Renault Trucks en route vers la décarbonation

Jérémie Morvan
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Renault Trucks_porteur électrique

Entièrement tourné vers la décarbonation du secteur, Renault Trucks caracole en tête des ventes de véhicules électriques en France. Mais pour atteindre les objectifs de réduction massive des émissions de CO2 imposés en Europe, actionne également à plein le levier « économie circulaire ».

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Très bon cru 2023 pour Renault Trucks, avec plus de 70 000 véhicules facturés sur ses différents marchés (40 000 véhicules lourds et 30 000 utilitaires), dont 26 000 pour le seul marché français ! Et si l’exercice 2024 s’annonce moins dynamique, avec une baisse de 10 % des immatriculations attendues, le principal n’est pas là pour Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France : « Avec une offre allant désormais du vélo-cargo au véhicule lourd de 44 tonnes, Renault Trucks possède 84 % de parts de marché sur le segment des véhicules électriques de plus de 16 tonnes et est aujourd’hui leader sur son marché domestique en matière d’électromobilité. Renault Trucks – et plus largement le groupe Volvo – est pleinement engagé dans la transition énergétique et est convaincu que cela passera très majoritairement par les batteries de traction électriques. » En chiffres, le constructeur tricolore a ainsi facturé 900 véhicules électriques, dont 400 issus de ses gammes hautes et intermédiaires (+ 90 %) et 500 véhicules utilitaires (+ 450 %)… Au-delà, cette rupture technologique bouleverse les rapports entre le constructeur et ses clients : « Les transporteurs connaissent sur le bout des doigts les critères permettant de définir leur TCO sur les véhicules thermiques et les discussions basculent très vite dans le transactionnel. Avec le camion électrique, le constructeur devient un fournisseur de solutions de mobilité : on est davantage dans le conseil, l’accompagnement. Avec le transporteur, on apprend ensemble, on travaille à livre ouvert avec lui pour co-construire sa solution », analyse Christophe Martin.

Changement de paradigme

Reste que les ventes VN ne constituent pas l’unique finalité pour l’industriel, qui s’est clairement positionné aujourd’hui sur le thème de la circularité. Objectif : doubler la durée de vie des véhicules ! Renault Trucks utilise pour ce faire trois leviers.

Le premier est la « régénération » : « Avec notre offre Restart, nous permettons à nos clients de prolonger significativement la durée de vie de leurs véhicules en les reconditionnant à mi-parcours de leur cycle de vie ; restauration de la cabine, révision complète de la chaine cinématique… jusqu’à la mise à jour des softs embarqués », énumère Aymeric Larcher, directeur VO et économie circulaire. Lancé il y a quatre ans, Restart permet une économie de 10 à 15 % par rapport à l’achat d’un véhicule neuf. Et le service se développe rapidement : « Nous avons régénéré 700 véhicules en 2023 et devrions passer le cap des 1000 unités cette année », ajoute-t-il. Renault Trucks propose également la reconversion de véhicules via une ligne dédiée sur son site Bourg-en-Bresse. Ce service permet de modifier un véhicule en profondeur afin de le destiner à une autre application. Et si seules 80 transformations ont eu lieu en 2023, « c’est davantage lié à un problème de "matière première" que de demande des clients », confesse Aymeric Larcher.

Le constructeur s’est aussi engagé dans la voie du retrofit, en collaboration avec Neotrucks, qui propose des tracteurs 100 % électriques grâce à un kit de retrofit fourni par la start-up Novum Tech. De 25 transformations réalisées en 2023, Renault Trucks ambitionne de passer à 40 cette année. En parallèle, le constructeur annonce porter un projet d’homologation d’un porteur retrofité (une première) pour effectuer des tests grandeur nature en le confiant à Clovis Grand Paris.

Les services eux aussi très dynamiques

Renault Trucks annonce en outre une excellente performance de sa division après-vente (« Services ») avec un CA pièces ayant atteint 750 M€ au niveau mondial et 350 M€ sur son marché domestique. Une solide croissance, « à deux chiffres », annonce pudiquement Christophe Martin, portée par un réseau de 310 points de service en France et quelque 170 000 véhicules en parc. Et la notion de décarbonation n’est – ici aussi – jamais très loin, avec pas moins de 20 % du CA pièces réalisé à travers son offre en échange standard…

En outre, le constructeur a récemment annoncé un très important investissement (130 M€) dans un nouveau site logistique pour ses pièces de rechange à Saint-Priest, près de Lyon, destiné à alimenter l’ensemble de son réseau au niveau mondial.

Enfin, pour compenser la baisse attendue des volumes de pièces écoulés en après-vente avec l’arrivée des véhicules électriques (du moins en Europe), le constructeur français mise sur cette nouvelle relation, particulièrement étroite, nouée avec les clients transporteurs dans le cadre du verdissement de leur flotte pour systématiser – et allonger – le volet serviciel en aval.

Jérémie Morvan
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