Préoccupations des réparateurs (suite) : les étonnantes spécificités des MRA "constructeurs"

Jean-Marc Pierret
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5 préoccupations des MRA détaillées

Suite à notre précédente analyse de l'étude GiPA/Equip auto (voir « Etude Equip Auto/GiPA: les cinq préoccupations des réparateurs »), nous avons demandé aux initiateurs du document de nous fournir le détail des réponses des MRA indépendants, sous enseigne grossiste et sous enseigne constructeur. Et les différences apparaissent parfois conséquentes, même si elles n'en sont pas moins complexes à expliquer...

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« Les réparateurs ayant adossé un panneau multimarque des constructeurs se disent avant tout préoccupés par l’équipement pour répondre au parc électrique, alors qu’il s’agit de pouvoir se former chez les autres », souligne ainsi l'étude. Une nette différence apparaît en effet entre les MRA issus des Eurorepar Car Service, Motrio ou Motorcraft par rapport aux autres, sous enseignes grossiste ou strictement indépendants. Les premiers sont 28,4 % à vouloir s'équiper « pour répondre aux nouveaux enjeux du véhicule électrique », quand les autres ne sont respectivement que 24,2 % et 21 % à souhaiter la même préparation.

C'est encore plus notable concernant les besoins de formation. Les MRA “constructeurs” y sont deux fois moins sensibles. 13,2 % d'entre eux seulement estiment devoir se former ou former leurs équipes, quand ils sont 27,1 % chez les “sans enseigne” et même 28 % chez les MRA sous enseigne grossiste.

Un vrai paradoxe en soit. Pourquoi vouloir en effet s'équiper prioritairement pour répondre aux besoins d'un parc électrique encore naissant, sans toutefois ressentir le besoin consubstantiel de formation ?

Priorité au recrutement

Autre souci prioritaire des MRA sous enseigne constructeur : ils sont presque 28 % à s'inquiéter de leur besoin en recrutement, contre seulement 21,4 % chez leurs homologues MRA sous enseigne grossiste et 20,7 % chez les purs indépendants.

On les retrouve ensuite plutôt dans la norme pour les deux autres items de l'étude. Ils sont bons derniers concernant la nécessité de digitaliser l’atelier (9 %), mais pas si loin des 11,5 % des "grossistes" ni des étonnants 7,4 % des indépendants, ces derniers étant pourtant réputés les moins bien accompagnés dans la révolution numérique de l'entretien-réparation.

Les “sous enseigne constructeur” se révèlent presque aussi mobilisés que les indépendants pour réclamer des solutions écologiques et PIEC (respectivement 21,5 % contre 23,8 %). Des chiffres bien au-delà des 14,8 % des garages sous enseignes grossistes. Les têtes de réseaux de ces derniers les auraient-ils mieux pourvus de réponses en la matière?

Quelques ébauches d'explications

Reste à interpréter ces différences entre MRA d'obédience constructeur et les autres. Et ce n'est pas si simple, surtout en l'absence de verbatims qui auraient par exemple permis de mieux comprendre la façon dont les différents types de réparateurs interrogés ont ressenti ces cinq problématiques.

On peut hasarder deux possible raisons à la spécificité “électrique”. Est-elle due à une sensibilisation plus fortement voulue par des têtes de réseaux directement connectées sur les mutations VN en cours chez leurs constructeurs ? Ou le seul fait d'appartenir à un réseau multimarque d'obédience constructeur motive-t-il une attente plus forte des réparateurs en matière de maîtrise des nouvelles motorisations?

Au risque de tutoyer le procès d'intention, on peut aussi tenter une explication culturelle à leur faible prise en compte d'un besoin de formation. On sait que les constructeurs ont depuis longtemps convertis e produits très rentables les formations imposées à leurs réseaux primaires et secondaires. Ont-ils eu le même réflexe envers leurs réseaux tertiaires, leur donnant ainsi une assurance en matière de formation que les autres MRA n'auraient pas encore ?

Mais on peut aussi se demander si leur proximité avec des constructeurs ne suffit pas à rassurer leurs “RA3” en la matière : les constructeurs maîtrisent au premier chef les dernières évolutions technologiques et ils sauront les transmettre à leurs réparateurs multimarques quand le besoin s'en fera réellement sentir...

Jean-Marc Pierret
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