Un marché incertain pour les secondes mains

Muriel Blancheton
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Emmanuel Larbi

Une offre qui se tasse, des prix qui remontent hors véhicule électrique et une persistance de la demande sur les modèles âgés : autobiz, spécialisé dans les cotations et le remarketing, dessine les contours d’une année 2025 qui pourrait voir de nouveaux soubresauts dans ses ventes VO. 

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Autobiz entrevoit ainsi une baisse du marché global à un niveau compris entre 4,7 et 5,1 millions de véhicules (contre un atterrissage 2024 à 5,3 millions). « La demande est là mais l’offre manque à l’appel avec des prix variants selon les pénuries de VN, et c’est bien ces deux éléments qui caractérisent le marché du VO depuis 2020 », relève Emmanuel Labi, le président d’autobiz. Ce dernier relève déjà les deux premiers mois marqués par l’incertitude des politiques fiscales sur le neuf, orientant naturellement la demande vers l’occasion comme alternative, et plus précisément les véhicules d’occasion récents. Sauf que les stocks fondent chez les pros qui veulent vendre vite (408 000 unités de moins de 7 ans en stock fin 2024 versus 510 000 en fin 2019). Les renouvellements par les retours de leasing avec des VO de 4 ans et de LCD ne vont pas arranger les choses. « Ce sont des véhicules immatriculés entre 2020 et 2023, soit trois des pires années sur le marché VN depuis 30 ans marquées par la crise Covid et les pénuries de composants électroniques. Ajoutons le peu de reprises sur vente, autre source pour alimenter le marché des secondes mains, et le risque de tarissement de l’offre face à une demande pourtant vivace reste fort ». D’où la contraction du marché crainte par autobiz entraînant une hausse des prix. 
« La baisse des prix a été forte au 1er semestre 2024, les voitures entrant sur le marché étant positionnées à un niveau inférieur de - 400€ à celles déjà en vente (contre une moyenne de -250€ avant Covid). Ce mouvement s’est inversé (en octobre, l’indice "repricing" était remonté à -350€) et il n’est pas improbable que ce mouvement s’accélère dans les prochains mois par l’effet de l’offre et de la demande », estime Emmanuel Labi. Pour ce dernier, un retour progressif à un niveau compris entre - 250€ et 0€, sur le premier semestre 2025, semble plausible. « Il n’est pas non plus impossible qu’au second semestre, l’inflation des prix revienne. » 

Résistance électrique

Seuls les occasions 100% électriques resteront préservées de ce phénomène inflationniste. Fin octobre 2024, 14% des stocks de moins de 4 ans étaient composés de VE (1% en 2020 !). Ce marché est en pleine construction. « En moyenne, les électriques d’occasion sont 22% plus chères que leurs équivalents thermiques, mais elles prennent 32% de temps supplémentaires pour être vendues. Les pros devront continuer leurs efforts d’évangélisation avec une politique de prix très active pour amortir les spécificités de ce marché encore jeune », note le président. 
Enfin, l’attrait pour les anciennes ne faiblira pas, à en croire les chiffres 2024 : 54% des immatriculations VO concernaient le segment des 8 ans et plus (contre 52% en 2017 et 50 % en 2019). « La flambée des prix et la contraction du pouvoir d’achat contraignent les ménages à choisir des VO plus âgées et kilométrées. Les pros devront tenir les prix sur ce segment, plus que sur le reste du marché et se sourcer en véhicules de ce type, en particulier via le rachat cash à particulier ». 

Prix moyen des véhicules de moins de 2 ans en vente sur Internet (janvier 2025)

Véhicules électriques : 40,800€  
Véhicules thermiques 30,600€

Profils moyens de véhicules toutes énergies confondues et par âge en vente sur Internet (janvier 2025)

Moins de 2 ans : 35,400€ / 12,000km
2 à 5 ans : 25,100€ / 50,300 km
5 ans à 8 ans : 21,000€ / 86,700 km
Plus de 8 ans : 15,200€ / 124,100

Muriel Blancheton
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