La FNA réagit au plan d’action industrielle européen

Philippe Lamigeon
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Bruno Choix FNA

La Fédération Nationale de l’Automobile réagit au plan d’action présenté par Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne. Elle alerte sur les risques majeurs pesant sur l’industrie automobile confrontée à des transformations rapides et profondes.

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Dans le contexte actuel, l’industrie automobile européenne doit faire face à des enjeux essentiels tels que l’accès aux matières premières, la gestion des chaînes d’approvisionnement, la maîtrise des coûts, etc. Si le plan proposé par Stéphane Séjourné s’articule autour de cinq axes, il reste néanmoins que très peu de mesures prennent en compte les problématiques de la branche des Services de l’automobile. Passons en revue ces cinq axes et les propositions de la FNA. 

• Tout d’abord, l’innovation et la numérisation. Pour être compétitive à l’échelle mondiale, l’industrie automobile européenne doit « de toute urgence retrouver une position de leader dans la transition vers des véhicules connectés et autonomes, dotés de logiciels et d’intelligence artificielle ». Pour cela, on prévoit des mesures d’harmonisation au niveau européen ou encore la mise en place d’une alliance européenne pour les véhicules connectés. « La profession attend des engagements concrets pour garantir l’accès aux données et fonctionnalités des véhicules, en particulier celles qu’ils génèrent. Le marché des données, bien que renforcé par le Data Act, reste insuffisant pour notre secteur. Or, ces données joueront un rôle clé dans l’offre de services de qualité proposés aux consommateurs, à des prix abordables. La FNA demande donc à la Commission d’accélérer l’adoption du Data Act Auto, afin de ne pas laisser les acteurs économiques avancer plus vite que le législateur », déclare Bruno Choix, président de la branche Maintenance Vente de la FNA. 

• Ensuite, il y a les mobilités propres. La vente de véhicules neufs électriques reste inférieure aux objectifs fixés par la Commission européenne. Pour cela, il est envisagé différents dispositifs pour faciliter le renouvellement du parc, mais la législation française demeure instable, freinant les décisions des entreprises et des usagers. Par exemple, l’entrée en vigueur des mesures est souvent trop rapide, ne laissant pas aux professionnels le temps de s’adapter. Il peut y avoir aussi des coûts imprévus pour les usagers, notamment dans un contexte de malus automobile. La FNA appelle donc à une mobilisation accrue des acteurs pour rétablir la confiance des consommateurs, aussi bien pour l’achat de véhicules électriques neufs que d’occasion. 

• De son côté, la chaîne d’approvisionnement est un pilier essentiel à la viabilité économique. Pour maintenir sa compétitivité, l’Europe doit prendre des mesures sur la production des batteries électriques et la fabrication de leurs composants et cellules. Cependant, elle ne doit pas oublier l’essentiel. En effet, la Commission européenne semble se focaliser sur la fabrication des véhicules, sans considérer leur réparation. Il y a aussi la recyclabilité des véhicules en fin de vie, celle des batteries, etc. La réparabilité est aussi un enjeu majeur, car pour la FNA, « les services de l’automobile pourront faire face aux transitions que s’ils sont en capacité de poursuivre l’entretien et la réparation des véhicules déjà immatriculés, même récents ». Or actuellement, de nombreux véhicules sont immobilisés faute de pièces disponibles.

Pas de transformation du secteur sans formation adéquate

• Le plan d’action tient aussi compte de l’impact des transformations du secteur automobile sur l’emploi et l’employabilité. Si le plan reconnaît le rôle primordial joué par les partenaires sociaux, il est primordial d’aller plus loin pour garantir une transition juste et inclusive. La branche des Services de l’automobile a toujours su anticiper les changements en mobilisant des ressources conséquentes. Et dans ce contexte, la formation des professionnels est plus que jamais un enjeu stratégique. Si l’augmentation des fonds de formation via le FSE+ est une avancée positive, la FNA appelle à veiller à une répartition équitable des financements, afin qu’ils ne soient pas captés uniquement par certains réseaux, au détriment des TPE et artisans de la filière automobile.

• Enfin, le plan prévoit une amélioration de l’accès au marché. Il concerne les efforts déployés pour maintenir une concurrence saine et loyale entre les acteurs. La FNA note deux omissions majeures : le rôle crucial des TPE indépendantes et l'absence de propositions concrètes pour l’entretien du parc roulant européen. Pour cela, « la FNA plaide pour une politique équilibrée, conciliant concurrence loyale et développement industriel en Europe. La priorité est de préserver l’équité entre les milliers d’entreprises du secteur automobile et de renforcer notre capacité de production. Seule une approche équilibrée permettra de consolider durablement la filière automobile. » 

Et pour conclure, posons-nous la question : le règlement d’exemption a-t-il besoin d’une révision ? En tout cas une consultation est en cours. La FNA demeure très vigilante quant à la préservation des acquis réglementaires, notamment en matière d’accès aux données et du rôle des acteurs indépendants.

Philippe Lamigeon
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