Convention Top Garage / Top Carrosserie : anticiper, valoriser
Quatre longues années que la famille Top Garage / Top Carrosserie ne s’était pas réunie ! Inflation, digital… la plénière de la convention a abordé les défis auxquels doivent actuellement faire face les adhérents. Quitte à briser quelques tabous comme le taux horaire ou la facturation.
Plus de 1000 congressistes réunis du 5 au 8 mai derniers en Grèce, dans le Péloponnèse : la convention Top Garage / Top Carrosserie était particulièrement attendue des adhérents. Le dernier grand rassemblement du réseau, à Djerba, en Tunisie remonte en effet à 2019. Une crise sanitaire mondiale et un conflit plus tard, le marché a évolué à vitesse grand V. Toutefois, malgré les impacts économiques et sociaux liés à la pandémie, malgré les problèmes d’approvisionnement, et malgré l’inflation générée par la guerre en Ukraine, Vincent Congnet, directeur des réseaux Alliance Automotive Group (AAG), a tenu à souligner la résilience des réparateurs.
Les feux sont au vert
Lors de la précédente convention, les enseignes emmenées par le groupement de distribution s’étaient assignées l’objectif de devenir un référent technique incontournable sur le marché. Objectif dépassé : entre 2019 et 2023, le nombre de sessions de formation a bondi de 84 %, passant de 778 à 1429. Dans le même temps, le nombre de garages labellisés est passé de 376 à 595 (+ 58 %). Soit 54 % du réseau. Quant à la hotline technique, internalisée en octobre 2019, elle a vu son utilisation significativement monter en puissance : de 4 800 dossiers ouverts en 2019, elle en gère aujourd’hui 12 500 (+ 160 %) !
Le volet technique validé, place au commerce. Car les vents sont porteurs : si l’accidentologie est en baisse de 2 %, et si le kilométrage annuel moyen recule aussi (12 200 km/an), le parc continue de vieillir – le marché VN continuant de souffrir de problème d’approvisionnement – pour atteindre 11 ans d’âge moyen. C’est bon pour l’entretien, d’autant plus que, inflation aidant, le panier moyen atteint aujourd’hui 584 €. « Hors inflation, l’activité devrait croître de 2 à 3 % cette année », s’est félicité Vincent Congnet.
Lutter contre l’inflation…
Reste que l’environnement est volubile. Aussi, la première mission que s’est assignée la tête de réseau est de lutter contre l’inflation. Après un exercice 2021 où elle était contenue à moins de 2 %, elle a dépassé les 6 % l’année dernière et le trend reste le même en 2023. Selon le directeur des réseaux, il devient donc impératif d’anticiper et d’actionner tous les leviers possibles pour dégager de la rentabilité. Cela passe par l’utilisation des services existants via la plateforme de back-office Optimo : au travers du partenariat avec France Toner par exemple, l’optimisation fiscale avec Tax Saving Consulting ou, nouveauté annoncée à la convention, en matière de fourniture d’énergie.
Mais il faut aussi et surtout regarder du côté de la revalorisation de la main-d’œuvre. Un travail de fond opéré par la tête de réseau depuis plusieurs années déjà. Les taux de main-d’œuvre, historiquement plus bas que ceux pratiqués par les réseaux constructeurs, se doivent plus que jamais d’être revalorisés pour faire face à la hausse des frais de fonctionnement des garages. La hausse est en marche : le T1 moyen relevé au sein du réseau est ainsi passé de 51,36 € en 2022 à 53,41 € cette année. Objectif pour fin 2023 : parvenir à 55,5 €. Surtout, « il faut opérer une veille continuelle et réévaluer ses taux a minima tous les trimestres », conseille Alexandre Borgniet, responsable national du développement réseau.
… et gagner en efficacité
Autre « tabou » abordé devant le parterre de réparateurs indépendants : l’efficacité à l’atelier. En ligne de mire, le delta entre les heures facturées et les heures réellement travaillées. C’est typiquement le cas du diagnostic, rarement facturé et qui pourtant prend une place grandissante dans le planning des ateliers et estimée aujourd’hui à 20 % ! Une prestation qu’il faut valoriser, ce que n’hésitent pas à faire les réseaux de marque… Ce point sera d’ailleurs repris en fin de plénière par le nouveau directeur général d’AAG France, Thomas Tabiasco : « Vous ne vendez pas un entretien ou une réparation, vous vendez de l’expertise ! »
Améliorer le parcours client
Autre dossier ouvert durant la plénière : le parcours client. Si les adhérents se sont appropriés certains outils comme l’information du client par SMS que son véhicule est prêt, d’autres doivent être encore davantage exploités. Confirmation du rendez-vous pris en ligne par l’automobiliste, check auto (un tour du véhicule digitalisé avec envoi d’une courte vidéo montrant au client qu’une prestation supplémentaire peut être réalisée, et un OR dématérialisé envoyé dans la foulée), avis clients… Autant d’items aujourd’hui nécessaires à une meilleure visibilité du garage sur la Toile, et une sécurisation du paiement de la prestation (check auto) !
Top départ pour Nexdrive
Annoncé sur le salon Equip Auto en octobre dernier, le label Nexdrive dédié aux véhicules électrifiés a été officiellement lancé durant la convention. Après une phase test de plusieurs mois réalisée avec le support de 24 sites pilotes – garages succursales et indépendants, mais aussi carrosseries –, le concept est désormais prêt à être déployé en France. Formation et support technique (via la hotline), équipement d'atelier (mallette d'EPI fournie), solution de bornes de recharge (accord mondial) pour l'installation en atelier et éventuellement sur le parking en libre service... tout a été testé et validé. Des bornes sont d’ores et déjà installées dans des garages adhérents. D’ailleurs, la filiale bretonne Hiot propose déjà un service d'installation et une dizaine de distributeurs pense à construire des structures dédiées.
L’offre pièce est en construction et évolue tous les jours, au gré des nouveaux entrants sur le marché comme des pannes constatées sur les véhicules. Le principal problème porte sur l’information technique, les constructeurs ne souhaitant pas ouvrir les vannes ou n’ayant pas construit de supports en ce sens… « Les réseaux de marques sont peut-être en avance sur la formation ou l’équipement ; en matière de pannes et de diagnostic en revanche, c’est un nouveau monde pour l’ensemble de la filière. Nous sommes sur un pied d’égalité », estime Vincent Congnet. « Avec le véhicule électrique, on assiste à une véritable révolution industrielle. GPC [N.D.L.R. : maison-mère d’AAG] étant un groupe mondial, on peut et on se doit de l’accompagner », conclut le nouveau DG Thomas Tabiasco.
Objectif: atteindre une centaine de réparateurs labellisés Nexdrive en France d'ici la fin 2024.