Un plan de relance de l’auto hors services
Le gouvernement avait prévenu : les mesures pour sauver la filière auto seraient orientées pour écouler les 500 000 véhicules neufs qui attendent depuis trois mois (10 Md€ d’immobilisation financière pour les réseaux), et il inciterait à l’achat de véhicule électrique. En cela, il a tenu ses promesses.
« L’après dans l’industrie automobile, c’est la voiture électrique, c’est le véhicule autonome », a indiqué Emmanuel Macron lors de l'officialisation du Plan d'urgence pour l'auto. La France sera donc la première nation productrice de véhicules propres en Europe, avec un million de véhicule électrique ou hybride construits. Sauf qu’entre les primes et les bonus revisités, pas une seule mesure ne concerne les services autour de l’après-vente (entretien et réparation, contrôle technique ou location, stations-services ou recyclage…). En clair, le « coups de fouet » tant attendu pour relancer la filière aval et ses 135 000 entreprises n’aura pas lieu (lire Pas de plan tiède ou politiquement correct ).
Ainsi, à compter du 1er juin, il y a bel et bien élargissement de l’assiette fiscale et des montants pour inclure plus de foyers dans l’accès aux primes :
- Le seuil de revenu fiscal de référence par part est porté de 13 500 € à 18 000€
- Le bonus sur les véhicules électriques pour les particuliers passe à 7 000€ pour les véhicules d’un montant inférieur ou égal à 45 000€ (vs 6 000€)
- Le bonus sur les véhicules électriques pour les flottes (VP et les VUL) passe à 5 000€ (vs 3 000€)
- Les véhicules hybrides rechargeables de moins de 55 000€ bénéficient d’un bonus de 2 000€ (particuliers et entreprises).
- Une prime à la conversion est applicable aux 200 000 premiers véhicules vendus, neufs ou d'occasion (75% des Français éligibles).
- Les véhicules « rétrofités » deviennent éligibles à la prime à la conversion
- Celle-ci passe à 3 000€ pour l’achat d’un véhicule thermique et 5 000€ pour l’achat d’un VE ou VHR
- Pour les personnes morales, la prime actuelle sera doublée pour VE et VHR
- Surprime de 2 000€ cofinancée par l’État et les collectivités aux personnes qui habitent ou travaillent dans une zone à faibles émissions (ZFE).
Des fonds à tour de bras
Le Plan dégainé va coûter 8 Md€, dont 5 Md€ de prêt garanti pour Renault, en pleine déconfiture. Le constructeur français va également rejoindre le programme européen de batteries électriques déjà porté par PSA et une filière de Total. L’État prévoit de débloquer 600M€ - abondé de 100M€ par Renault et PSA - pour sauver les entreprises de la filière, plutôt amont. Un fonds de soutien aux investissements est également créé à hauteur de 200M€, pour accélérer la diversification, la modernisation et la transformation écologique de la filière automobile. Et un troisième de 150M€ devra soutenir l'innovation et la R&D de l’industrie pour le véhicule du futur dès l’année prochaine.
Répond-il aux attentes des entreprises de l’auto, tous métiers confondus ? Évidemment non. Un pan entier est encore laissé de côté, soit 500 000 emplois directs. Le CNPA et ses 21 branches métiers navigue entre deux eaux, écarté entre le soutien massif accordé aux concessionnaires et le vide accordé aux autres. Il espère « des ajustements ultérieurs », mais il attendait plus d’un plan qui manifestement n’est pas un « véritable Plan de filière. » Ont ainsi été écartées ses propositions sur un « Chèque réparation », la baisse de fiscalité pour les pièces de réemploi... D’ailleurs l’Association Eco Entretien a également réagi au silence assourdissant concernant la maintenance des véhicules, en soulignant le rendez-vous raté entre un plan d’urgence qui ne correspond pas aux réalités du parc roulant. Les automobilistes sont « les grands oubliés des pouvoirs publics. Si subventionner l’achat de véhicules neufs est nécessaire pour l’emploi et l’industrie automobile, cela ne concerne au maximum que un million de véhicules en regard des 40 millions du parc roulant, soit moins de 2% », indique l’AEE qui espère des compléments à ce plan, dont sa proposition de chèque « Eco Entretien » de 100 €, déjà soumise à Elizabeth Borne et Bruno Lemaire. Une incitation financière pour drainer du flux en atelier et améliorer le parc roulant et la qualité de l’air.
Mêmes regrets pour la FNA qui souligne que les services de l’auto (hors vente) n’ont jamais été cités, alors qu’une fois sur le marché, les véhicules achetés seront bien « entre les mains de l’après-vente. »
- L’application d’un taux de TVA réduit sur les pièces relevant de l’environnement ou de la sécurité, ainsi que sur la main d’œuvre.
- Le référencement d’une liste de pièces et d’organes pouvant bénéficier de ce taux de TVA réduit, en lien avec les organisations professionnelles du secteur.
- La création d’un observatoire de marché permettant de s’assurer de la répercussion effective et intégrale de cette baisse de fiscalité au profit du consommateur.
- Le soutien à l’éco-entretien reposant sur un diagnostic thermodynamique du moteur et de ses émissions sur la base d’une analyse 5 gaz avec des préconisations de traitement.
Les mesures du gouvernement seront présentées dans le cadre du prochain Projet de Loi de Finances Rectificative 2020 au mois de septembre. Reste à voir si elles seront élargies à l’après-vente automobile.
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