Investissement : Pas de déprime dans l’équipement d’atelier

Caroline Ridet
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En plein cœur de la crise et malgré une succession d’obstacles conjoncturels, la vente d’équipements d’atelier n’a pas décroché et a même performé en 2021. Les réparateurs veulent et doivent s’équiper pour répondre aux mutations technologiques des véhicules.

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L’écosystème craignait un écroulement des ventes de matériels de garage sur 2020-2021. Le bilan de ces deux années les fait mentir. Si elles ont effectivement souffert sur 2020, au plus fort de la pandémie, les ventes ont bien remonté la pente en 2021. On parle d’une croissance 2021 vs 2020 de 14 % en moyenne selon nos interlocuteurs, et même + 4 % comparé à 2019. Pas si mal ! Les raisons de ce dynamisme : plus de temps pour repenser, optimiser, moderniser son atelier, se projeter sur le « jour d’après », une activité qui a repris sur les chapeaux de roue. Le PGE gonflant les trésoreries des réparateurs a également impacté positivement les capacités d’investissement des réparateurs… à la marge, estiment nombre de nos interlocuteurs. Bémol cependant à cette croissance faciale avec l’inflation des matières premières et des coûts de transports qui a gonflé « artificiellement » les chiffres d’affaires.

Le sésame de la disponibilité

Corollaire naturel de la situation : les difficultés d’approvisionnement débouchant sur l’allongement des délais de livraison. Les équipementiers et les distributeurs ont là encore peu ou prou réussi à faire tampon, du moins pour ceux qui ont chargé leurs entrepôts et assumé plus de six mois de stock de produits onéreux et encombrants. De quoi honorer les devis, qui plus est aux tarifs d’avant explosion des coûts. Plus que jamais le stock a été le nerf de la guerre, et le restera au moins sur les six prochains mois.

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Les best-sellers

Le gros des achats se fait sur du renouvellement d’équipements vieillissants. Car investir dans les dernières générations de matériels est intimement lié à la stratégie du chef d’entreprise voulant insuffler une dynamique à son atelier axée sur l’intégration des véhicules récents, disposant de la place et des équipes nécessaires pour investir dans de nouveaux matériels, dans l’optique d’ajouter de nouvelles prestations à son tarif avec dans le viseur des indicateurs de productivité et de rentabilité. Les investissements commencent ainsi à frémir sur les machines de vidange de boîte de vitesses automatique, l’opacimètre… Le produit porteur du moment : l’outil de calibration ADAS, qui se démocratise avec l’arrivée des versions digitales plus simples d’utilisation. Clairement, l’innovation devient un booster d’activité pour les fournisseurs, d’autant que les nouvelles technologies embarquées dans les véhicules, les normes réglementaires, l'ingénierie rendent ces équipements indispensables à terme. Et dans cette réflexion, le distributeur a un grand rôle à jouer pour anticiper les évolutions.

Quelle projection sur 2022 ?

Les fournisseurs tablent sur le maintien d’une bonne dynamique. Et ce d’autant plus que 2022 est l’année du retour des salons européens en présentiel, dont Equip Auto à Paris programmé du 18 au 22 octobre prochain, après l’allemand Automechanika et avant l’italien Autopromotec. Des échéances qui devraient générer leur lot d’innovations, auxquelles il faut ajouter l’espoird’ une sortie de crise pénurique/tarifaire pour le second semestre.

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Inflation : stabilisation de la hausse en 2022

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En 2021, 8 à 10 % de hausse a été en moyenne répercutée aux clients-réparateurs par les fournisseurs et les distributeurs subissant les valses tarifaires de matières premières et des transports. 2022 devrait calmer le jeu.

En début d’été 2021, l’écosystème de l’équipement de garage a commencé à se prendre la déferlante des pénuries générant une explosion des coûts des matières premières, dont l’acier jusqu’à + 30 %, combinée à des tarifs de fret maritime en provenance de Chine multipliés par dix. Résultat: des hausses entre 15 et 20 points ! Un choc que les fournisseurs comme les distributeurs ont tenté d’absorber en assumant une grosse partie des hausses de prix. Mais tous n’ont pas pu le faire dans les mêmes proportions. « Sur 2021, nous avons dû intégrer huit hausses de 8 à 21 % selon les marques », décrit Mickaël Maquet, directeur commercial de la SFAC.

