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Défaillances  : stabilisation au point haut pour les entreprises auto

Caroline Ridet
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Défaillances annuelles T3 24 BPCE

Le troisième trimestre confirme la poursuite du rattrapage des défaillances de PME-TPE évitées durant la trêve du « quoi qu’il en coûte », tout en renforçant les signaux d’alerte perceptibles depuis fin 2023. Le secteur automobile  s'inscrit dans la tendance.

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Remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE), impact de l’inflation sur les marges et l’activité, tensions sur le recrutement, consommation des ménages en berne et reprises des recouvrements Urssaf : le contexte économique accentue le rythme de rattrapage des défaillances (rassemblant sauvegarde, redressement et liquidation) après la trêve du « quoi qu’il en coûte », selon le bilan trimestriel de BPCE L’Observatoire. Sur le 3e trimestre 2024, 13 000 défaillances ont été relevées par l’organisme. Si on peut parler d’un « mauvais 3e trimestre », Alain Tourdjman, directeur des études économiques du Groupe BPCE, précise que l’on n’a pas atteint le record de la période 2010-2015. Si ce niveau est 10 % supérieur comparé à la même période de 2023, il s’affiche largement sous la "dégringolade" du 2e trimestre 2024 avec près de 3700 défaillances de moins. « Sur les 1er et 2e trimestres nous étions dans l’expectative de la suite avec des niveaux de défaillances largement supérieurs à la moyenne, sur ce 3e trimestre le taux est élevé, mais nous sommes revenus à des niveaux maîtrisés. » 

4 % des TPE-PME déclarent des difficultés à rembourser leur PGE 

contre 29 % qui l’auront remboursé d’ici fin 2024

L’auto se stabilise

Dans ce contexte général, le secteur « commerce et réparation de véhicules » a vu 556 entreprises faire défaut sur le 3e trimestre, ce qui est 150 défaillances de moins qu’aux 1er et 2e trimestres de l’année. « Le rythme de progression tend à se stabiliser à un haut niveau sur le seul 3e trimestre, après les pics historiques des trimestres précédents », commente Julien Laugier, économiste du Groupe BPCE. Sauf que sur les douze derniers mois, le secteur cumule 2644 défaillances, « le plus haut niveau depuis au moins 15 ans », qui se répartissent en 1 532 défaillances dans le commerce et 1 112 dans l’entretien réparation. Une fragilité qui s’explique aussi par le changement d’habitude de consommation des ménages face à l’inflation mettant en suspens tout projet d’achat de véhicule. Et s’ils prévoient bien de prolonger leur "vieille" auto, ils cherchent aussi à repousser les échéances voire à obtenir des baisses de factures ! Un retour des niveaux "acceptables" en matière de défaillances, mais BPCE L’Observatoire note cependant un sujet à surveiller : une nette hausse des défaillances des PME, avec 205 entreprises de plus de 6 salariés ayant fait défauts sur les 12 derniers mois, dont 60 sur le seul 3e trimestre !  

Selon le cabinet Altares, sur T3 2024 le secteur "commerce et réparation véhicule" a généré  562 défaillances, dont:

9 sauvegardes

139 redressements judiciaires

414 liquidations, soit 74 % des défaillances enregistrées

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Défaillances entreprises par taille depuis 2019 T3 24 BPCE

PME déstabilisées

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Défaillances rattrapage par taille T3 24 BPCE

De fait, de manière générale, ce sont les PME qui paient le plus lourd tribut au ralentissement économique. Comparé à 2019, les défaillances des PME-ETI ont augmenté de 57 %. « Le  rattrapage des défaillances évitées dépasse désormais les 100 % pour les PME et les ETI », précise Alain Tourdjman. De leur côté, les TPE de 3 à 9 salariés affichent un surcroît de défauts de 32 % vs 2019, ce qui correspond à un rattrapage encore partiel des défaillances évitées entre 2020 et 2022. Enfin, si les microentreprises et les plus petites TPE (sans salarié ou employant 1 ou 2 salariés) restent en retrait avec une hausse des défaillances de 19 % sur les 12 derniers mois vs 2019, le rythme commence à s’accélérer.

Néo-entreprises moins touchées

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Défaillances ancienneté par taille T3 24 BPCE.

Autre point d’alerte pour BPCE L’Observatoire : la vague de défaillances n’est pas alimentée par les néo-entreprises, mais par celles plus ancrées dans le tissu social. Ainsi, plus de la moitié des PME menacées de disparaître ont plus de dix ans. La fin de la prime à l’ancienneté pour assurer la résilience quelle que soit la catégorie d’entreprise. La hausse des défaillances a davantage concerné des entreprises de plus de 3 ans, voire de plus de 5 ans. Ainsi, sur les 12 derniers mois, les créations récentes contribuent moins qu’en 2015 ou en 2019 aux défauts enregistrés.

Même ambiance pour 2025

Au total, pour l’atterrissage 2024, L’Observatoire BPCE conserve sa prévision 65 000 défaillances (+ 14 % vs 2023), considérant que, du fait du double impact du rattrapage et d’une conjoncture plus compliquée, le niveau élevé de défauts d’entreprises va persister sur le 4e trimestre. Ainsi, 250 000 emplois devraient être menacés sur l’année. Et selon le cabinet d’étude, 2025 devrait se poursuivre sur la même tendance. 

Caroline Ridet
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