De nouvelles formes de mobilités ont émergé des grandes villes, poussées par la jeune génération, les milléniums, consommateurs de transport multimodal : VTC, scooter en libre-service, trottinette électrique, co-voiturage et autopartage à disposition (freefloating) ou en station. La consommation diffère selon les besoins du moment à condition d’être sans contrainte, c’est-à-dire uniquement en commandant et payant sur son Smartphone. Et la tendance est ancrée. Autant d’enjeux qui ont d’ailleurs poussé le CNPA à devenir incubateur de startups à Station F et a créé fin 2018 une nouvelle branche métier, sa 22eme, dédiée cette fois aux nouvelles mobilités*. « Tout ceci n’est pas un accident de l’histoire mais un vrai mouvement de fond », confirme Patrick Pelata, lors d’une table ronde de la fédération sur les nouvelles mobilités. Le co-auteur du rapport remis au Président de la République sur l'attractivité de la France en matière de véhicule autonome, électrique et de mobilités* (et ex DG de Renault), en profite pour dresser l’état des lieux d’un écosystème où finalement toute la chaine de valeur est impactée par différents changements. À commercer par les décisions étatiques très orientées vers l’électrique pour diminuer le niveau d’émissions de CO2, avec des amendes records à la clé pour les constructeurs et des pénalités « financièrement insupportables », puisqu’elles peuvent aller jusqu’à 1Md€ d’amendes par an dès 2021. Les constructeurs sont contraints par les États d’enclencher la vitesse supérieure. « En France, l’objectif est de compter un million de VE/ VHE en parc d’ici 2022, contre 200 000 actuellement », résume Patrick Pelata. Carlos Tavares le regrettait encore récemment et ouvertement dans la presse : pour le patron de PSA, Bruxelles considérant que toute l’industrie automobile européenne « a fauté », à propos du Dieselgate, mène une expédition punitive en utilisant la transition énergétique pour infliger des objectifs intenables en matière d’émissions et des amendes « capables de mettre les entreprises à genoux. » Ce sentiment est partagé par les distributeurs VN en aval, confrontés sur le terrain à la suspicion du client final et emportés par une vague anti-Diesel incompréhensible. Et tous de souligner un « manque de concertation » des pros dans cette marche forcée vers le tout-électrique. Reste qu’entre des constructeurs priés de réécrire intégralement leur copie aux startups bousculant les codes et les usages en matière de consommation automobile jusqu’aux assureurs prêts à s’immiscer dans la moindre strate pour trouver de nouveaux business, les concessionnaires se situent au beau milieu du carrefour, encore attentistes, souvent par prudence. Pour conserver cette position centrale, ils vont devoir laisser leur métier traditionnel de vendeurs de voitures pour se muer en vendeurs de mobilités. Une certitude pour Patrick Pelata. « Une étude du cabinet Roland Berger indique que 35% de la mobilité sera d’ici 20 ans partagée ou à la demande. Les distributeurs ont donc un rôle à jouer dans cet écosystème par leur implantation et leur connaissance du tissu local. Et autant le faire dès maintenant, lorsque leurs entreprises sont profitables. » A l’instar des loueurs qui ont amorcé très vite le virage des nouvelles mobilités, ou des constructeurs mutualisant leurs ressources pour devenir incontournables, tout en répartissant les risques. Ainsi, pour 1 Md€, BMW et Daimler - déjà propriétaire de Car2Go pour l’autopartage et de Chauffeur Privé pour concurrencer Uber - se sont associés pour développer des offres de services sur les voitures autonomes, les scooters électriques, l'autopartage et le chargement de voitures électriques. De la multi-mobilités en somme… (
pour aller plus loin, lire De distributeur VN à vendeur de mobilités). * hébergée au sein de son pôle "solutions de mobilité". Elle fédère de jeunes dont Cityscoot, Troopy, Smovengo et Virtuos.Muriel Blancheton