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Jacques Vaysse, garagiste rural et président engagé : “Nous, on est les paysans de la mécanique”

, mis à jour le 22/04/2025 à 15h55
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Jacques Vaysse et son équipe devant le garage Anteloup Automobiles

Depuis son garage familial à Pareloup, dans l’Aveyron, Jacques Vaysse incarne une figure emblématique du monde rural. Garagiste de terrain, passionné et infatigable défenseur des stations-service indépendantes, il est aussi président de la branche carburant de la FNA. Rencontre avec un artisan de conviction, au franc-parler attachant, qui conjugue expertise technique, enracinement local et engagement national.

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Une passion familiale depuis 1935

“ Mon grand-père a fondé l'entreprise en 1935, à une époque où il se vendait 7 à 8 tracteurs par semaine. Mon père l’a repris, puis ma sœur Lily et moi, en 1991. On est la troisième génération.”


Chez les Vaysse, la mécanique, c’est une histoire de famille, et d’amour du métier. Le garage Pareloup Automobiles, anciennement Garage Vaysse, est bien plus qu’un atelier : c’est un repère pour la population locale, un acteur économique essentiel, et un témoin vivant de l’évolution de l’automobile dans nos campagnes. Tracteurs, voitures, carburant : depuis 1935, on y répare, on y vend, on y dépanne. “ On a toujours été indépendants, propriétaires de nos murs, ce qui change tout quand les temps sont durs. Être le maître chez moi et ne dépendre de personne, c'est une politique bien aveyronnaise. On est peut-être à part. On ressemble beaucoup aux Corses. On a nos valeurs. On aime le travail. On aime les règles. Et nos clients sont pareils. Ici pas d'impayés, ni de chèques en bois. Je peux vendre du carburant en faisant crédit, en ayant des toutes petites marges. C'est une histoire de confiance. »

Être garagiste rural, c’est être multifonction et supporter des contraintes.

« Pareloup, c'est un des cinq plus grands lacs de France. En juillet et août, on est envahi par des Hollandais, des Parisiens, des Anglais. En août, la population est multipliée sûrement par 100 et l'hiver, on n'est pas nombreux. Mais l'été, on voit du monde. Et du beau monde. Alors on rend service en stockant d’une année sur l’autre les caravanes, les bateaux et parfois les voitures des étrangers qui reviennent régulièrement. »


Jacques Vaysse ne compte pas ses casquettes : chef d’entreprise, dépanneur 24/24, vendeur de véhicules neufs et d’occasion (avec un petit faible pour les modèles des années 80), importateur, distributeur de carburant… 


« À la campagne, il faut tout faire. Notre difficulté est d’organiser nos journées »  On a beau planifier nos journées la veille, le lendemain, on arrive, on est sûr d’avoir un client devant le garage avec un pneu crevé, une assistance qui vous appelle et qui est en panne. Donc, tout ce qui est prévu devient de l'imprévu. Et c’est tous les jours pareil. »


Pour faire face à ces défis, Jacques a passé une annonce à la radio locale de l'Aveyron, et un jeune qui avait déjà travaillé ici, qui était parti pour des raisons personnelles, s’est présenté. Le logement à disposition a fait pencher la balance et il a intégré l’équipe. Jacques lui a même proposé de l’accompagner et de l’aider à reprendre l’affaire. “Tout est dans la confiance.”

Côté carburant, la réalité est rude : marges faibles (5 à 7 centimes/litre), achats groupés avec un confrère situé à 20 kilomètres, frais de transport à notre charge. Mais en fait, c’est le carburant qui nous amène du trafic. A la  campagne, il faut qu'il y ait tout ! 


Mon dernier combat, Pendant la remise gouvernementale de 15 centimes, les grands groupes ont raflé la mise. Nous, on ne pouvait pas acheter à temps, on n’avait pas vidé nos cuves. On a été oubliés par nos élus. Il a fallu se battre pour être compensés.”


