La Feda et le CNPA manifestent pour le libre accès aux données

Muriel Blancheton
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Les deux fédérations françaises appuient leurs organisations européennes respectives, le Cecra pour le CNPA et la Figiefa pour la Feda, dans un manifeste sur le libre accès aux données. Au cœur du dossier porté par onze entités signataires au total*, un appel insistant et renouvelé aux politiques après une première édition en 2018, demandant l’égalité numérique pour l'accès à distance aux données des véhicules. Le manifeste réclame ainsi « une proposition législative d’ici 2020 ». Car l’urgence s’accélère chez les indépendants qui voient grandir le parc connecté (70% d’ici 2025) mais se réduire les champs des possibilités de business. En cause : un accès fermé aux données et aux fonctions à bord des véhicules, barré par la solution du « véhicule étendu » proposée par le constructeur, et qualifiée de restrictive par les indépendants. Les communications pour l’accès aux données à distance seraient en effet canalisées sur un serveur appartenant au constructeur. Et seule une partie limitée des données embarquées et un sous-ensemble étroit de fonctions basées sur son modèle commercial seraient disponibles aux prestataires tiers. L’accès serait accessible soit directement dans le cadre d’un contrat B2B, soit par l’intermédiaire d’une plateforme de services de données, appelé serveur neutre. Et c’est bien là le point d’achoppement avec les indépendants, les prestataires tiers en l’occurrence, qui dénoncent un « contrôle total » et un « pilotage arbitraire » des constructeurs. « Nous devons empêcher le scénario d’un commerce monopolistique ! La Data, c’est la perspective d’un marché de 750 Md€ en 2030 (Mac Kinsey) », indique Sylvia Gotzen, la secrétaire générale du Figiefa, lors du Congrès Parts. De fait, les opportunités de business sont larges : on parle de contrôle technique périodique numérique, d’alertes prédictives évitant les pannes, de télédiagnostic optimisant l’assistance des patrouilles routières, de services de mobilité partagés, de “pièces parlantes” communiquant leur état de santé, de polices d’assurance « Payez selon votre conduite » … Les indépendants veulent entrer sur ce marché connecté. Mais pour cela, ils ont besoin d’avoir les clés. Ils demandent ainsi une plate-forme embarquée interopérable, standardisée, sécurisée et ouverte (OTP), seule solution respectant la libre-concurrence et les droits du consommateur.
Quatre fondamentaux sont ainsi mis en lumière : • Accès indépendant, direct, en temps réel, et non surveillé par les constructeurs automobiles (qui sont aussi des concurrents sur les services), aux données générées à bord des véhicules, y compris celles qui sont critiques en termes de temps et de fréquence ;• Communication bidirectionnelle avec le véhicule et ses fonctions, indépendante du constructeur du véhicule ;• Possibilité d'interagir à distance avec le conducteur de manière sûre, sécurisée et indépendante à l'aide des fonctions des interfaces homme-machine embarquées (par exemple, via le tableau de bord ou les commandes vocales) ;• Possibilité d'exécuter un logiciel indépendant directement dans le véhicule connecté en utilisant des capacités de calcul embarquées pour traiter toutes les données générées dynamiquement aussi près que possible de leur source.
2020, c’est demain !Le manifeste prévient les instances politiques des risques de monopôle encourus, de l’urgence de la situation. L’appel aux décideurs politiques, et en premier lieu la Commission européenne, à présenter d'ici 2020 une proposition législative, doit aboutir à une plateforme télématique embarquée interopérable. « Sur les marchés où le pouvoir est déséquilibré et où l’une des parties, les constructeurs en l’occurrence, jouit d’un contrôle monopolistique de l’accès aux données et aux fonctions du véhicule, une législation est nécessaire pour garantir des conditions de concurrence effective. Un accès non réglementé aux données embarquées via le modèle ExVe fermé actuel des constructeurs aurait de sérieuses conséquences économiques, et entraînerait notamment des coûts supplémentaires sur le marché indépendant de l’après-vente en Europe. Une étude de la FIA Région a quantifié les coûts et les pertes à 65 Md€ pour les consommateurs et les opérateurs indépendants d’ici 2030. Il est donc clairement temps d’agir ! » Une posture combative qu’endosse depuis 20 ans Sylvia Gotzen. « Nous luttons depuis des années en effet, comme sur l’OBD par exemple, et nous obtenons toujours des résultats. Il faut rester optimiste ! L’Europe est sur la voie de la digitalisation. Les consommateurs ont de nouvelles demandes. C’est un océan d’opportunités que l’IAM ne doit pas manquer. »Muriel Blancheton
Signataires
  • ADPA : éditeurs européens indépendants de données automobiles
  • CECRA : entreprises européennes du commerce et de la réparation automobile
  • CITA : organismes chargés de l'inspection ou de la supervision de l'inspection des véhicules automobiles en service et de leurs remorques
  • EGEA : fabricants et importateurs européens des équipements de garage et de test
  • ETRMA : producteurs européens de pneumatiques et d'articles en caoutchouc
  • FIA Region I : clubs d'automobilistes européens
  • FIGIEFA : distributeurs européens indépendants du marché de la rechange automobile
  • Insurance Europe représente le secteur européen de l'assurance et de la réassurance
  • Leaseurope : l'industrie européenne du leasing et de la location automobile
  • SMEunited : artisans, commerçants et PME européens
  • UEIL : industrie européenne des lubrifiants
Muriel Blancheton
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