisé la LDC pour paiement ! Sauf que de notre côté, nous avions moins de chiffre d’affaires à cette époque puisque nous n’avions pas encore les pièces, donc une trésorerie déjà tendue. Le paiement de ces commandes nous a lourdement impactés », détaille le co-fondateur (qui a créé NPS en 1993 avec son frère Olivier). Tous les containers – dont les coûts de transports ont atteint les 18 000 € en 2021 – sont donc arrivés en masse chez NPS, qui a dû faire de la place mais surtout retrouver des clients déjà tournés vers d’autres alternatives pour trouver la pièce coûte que coûte. Effet ciseau garanti, mais le couperet est tombé encore plus vite lorsqu’il a fallu rembourser les PGE à un moment où les finances étaient basses et les banques frileuses pour échelonner les prêts.
Nous devons passer ce cap pour repartir à l’assaut de toutes les opportunités !
Dépôt des dossiers jusqu’au 20 décembre
Depuis six mois, le placement en redressement judiciaire a fait son office et le soutien de l’administrateur a permis de restructurer le groupe. Pour s’alléger, l’entité italienne IPS (acquise en 2019) a été fermée. Reste encore certains fournisseurs à convaincre de rouvrir les vannes de leurs stocks et permettre au groupe de reproposer une offre PR globale et par conséquent de reconstituer sa trésorerie. La deuxième période d’observation accordée par le tribunal court jusqu’en mars 2024 et doit servir à présent à trouver un ou des repreneurs de Sofidest. Un fonds financier ? Un distributeur ? Un équipementier ? Tout est envisageable. Quoiqu’il en soit, si la procédure d’appel d’offres – ouverte du 20 novembre jusqu’au 20 décembre – est collective, chaque entité peut être cédée individuellement. Les dossiers déposés seront ensuite examinés et le tribunal statuera le 20 février.
« Nous poursuivons quoi qu’il en soit nos activités ! En particulier avec NPS, où la gestion est tellement resserrée et calibrée que nous pouvons rapidement redevenir rentables avec moins de chiffre d’affaires. La gestion a permis de réaliser les économies nécessaires pour nous redresser. D’autant que le business est toujours là ! Nous devons passer ce cap pour repartir à l’assaut de toutes les opportunités », note Jean-François Desmet, qui souligne la bienveillance de tous les clients, vertu quasi cathartique dans cette période si particulière que doivent traverser les fondateurs.
Une concurrence exacerbée
Si le dirigeant note la croissance des offres alternatives de plus en plus nombreuses de la part des équipementiers, il correspond néanmoins à un marché du véhicule asiatique de plus en plus important. « En contrepartie, nous proposons nous aussi de plus en plus de références pour les véhicules européens à des prix très étudiés. Notre cœur de métier a toujours été tourné vers les niches, nous essayons systématiquement de proposer la perle rare, le produit difficile à trouver ou extrêmement bien placé pour nous démarquer. C'est par exemple pourquoi aujourd'hui notre gamme de pièces s'étoffe de plus en plus au niveau des véhicules hybrides et 100 % électriques. »