Et si le budget de mobilité détrônait la voiture de fonction ?

L’étude a été menée auprès de 162 membres de la communauté « Smart Mobility » de Fleet Europe, 162 membres qui gèrent 2 millions de collaborateurs et plus de 600 000 utilisateurs de voitures de société. Et leur vision est sans appel : pour attirer ou garder les jeunes talents dans leur entreprise, l’avantage « voiture de fonction » va s’étioler rapidement au profit d’autres solutions de mobilité.

Certes, elle représente encore 90,12 % de l’offre des entreprises interrogées et constitue toujours l’avantage mobilité n°1. Mais toutes voient cette automobilité individuelle tomber à 37,04 % d'ici 36 mois, au profit d’un budget mobilité le plus multimodal possible qui passerait alors de 20,99 % des offres d’entreprises actuelles à 51,85 % (voir le graphique ci-dessus) !

Plusieurs raisons à cette mutation. La première tient à l’arrivée des nouvelles générations d’actifs. Ceux de la génération Y sont déjà majoritaires dans l’entreprise : ils sont souvent urbains et pas nécessairement détenteurs d’un permis de conduire. Les « Z », encore moins "automobilophiles", les supplanteront logiquement, eux qui pèseront déjà 27 % des actifs en 2025.

Pourquoi dès lors considèreraient-ils la détention d’une voiture comme un avantage, eux qui, en bons urbains, dédaignent le permis de conduire et considèrent souvent la voiture comme contraire à leurs valeurs environnementales ? D’autant que la nouvelle génération souhaite de plus en plus intégrer des entreprises qui partagent leurs convictions. Et ils ont tous l’âge de faire du vélo électrique, du scooter ou de la trottinette…

Autre raison : l’essor irréversible du télétravail qui rend de toute façon encore plus subsidiaire la détention d’une voiture individuelle. Dernier argument auquel les RH sont logiquement sensibles : proposer un budget ouvert sur de multiples solutions de mobilité – incluant d’ailleurs autopartage et covoiturage – est moins coûteux que d’avoir à augmenter la masse salariale, surtout en ces périodes d’inflation. Que le salarié soit d’ailleurs éligible ou non à une voiture de fonction…

Et quand on sait qu’un véhicule de fonction coûte à l’entreprise (location, taxes et autres coûts indirects) de 9 000 € par an (véhicule d’entrée de gamme) à 30 000 € (haut de gamme), voilà qui laisse une sacrée marge de manœuvre aux entreprises qui s’apprêtent à troquer la voiture de fonction contre un budget mobilité. Qui, en effet, parmi la jeune génération, bouderait ne serait-ce que la moitié d’un tel budget qu’il pourrait convertir librement durant l’année en trajets professionnels comme personnels ?

Bien sûr, Freenow a tout intérêt à diffuser cette étude qui tombe à point pour valoriser son offre « Mobility Budget ». Mais la question mérite d'être posée pour tout professionnel qui souhaite garder ou conquérir le marché de l’entretien flottes.

Car si l’étude est visionnaire, cela signifie que les voitures avec chauffeur ou autopartagées vont croître au détriment de la bonne vieille voiture détenue par les particuliers. Et qu’il faut prévoir d'adapter son offre à de nouveaux usages comme à de nouveaux opérateurs émergents…