Contrat de filière : toujours électrique mais plus inclusif pour les services
Le 6 mai, les pouvoirs publics et les représentants de la filière auto ont signés la feuille de route qui dessine jusqu’à 2027 la trajectoire de transformation pour l’industrie mais aussi les services. Si l’électrification du parc reste la doctrine, son impact sur les acteurs de la filière est plus largement pris en compte.
Épilogue de huit mois de travaux pilotés par la PFA pour l’industrie, et Mobilians, pour les services de l’automobile, rassemblant l’ensemble des parties prenantes : Bruno Le Maire (ministre de l’Économie et des Finances), Catherine Vautrin (ministre du Travail) et Roland Lescure (ministre délégué chargé de l'Industrie) ont signé le Contrat stratégique de la filière automobile (CSF) 2024-2027 visant à définir les objectifs de la France en matière de décarbonation, avec dans le viseur la réduction totale des émissions de CO2 d'ici à 2035.
La trajectoire électrique confirmée
Sans surprise, l’objectif d’électrification du parc est gravé dans le marbre. Les pouvoirs publics français fixent un objectif de production de 2 millions de véhicules électrifiés en France d’ici à 2030, pour atteindre 45 % de part de marché de véhicules zéro émission en 2027 (16,8 % en 2023). Concrètement, l’enjeu est de multiplier par quatre la ventes de VPE d’ici fin 2027 (800 000 unités) et par six celles des e-VUL (100 000 unités en 2027). Pour y parvenir, l’État s’est engagé à maintenir les dispositifs d’aide à l’achat et à la location longue durée jusqu’en 2027.
Autre levier pour soutenir cet effort extrêmement ambitieux, voire dangereux pour l’écosytème automobile français : accompagner la reconversion/diversification des entreprises (industrielles, mais aussi de service) qui seront les plus impactées par la fin du moteur thermique.
« Ce Contrat appuie sur la nécessité d’une vision prospective pour la filière, avec des projets structurants tels que des études visant à identifier les segments de croissance tant pour l’amont que pour l’aval », note Mobilians. On parle ici du soutien au programme « Moove Lab », laboratoire d’innovations automobile, à la digitalisation des acteurs de l’entretien auto.
Le parc roulant (enfin) dans la course
Le CSF ouvre de nouvelles portes par rapport à la version précédente. Ainsi, la gestion du parc roulant permettant une réduction accélérée des émissions de CO2, gros combat de Mobilians, a (enfin) été mentionnée. On citera entre autres la mise en lumière de la promotion des actions en faveur de l’éco-entretien, de l’écoconduite, la massification à l’échelle industrielle du rétrofit, ou l’alimentation des véhicules thermiques et hybrides avec des carburants décarbonés.
De même, il est inscrit la nécessité d’accélérer sur l’économie circulaire (PRE, remanufacturing…). À la clé : des actions de sensibilisation auprès des réseaux de réparation, de possibles mises en place de mesures incitatives ( TVA à taux réduit pour la PIEC) ou le levier de l’achat public.
Pousser sur l'attractivité de la filière
Accompagner la transformation des compétences en phase avec l’évolution de la mobilité reste également prioritaire pour le CSF, que ce soit pour les salariés de l’industrie mais ou pour ceux des services. En l’occurrence, le CSF mentionne le soutien aux projets visant à développer des process innovants d’évolution des compétences, de reconversion ainsi que la mise en place d’une campagne nationale de communication de grande envergure dédiée à la valorisation des métiers des services. Autre axe stratégique : l’alternance au sein de la filière, via l’OCPO Mobilités. Enfin, en matière de formation, le CSF fixe comme axe prioritaire le développement de formations spécifiques à l’aval, dédiées à la vente, à la prise en main et la maintenance de véhicules, à la vente en ligne, aux infrastructures de recharge, à l’éco-entretien, au recyclage de batteries ou à l’installation et à la maintenance du rétrofit.
Reste que si le plan stratégique apparaît comme très concret et structurant pour la filière auto de demain, l’absence de volet budgétaire fait planer le doute sur la concrétisation de l’ensemble de ces belles intentions inscrites dans le plan.