Même les assurances n’épargnent pas les petits : “Après 40 ans chez le même assureur, on nous a mis dehors sans raison. Heureusement, AXA a repris le dossier, On a pris une augmentation mais au regard de l’évolution de notre activité, on est au juste prix, je pense. Ca montre bien à quel point on est vulnérables.”

À la FNA, il se bat pour tous les oubliés

En tant que président de la branche distribution de carburant de la FNA, Jacques Vaysse défend les quelque 2 500 stations-service indépendantes en France. “On n’a pas de marque, on achète où on peut. Mais on est essentiels au tissu économique rural.”


Et quand il va plaider leur cause à Paris, il ne fait pas dans le politiquement correct : “ Avec FNA nous sommes allés partout, on a fait LE ministère de l’écologie, on a été à Matignon, et chaque fois c’est un combat. Je leur raconte la vraie vie. Et là, ils hallucinent. Je leur dis que je fais la bise à mes clientes, que je connais chaque voiture, chaque visage. On est à l’opposé de ce qu’ils connaissent. Et ça les fait réfléchir.”

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Jacques Vaysse à coté d'une voiture mustang

Qu'est-ce que vous diriez à un professionnel qui hésite à rejoindre la FNA ?

« Qu’il faut pas qu'il hésite parce qu'il y a un service juridique qui est qui est énorme il y a le conseil il y a la réactivité il y a il y a un site il y a des gens sympathiques il faut savoir que la FNA a fêté ses cent ans d'existence. Elle défend  l'artisan DE l'automobile, LE réparateur, le carrossier, les station-service, les dépanneurs, les auto-écoles. Son service juridique est hyper pointu. »

Quel regard portez-vous sur l’avenir de la profession ?

Je pense que l'avenir est prometteur, les gens vont réparer leur voiture au maximum. Et pareil pour les stations de service, on va à la station-service la plus proche. On ne peut pas se permettre comme en ville de faire dix kilomètres pour trouver quinze stations. Nous ici, on trouve une station à trente kilomètres et encore. 

Quelles évolutions faudrait-il encourager pour pérenniser votre activité ?

Il faut se former, tout le temps. Nous on connais la mécanique d’hier et une grosse partie de celle de demain. Les jeunes qui arrivent doivent être des passionnés. On doit les former aux véhicules anciens, à de la mécanique moins sophistiquée mais aussi aux nouvelles technologies pour mieux comprendre les deux.

Il faut que les repreneurs ou les managers évoluent et ouvrent l’accès à la formation. Les habilitations électriques, systèmes d’aide à la conduite, normes environnementales, diagnostiques par exemple, sont autant de technologies pointues auxquelles tout réparateur doit être formé.


En ce qui concerne les station-service, Il faut parler de la qualité du carburant parce que si on met du bon carburant on fait plus de kilomètres, on pollue moins et on encrasse moins son véhicule. 


Il faut aussi beaucoup de disponibilité. Il faut être là pour ses clients. Moi c'est jour et nuit. Même des fois le dimanche, on m'appelle directement pour un dépannage. 

Si vous aviez un message à faire passer au pouvoir public ?

“Arrêtez de nous oublier. Simplifiez les démarches. Arrêtez la paperasse, les contrôles incessants et les appels d’offres délirants. On est des pros, mais pas des usines à dossiers.”
L’avenir du métier passe aussi par le lien humain et l’engagement sociétal. Jacques ne s’arrête pas à la mécanique : il prépare un événement solidaire en partenariat avec l’hôpital de Rodez, pour faire vivre aux enfants malades et aux soignants, un moment magique à bord de voitures de prestige.

Conclusion :

 “On peut être au fin fond de l’Aveyron et rester à la pointe. Ce métier, c’est de la passion, du lien, de la modernité et surtout, beaucoup de cœur. Et tant qu’il y aura des gens pour y croire, les garages des champs auront de l’avenir.”

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