Maintenance VE : prudence chez les indépendants

Caroline Ridet
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atelier et vehicule electrique

C’est l’interrogation récurrente de la décennie : s’investir dans la mobilité électrique ou attendre au risque de se laisser doubler ? Si les garagistes savent que l’électrification est à leur porte, nombreux prennent leur temps – qu’ils ont encore d’ailleurs – pour se lancer, rebutés par des paniers qu’on leur dit rabotés ! 

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Aujourd’hui, le parc roulant français, c’est 3 % de véhicules 100 % électriques (5 % en y ajoutant les versions hybrides). Et si cette part grossit rapidement, nombreux sont les réparateurs à ne pas vouloir (encore) s’emballer sur le sujet. Une attitude raisonnable que l’on retrouve chez nos voisins allemands, dont le taux d’électrification est du même niveau. 

En effet, il ressort d’une étude menée au printemps dernier par l’équipementier Meyle, en coopération avec l’institut d’études de marché Innofact AG auprès de 274 ateliers indépendants, que le sujet de la mobilité électrique n’est pas encore au cœur de leur business. Ainsi, à peine 3 % des garagistes interrogés annoncent générer plus de la moitié de leur CA avec les VE, mais 40 % prévoient qu’ils seront à ce niveau dans une décennie. Pourtant, les VE commencent à se présenter devant leurs baies une ou plusieurs fois par semaine pour 40 % des ateliers interrogés. 

Sans surprise, le podium des prestations réalisées se fait sur le changement de pneus (58%), suivi par l’entretien courant (49 %) et le freinage (38 %). L’étude met également en évidence que 78 % des répon- dants sont autorisés à accueillir des VE. « Seul un atelier sur cinq est autorisé à travailler sur des systèmes à haute tension et à remplacer des composants sous tension », note Meyle. 

Enfin, l’étude révèle que de nombreux ateliers continueront de se concentrer exclusivement sur l’entretien des versions thermiques et près d’un atelier sur cinq (19 %) n’envisage même pas de générer de revenus avec les VE !

28 % perdus sur une facture moyenne

Et on le comprend, à la lecture d’une seconde étude, espagnole cette fois, portée par Solera. Le spécialiste de la gestion de véhicules évalue à plus de 20000 € les pièces qui disparaissent de ces modèles. Et il chiffre: alternateur (75 €) ; démarreur (488 €) ; bougie d’allumage (98€); injecteur (285 €) ; pompe à injection (1 606 €) ; pompe à vide (632 €) ; turbo (1785 €) ; culasse moteur (1937 €) ; filtre à air (1 937 €) ; carter d’huile (413 €) ; vilebrequin (1 434 €) ; volant moteur (435 €) ; collecteur d’admission (513 €) ; arbre à cames d’échappement (237 €) ; arbre à cames d’admission (464 €) ; pompe à essence (640 €) ; réservoir de carburant (634 €) ; catalyseur (1778 €) et silencieux principal (471 €). 

Ne restera plus qu’à s’accrocher aux pneus, car « si la batterie ajoute de la valeur à la voiture électrique, il faudra attendre dix ans pour qu’elle génère un hypothétique revenu sur le marché secondaire», commente Solera. Logiquement, il débouche sur un rabotage de la facture atelier, estimée à 29 % de moins qu’une essence, - 21 % pour un moteur diesel, - 25 % en hybride. En revanche, l’entretien d’un VE premium coûte le double de n’importe quel autre véhicule de ce segment. Enfin, côté réparabilité, Solera note que sur 2023 le taux était de 67,7 % pour les thermiques, contre 64,7 % pour les électriques.

Caroline Ridet
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