Elections municipales : le CNPA bat la campagne

Muriel Blancheton
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Le CNPA, avec ses 21 branches métiers veut faire cesser le « car bashing » ambiant et « rétablir quelques vérités ». Munie de son Livre Blanc, la fédération part donc à l’assaut des candidats aux prochaines élections municipales. Objectif : parler à l’oreille de ces futurs élus qui vont prendre l’écologie comme fer de lance de leur campagne. Pour que les mobilités au sens large et la voiture en particulier trouvent leur juste place dans la politique des villes, le CNPA concentre sur 84 pages des contributions d’experts (Bernard Jullien du Gerpisa, Florence Gilbert de Wimoov et même Jean Todt de la FIA…), des appuis chiffrés issus de spécialistes comme l’Ademe, Airparif… un « fake checking » histoire de balayer quelques idées reçues :

L’automobile seule et unique source majeure de pollution ? 32 % des émissions de Nox et 9 % des particules fines sont encore générées par le trafic routier en Ile-de-France (VL, PL, bus…) selon Airparif, qui souligne en revanche la disparition en 40 ans du dioxyde de soufre et du plomb et les divisions par 8 du monoxyde de carbone, par 20 des particules fines, par 3 de l’ozone… « Constructeurs et équipementiers travaillent pour réduire cette pollution (FAP pour les Diesel et Essence, SCR) », note le CNPA qui demande une réglementation étendue à l’ensemble des sources de pollution (chauffage, climatisation…) ainsi qu’une information juste pour les citoyens à propos de la qualité de l’air.
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Un véhicule diesel pollue plus qu’une essence ? Faux du point de vue des émissions de CO2, rétorque le CNPA. L’efficacité du FAP est même reconnue par l’Ademe avec 99,7 % des particules bloquées en nombre et 95 % en masse (jusqu’à 100 fois en dessous des particules les plus petites).« Pour ouvrir le débat sur les mobilités et introduire l’enjeu économique aussi bien qu’écologique, il n’était pas question de se positionner dans une posture élitiste, mais de s’appuyer sur des données chiffrées, étayées et objectives », souligne Francis Bartholomé, le président du CNPA. L’aspect économique prend tout son sens pour une filière automobile représentant 140 000 entreprises et 500 000 actifs en national. En local, le message du CNPA sera directement diffusé auprès des mairies par des entrepreneurs issus du même bassin régional. A l’instar de Thomas Courtois. Le patron du groupe de distribution à la tête de 15 sites en Ile-de-France et en Bretagne et employant 350 personnes, prend le dossier à bras-le-corps. « Si l’autophobie ambiante couplée avec le dieselgate a rendu les constructeurs inaudibles, nos entreprises locales sont en revanche entendues auprès des municipalités car elles sont source d’emplois et dynamisent les régions », souligne le patron. Selon lui, les maires ont besoin d’être informés et accompagnés dans un contexte d'incertitudes (interdiction des diesel puis des thermiques dans certaines villes, vignettes Crit'Air, mises en place des zones à faibles émissions…). Une situation rendant également perplexes et attentistes les clients en concession. « A tel point que nous ne sommes plus des conseillers commerciaux mais fiscaux ! »
Ce Livre Blanc se clôture par une synthèse sous la forme de 34 propositions, que le CNPA va placer au cœur des débats. Extraits :
  • Établir une fiscalité incitative pour l’accompagnement dans la transition énergétique
  • Mettre en place une prime mobilité « domicile-travail » pour les salariés éloignés et sans transport en commun
  • Renouveler le parc de VUL via de nouvelles obligations (faible part du parc roulant mais forts émetteurs de Nox et de particules en milieu urbain)
  • Prise en compte des carburants alternatifs dans le mix énergétique
  • Repenser l’urbanisme pour améliorer les mobilités ainsi que les connexions des transports des périphéries vers les centres-villes (parc-relais, réseaux de transport en commun densifiés…)
« Il ne faut pas couper l’insertion économique et sociale des personnes qui ont besoin de leur mobilité, donc de leur voiture. Il ne faut pas sous-estimer la fracture sociale que peut engendrer une politique anti-voiture basée sur l’exclusion », conclut Xavier Horent, le délégué général du CNPA. La fédération, qui souhaiterait in fine voir émerger une délégation interministérielle de la mobilité, entre donc en campagne dès à présent. Des rendez-vous sont d'ores et déjà pris avec les candidats Hidalgo, Dati et Villani pour Paris, Estrosi pour Nice... soit 16 villes au total. Reste à voir si les candidats en campagne intégreront - et de manière durable - ces informations une fois élus. A suivre. Muriel Blancheton
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Questions à Jean-Claude Dugeny, président Île-de-France du CNPA
Comment est née l’idée de ce Livre Blanc ? Nous étions en réflexion sur les problématiques de mobilité en Ile-de-France, liées à notre situation ultra-concentrée et urbanisée. Nous avons donc sondé nos 2200 adhérents franciliens avec un questionnaire abordant plusieurs thématiques et couplé avec l’impact des décisions de la Ville de Paris (fermeture des voies sur berges, interdiction programmée des thermiques…). Le taux de retours a été très important, soulignant des inquiétudes, des questions sur la mobilité, l’avenir de leur profession, la pollution liée à l’automobile, les décisions politiques… Ce qui nous a naturellement portés à élargir cette réflexion au niveau national. Nous nationalisons ainsi une action qui était locale au départ, en créant un collectif puis ce Livre Blanc.
Vos attentes concrètes par rapport à cet outil ?Alerter et informer sans excès dans un sens ou dans l’autre ! Le Livre Blanc doit permettre d’éclairer sur de réelles problématiques de mobilité en apportant aux candidats des municipales des arguments concrets. Restrictions, zones d’émissions, taxes… tous les sujets sont abordés. Nous devons être écologues plus qu’écologistes et il a fallu trouver le bon curseur dans nos arguments. Nous reprenons toutes les problématiques liées à l’auto et nous y répondons sans dogmatisme. Ce Livre Blanc va également être diffusé auprès du grand public via nos responsables territoriaux. Pour toucher l’opinion publique, il faut leur parler, donc nous ne nous arrêterons pas aux municipales, qui ne sont qu’un tremplin.
Muriel Blancheton
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