Le verdissement du parc en 2030 devrait être plus modéré qu’escompté
Une note tirée de l'étude VIsion'AIR de la FFC laisse entendre que l'objectif des constructeurs de réaliser la moitié de leurs ventes VN avec des modèles zéro émission à horizon 2030 ne sera pas atteint. Selon ses projections, elle estime plutôt que le taux de pénétration s'établirait entre 35 à 40 %. Ce serait toutefois suffisant pour remplir les objectifs de réduction des émissions fixés par Bruxelles...
Selon les projections d’une note s’appuyant sur la vaste étude VIsion’AIR*, réalisée par BDO Advisory pour la Fédération Française de la Carrosserie (FFC), la volonté commune des constructeurs de VI d’atteindre 50 % de ventes de véhicules neufs zéro émission dès 2030 semble trop ambitieuse. La note, qui se focalise sur l’état du marché européen à moyen terme, annonce en effet une part des ventes de VE comprise entre 35 et 40 %. Soit autrement mieux que les tendances actuelles voyant les véhicules zéro émission plafonner à 2 % de parts de marché ! Surtout, de par un mix motorisation plus diversifié (100 % électrique, mais aussi gaz, biodiesel, hybride diesel voire, hydrogène…), cela n’empêcherait pas le secteur du transport d’atteindre les objectifs fixés le 10 avril dernier par la Commission européenne de réduire de 45 % les émissions de CO2 des véhicules neufs vendus.
Le cas français
Reste que le pas à franchir est immense : sur les cinq premiers mois de l’année, les immatriculations de VN de plus de 5,1 t. en France – si elles progressent – restent timorées. Le segment des utilitaires légers tire les volumes en matière de motorisation alternatives et représente 22,1 % des immatriculations, malgré une baisse de 0,8 point par rapport aux cinq premiers mois 2023. La France apparaît parmi les bons élèves en Europe en matière de verdissement du parc sur le segment des VUL : la moyenne européenne du taux de pénétration des motorisations alternatives au diesel dans les immatriculations n’est que de 15 %.
Sur le marché des véhicules lourds en revanche, l’électrique ne pèse en France que 1,3 % des ventes sur le segment des porteurs… et 0,5 % sur celui des tracteurs, où le gazole représente encore 92,8 % des immatriculations ! Les motorisations gaz (5 % chez les porteurs) et biocarburant type B100 (5,5 % pour les tracteurs) constituent les principaux choix des transporteurs français en matière d’alternative au diesel.
La note tirée de Vision’AIR précise là encore que la France a un rôle à jouer en matière de décarbonation, avançant que les ventes de poids lourds électriques à batterie représenteraient 26 500 unités grâce à un prix de l’énergie plus faible que dans certains autres pays européens. Soit une part de marché significativement plus élevée que la moyenne européenne.
Optimiser les TCO
La note souligne qu’atteindre 35 à 40 % des ventes de VN suppose d’éviter les mêmes écueils pointés du doigt par l’ensemble de la filière depuis longtemps. À commencer par une baisse significative des prix d’achat des véhicules : concernant les véhicules à batterie de traction électrique, celle-ci devrait en moyenne baisser de 42 % tandis que les piles à combustible verraient leur prix réduit de plus de moitié. Reste que si le prix d’achat pourrait rivaliser avec celui d’un véhicule à batterie, l’usage d’un véhicule hydrogène resterait 1,5 à 2 fois supérieur aux autres motorisations. Infrastructures de recharge plus développées et coût de l’énergie vont eux aussi clairement conditionner les taux de pénétration des véhicules zéro émission dans les ventes VN. Le levier fiscal (l’étude Vision’Air part du postulat que des aides sont toujours en vigueur en 2030) devrait en toute logique favoriser la dynamique des ventes si toutefois ils participent à hauteur de 15 % de baisse du TCO.
Néanmoins, même avec ces baisses de coûts prévues, le TCO d’un VI électrique sur longue distance comme celui d’un véhicule hydrogène ne devrait pas arriver à la hauteur de celui des autres motorisations en 2030...
VIsion'AIR, une étude indépendante comme aide à la décision
*VIsion’AIR est une étude de marché apparue en 2021 (une deuxième édition a été publiée en 2023) construite avec un consortium de constructeurs de véhicules industriels, d’équipementiers, d’énergéticiens et de transporteurs et destinée à projeter la pénétration des nouvelles motorisations à horizon 2040. Véritable aide à la décision d’achat pour les transporteurs, elle s’appuie sur un modèle mathématique simulant les choix rationnels de la demande en véhicules neufs selon les coûts d’achat et d’usage (TCO), l’offre de motorisations disponibles, les diverses catégories et poids lourds ainsi que les distances à parcourir (missions). Elle couvre 31 pays.
Il est à noter que, dès sa première édition en 2021, Vision’AIR soulignait déjà que les objectifs ne seraient pas atteignables en misant sur la seule technologie de batterie de traction électrique.