La FFEA règle l’expertise sur l’heure de la comptabilité carbone

, mis à jour le 01/07/2025 à 14h07
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Mesurer et réduire l’empreinte carbone des réparations : tel est l’enjeu du chantier engagé par l’organisation professionnelle représentative des experts. Les participants à la sous-commission dédiée ont présenté fin juin les avancées d’une méthode de référence, conçue pour répondre aux exigences de la CSRD tout en valorisant le rôle de l’expert dans la transition écologique du secteur.

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Alors que la réglementation européenne impose une transformation profonde des pratiques en entreprise, la Fédération française de l’expertise automobile (FFEA) entend structurer une réponse collective. Le webinaire organisé en juin autour de la "mesure de l’empreinte carbone dans la méthodologie expertale" a permis d’afficher la mobilisation des représentants du métier. « La directive CSRD marque un tournant majeur. Nous devons bâtir une méthode rigoureuse, alignée sur ces nouvelles obligations, mais surtout adaptée à notre écosystème », revendique François Mondello, président de l’organisation professionnelle.

Car « l’expert joue un rôle de tiers de confiance dans la chaîne de valeur, il devient donc partie prenante de la transition vers la neutralité carbone », souligne Jean-Pierre Millot, directeur RSE Groupe Lang & Associés, membre de la sous-commission de la FFEA dédiée à l’établissement de la mesure d’empreinte carbone adaptée au métier d’expert.

Une méthode pour toute la filière

À la manœuvre, Benoît Lamarsaude, directeur technique chez BCA Expertise et pilote de la sous-commission dédiée. « L’un des constats, c’est que l’expertise automobile n’a pas encore d’outil de mesure propre pour son empreinte carbone. Il fallait donc partir de zéro. Mais pas seuls », explique-t-il. D’où le partenariat avec l’Institut Louis Bachelier (ILB), acteur de référence de la recherche appliquée en finance durable, qui a notamment déjà œuvré au Livre Blanc de Pacifica auquel a contribué BCA Expertise. L’ILB a aidé la FFEA à poser les fondations d’un cadre adapté à la CSRD, en définissant notamment le périmètre carbone spécifique à l’activité d’expertise.

« Le premier travail a consisté à analyser la réglementation et à traduire son impact sur notre métier. Ce n’est pas une simple transposition. Il fallait comprendre comment la CSRD s’applique concrètement à une entreprise d’expertise automobile », explique Benoît Lamarsaude. La prise en compte du Scope 3, qui oblige à comptabiliser les émissions indirectes amont et aval, est évidemment structurante : « Cela recouvre l’ensemble des missions des experts, des partenaires, des déplacements, du traitement des données, des outils numériques… Tout doit être tracé. »

Auditer les solutions, structurer la réponse

La FFEA a donc engagé un audit des solutions existantes. « Nous avons étudié ce que proposaient les éditeurs de logiciels, les cabinets spécialisés, et interrogé leur capacité à intégrer une vision métier. Il ne s’agissait pas de créer un outil maison, mais de faire en sorte que notre métier trouve sa place dans les outils déjà disponibles ou en développement », ajoute Benoît Lamarsaude, qui précise que trois axes ont guidé cet audit : comprendre ce que faisaient ces acteurs, évaluer la pertinence pour la profession, et expliquer les besoins des experts pour permettre une intégration réaliste.

La logique est claire : faire émerger une méthode commune, diffusée à l’ensemble de la profession, construite par consensus et applicable sur le terrain. « Il faut que cette méthode soit à la fois robuste et praticable, qu’elle puisse être déployée par toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur maturité RSE », insiste le directeur technique. Cela implique une gouvernance solide de la part de la FFEA, mais aussi des outils pédagogiques.

« Nous devons proposer une méthode rigoureuse, mais aussi praticable, applicable par toutes les entreprises d’expertise et compréhensible par toutes les parties prenantes. »
Benoît Lamarsaude, BCA Expertise

Une gouvernance assumée pour un impact collectif

La méthodologie en cours de structuration vise quatre piliers : inclusivité, fiabilité, auditabilité et comparabilité. « La fiabilité est essentielle : nous devons pouvoir expliquer aux assureurs, aux clients, aux instances, comment une donnée a été calculée, sur quelle base, avec quelles hypothèses. Et cette méthode doit permettre de comparer les pratiques, d’objectiver les efforts des entreprises et de favoriser l’émulation », ajoute Benoît Lamarsaude.

Pour Adrien Prigent, directeur général d’Experts Groupe et membre de la sous-commission, il s’agit de « produire un référentiel stable et maîtrisé par la FFEA ». Même si l’idée est de déboucher sur une méthode « évolutive et utilisable par tous les acteurs, du réparateur au recycleur », selon Antoine Ribes, directeur général d’Expertise & Concept Sud-Ouest. Côté calendrier, l’assemblée générale de la FFEA, le 16 octobre prochain à Marseille (13), servira de point d’étape clé. « Nous visons un produit final pour cette échéance, même si les travaux se poursuivront au-delà pour affiner et actualiser la méthode », confirme Benoît Lamarsaude.

« Aucune visée commerciale »

La démarche de la FFEA se veut ouverte et transparente, selon les représentants de l’organisation professionnelle. « Ce projet n’a aucune visée commerciale. La sous-commission est ouverte, les débats sont contradictoires, et c’est cette richesse qui permettra à notre méthode de devenir une référence », affirme François Mondello. « Les assureurs sont en demande, les constructeurs fixent des objectifs de neutralité carbone, les clients finaux sont sensibles aux engagements concrets. L’expert automobile, par sa position centrale dans la chaîne de réparation, peut et doit devenir un acteur moteur de cette transition », conclut Benoît Lamarsaude.

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