Des hausses de tarifs relativement amorties

De quoi complexifier les relations commerciales avec les clients. « Nous avons digéré une partie des hausses en réduisant nos marges car décemment nous ne pouvions imputer toutes les augmentations », complète Sylvain Estrade, directeur commercial de Provac . L’effet tampon des fournisseurs fabricants et distributeurs a joué son rôle d’amortisseur. « Ce lissage des hausses par étage nous a permis de limiter à 5% en 2021 les augmentations moyennes de prix », explique Matthieu Montchamp, directeur du pôle Équipement Outillage de l’Autodistribution , qui a aussi bénéficié d’une stratégie de stocks surgonflés. « Malgré les hausses de coût notables, nous n’avons fait passer aucune hausse de tarif sur les nouvelles versions de système de calibration ADAS CSC Tool Digital et de l’outil de diagnostic mega macs X. Sur deux années lissées, la hausse imputée à l’ensemble de nos tarifs a été inférieure à 3 % », assure Clément Perrin, responsable Équipement de garage chez Hella.

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Retrouver de l’oxygène en 2022

La volatilité des prix va se poursuivre cette année sur les six prochains mois, pour se stabiliser au second semestre. Les prix ne devraient plus augmenter, mais ne baisseront pas non plus. « Nous restons très vigilants, car va se jouer un effet ciseau avec des reports de l’inflation. Pourtant, chez Autodistribution, nous n’anticipons pas une inflation galopante. Le prix des containers se stabilise autour 14000-15000 $ (1250 $ avant la crise), et pour la première fois en décembre nous avons relevé une très légère déflation des prix des matières premières. Il semblerait que l’on ait atteint un plafond », conclut Matthieu Montchamp,directeur du pôle Équipement Outillage de l’Autodistribution.

L’alternative MDD pour baisser la facture

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Dépositionnées entre 20 et 25% par rapport aux tarifs des équipements premium, les marques propres sont arrivées dès 2015 pour contrer les offres de produits exotiques low cost. Si le matériel premium garde la main, les distributeurs devaient aussi être en mesure d’adresser toutes les attentes des clients réparateurs.

Exit les marques d’entrée de gamme pour les distributeurs : une qualité non assurée, un SAV intenable faute de pièces de rechange… Les distributeurs jouent la carte du premium face à un client qui cherche parfois du prix, mais principalement sécurité et longévité du produit.

MDD oui, mais pas n’importe comment…

Mais il fallait aussi contrer l’offensive du low cost et adresser l’ensemble des besoins des clients. D’où le lancement en mode défensif par Autodistribution puis AAG de leur MDD, respectivement Isotech et Primetool. Feuille de route : une sélection pointilleuse des matériels assurant un bon niveau de qualité pour un prix abordable et la possibilité d’assurer un SAV digne de l’enseigne. « Notre niveau de service est premium sur Isotech, en termes d’accompagnement, de formation, de gestion de pièces de rechange… Nous nous appuyons sur 200 techniciens terrain dédiés au SAV équipement », décrit Matthieu Montchamp ( Autodistribution ). Il précise qu’Isotech représente un petit 20 % du volume total des ventes de matériels des distributeurs du groupement. « Le choix de proposer du premium et de l’Isotech se fait en fonction du budget du client, bien sûr, mais aussi de l’intensité d’utilisation du matériel », complète Gauthier Leroy (Grandblaise Leroy ).

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Même dynamique chez AAG. « Primetool est proposé lorsque l’on sait que les tarifs du premium ne passeront pas », précise Jacques Harivel, directeur Équipement d’atelier/outillage d’AAG qui vient de lancer un site internet dédié .

… et pas sur n’importe quel matériel

Parce qu’ils jouent en priorité les marques premium, les deux groupements réduisent le champ de leur offre MDD aux ponts, machine-pneumatiques et compresseurs… Et pas question d’aller sur des matériels plus technologiques. « Isotech n’a pas cannibalisé les ventes du premium, mais a au contraire permis une montée en gamme avec nos partenaires », assure Matthieu Montchamp (Autodistribution). Une complémentarité validée par des fabricants-fournisseurs.

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Caroline Ridet
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