Clim – gaz « mortel » : l’Europe juge le HFO1234yf sans risque
On se souvient que l’arrivée dans les nouveaux modèles de véhicules du gaz de climatisation HFO-1234yf, destiné à se substituer au R134a, ne s’est pas fait sans heurts… En effet, s’il avait pour lui un potentiel de réchauffement climatique autrement plus faible que son prédécesseur, il fut aussi (et surtout) pointé du doigt par plusieurs constructeurs comme par des politiques car pouvant dégager un gaz particulièrement toxique en cas d’incendie. L’Allemand Daimler a ainsi dès le début émis de très importantes réserves dans le cadre de tests réalisés en interne. Au point de ne pas appliquer la directive européenne, efficiente depuis le 1er janvier 2013…
Et le verdict est tombé en fin de semaine dernière. Clair et sibyllin : pour le centre de recherche européen (Joint Research Center), «il n’y a aucune preuve d’un risque grave lié à l’utilisation de ce réfrigérant dans les systèmes mobiles de climatisation dans des conditions d’utilisation normales et prévisibles», concluant que «les produits testés doivent être considérés comme des produits sûrs».
Daimler droit dans ses bottes
La réponse du "berger" Daimler à la "bergère" européenne n’a pas tardé : le constructeur d’automobiles allemand a en effet indiqué dans un récent communiqué qu’il n’entendait pas se plier aux injonctions de la Commission qui avait, devant son refus d’utiliser le nouveau gaz produit par les chimistes américains Honeywell et DuPont, intenté une procédure d’infraction contre l’Allemagne. Daimler estime en effet que les conclusions du rapport s’avèrent «trop restrictives» car ne prenant ni en compte ses propres tests, ni ceux d’organismes indépendants étant parvenus aux mêmes conclusions que ce gaz présentait bel et bien un risque. Et de confirmer son intention de développer un système de climatisation sur la base de CO2, sans toutefois donner de délais quant à son éventuelle industrialisation.
Et la marque à l’étoile est loin d’être le seul et unique "vilain petit canard". En effet, s’ils sont restés silencieux depuis la publication du rapport du centre de recherche européen, des groupes tels Volskwagen, ou encore Toyota pour ses modèles commercialisés en Europe, avaient déclaré suspendre l’utilisation de ce gaz au regard des résultats des tests effectués par Daimler…
L’attentisme prévaut sur le marché de l’entretien-réparation…
«Dans l’absolu, c’est une bonne nouvelle car la Commission reste ainsi cohérente avec elle-même», commente Francis Pègues, directeur de Texa France, fabricant italien de stations de recharge pour circuits de climatisation qui s’était positionné dès les premières heures sur l’arrivée d’un nouveau gaz avec une gamme totalement renouvelée dès 2010 : «il faut toutefois se montrer prudent car le marché des stations de clim’, sur le terrain, ne va pas repartir du jour au lendemain et voir tous les pros renouveler leur ancien matériel avec des stations bi-gaz ou exclusivement en gaz 1234yf»… En effet, entre les constructeurs récalcitrants et les faibles volumes de véhicules circulant avec le nouveau gaz, le terrain tarde à investir pour s’équiper de stations dédiées au HFO1234yf. Certes des groupes généralistes tels PSA Peugeot Citroën, Renault-Nissan, ou encore GM ont d’ores et déjà opté pour le nouveau gaz réfrigérant ; mais les volumes ne sont pas encore là… Résultat : ni les réseaux de marques pourtant en première ligne en matière d’entretien de ces véhicules très récents ni les carrossiers (eux aussi en première ligne en cas de choc avant) ne sont encore totalement à la page.
Florissant il y a 6-8 ans, «le marché des stations de clim' a été divisé par deux depuis», rappelle Francis Pègues. Il faut dire qu’il est impacté par différents facteurs comme le souligne le patron de Texa France : «Au facteur macro-économique qui veut qu’en période de crise les consommateurs arbitrent encore plus finement leurs postes de dépenses (et donc, ne placent pas l’entretien de leur clim' comme une priorité car relevant dans leur esprit de leur confort davantage que de leur sécurité), il a eu aussi pour les professionnels la mise en place des certificats d’aptitudes et les agréments pour pouvoir intervenir sur les circuits de climatisation». Ce qui coûte de l’argent, et a donc constitué un frein pour certains pros qui avaient investi ce créneau avant cet encadrement législatif. Si l’on y ajoute les atermoiements des constructeurs quant à l’utilisation ou non du HFO-1234yf…