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Un métier, une passion

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Garage familiale de Gérald Sgobbo

Entré « provisoirement » dans l’entreprise de réparation automobile de ses parents, Gérald Sgobbo y est encore, 30 ans plus tard. Après un bref passage dans l’Education nationale, il a finalement fait de la mécanique une véritable marotte, au point d’en devenir un expert, dans toute l’acception du terme : judiciaire, métier et formation. Vice-président de la FNA, président du CFPA, mais aussi Maire de sa ville, l’homme cumule les fonctions sans jamais perdre son sens de l’engagement. 

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Pouvez-vous vous présenter et présenter votre activité ?

J’ai un garage à Villeneuve d’Olmes dans l’Ariège. C’est un garage familial dans lequel je suis entré en 1993 après une période dans l’Éducation nationale. Je suis entré « provisoirement » dans le garage pour informatiser l’entreprise et 30 ans après, j’y suis encore ! Mon entreprise est assez diversifiée : carrosserie-peinture, mécanique en réparation-entretien, contrôle technique et dépannage-remorquage avec une activité assez importante puisqu’on a 5-6 camions qui tournent en permanence. En 2004, je me suis diversifié de nouveau en achetant un autre garage où j’étais agent Ford et réparateur agrée Mazda. J’avais donc développé toute la partie vente de véhicules neufs et occasions. Mais entre temps, alors que j’étais Maire de Villeneuve d’Olmes depuis 2008, j’ai été élu Président de l’intercommunalité du Pays d’Olmes. Il a donc fallu que je me recentre, que je fasse des choix. J’ai préféré vendre ce second garage en 2014 et garder mon garage de cœur, celui de mes parents, mais aussi celui qui me correspond le mieux parce que j’affectionne plus la partie technique que dans la partie vente dans le monde de l’automobile. 

Quel est votre parcours avant d’arriver à la vice-présidence de la FNA et à la présidence du CFPA ?

Mes parents étaient déjà à la FNA donc j’ai pris la suite assez naturellement. Et comme je suis d’un caractère à m’ennuyer facilement, j’ai tendance à me lancer dans des défis. J’ai donc d’abord pris la présidence de la FNA départementale, puis j’ai mis les pieds dans les instances nationales, jusqu’à devenir le vice-président il y a quelques années pour m’occuper de différents secteurs métier de l’après-vente. Je participe avec beaucoup d’intérêt à plusieurs commissions telle celles du dépannage remorquage, carrosserie, contrôle technique, toutes dirigées par des personnes de qualités… Un choix assez logique quand on connait la diversité des activités de mon garage. 


Par mon engagement dans les organisations professionnelles, je suis élu Chambre de Métiers et j’ai assuré la Présidence du Conseil de Perfectionnement du CFA de l’Ariège, intégré à La Chambre des Métiers. J’ai une vraie affinité pour tout ce qui est formation, et c’est donc tout naturellement qu’il y a 3 ans environ, j’ai pris la présidence du CFPA France. Moi-même, d’ailleurs, je me forme régulièrement car pour moi c’est une nécessité de se tenir au fait, d’autant plus quand on doit assurer la gestion d’une entreprise, et également parce je suis expert auprès de la cour d’appel de Toulouse depuis une quinzaine d’années. Je suis donc très sensible à la notion de formation et le contexte évolutif accéléré du monde de l’automobile la rend encore plus incontournable. 
 

Quelles sont vos missions et vos objectifs au sein de la FNA et du CFPA ?

Les missions sont variées. Nous exerçons une veille sur les évolutions réglementaires métiers et notamment sur l’accès aux données techniques qui a été un vrai combat pour la FNA, et que nous avons réussi à obtenir avec d’autres organisations professionnelles partenaires. Notre mission est aussi de travailler en corrélation avec différentes commissions. Personnellement, eu égard aux diverses activités de mon entreprise, il m’a paru évident d’être dans « l’interbranche », ce qui me permet d’exprimer, par le concret, ce que nous vivons sur ces différentes transformations dans chacun de ces domaines. Pour ce qui concerne le CFPA, comme je vous le disais, j’ai de vraies affinités avec la formation. D’autant que, n’ayant pas de diplôme, à l’origine, dans l’automobile, je me suis construit professionnellement par le biais de formations continues tout au long de ma carrière. Or, je me suis dit qu’il fallait que l’offre soit complète, adaptable car la formation continue est indubitablement l’élément complémentaire qui nous permet de rester performants dans nos ateliers. Par rapport aux évolutions technologiques d’une part, mais aussi par rapport aux freins des constructeurs qui demeurent réels. Au sein du CFPA, nous essayons d’être le plus au fait de tout cela et de proposer des formations les plus adaptées et proches des évolutions. Nous avons par ailleurs passé des accords avec des CFA pour disposer localement des plateaux techniques de ces centres et pouvoir proposer des formations de proximité. 

De quelle manière avez-vous vu évoluer la formation ces dernières décennies ?

A vrai dire, il y avait une certaine stabilité technique dans les formations qui étaient proposées. En d’autres termes, elles restaient d’actualité sur plusieurs années pour certains domaines. Or, depuis quelques années, la technologie évolue tellement vite qu’une formation que l’on fait en début d’année, a besoin d’être réactualisée parfois 6 mois plus tard. Cela oblige à une réactivité permanente. Mais je pense qu’il faut que ce soit nos organismes qui aillent vers les entreprises pour les sensibiliser à de nouveaux modèles, à de nouvelles technologies car elles n’ont malheureusement pas toujours la présence d’esprit d’être demandeuses de ces formations, faute de temps notamment. L’autre réponse c’était aussi de pouvoir rapprocher géographiquement ces formations-là. Enfin, le directeur de la DRETS sur l’Ariège, m’a contacté il y a quelques années avec l’idée de lancer un diagnostic dans le cadre d’un dispositif « transition collective ». Le but était d’interroger la plus grande diversité possible d’acteurs de l’automobile afin d’identifier dans quelles mesures les changements liées à l’automobile pouvaient devenir des opportunités professionnelles. Nous sommes le seul département de France à avoir obtenu ce dispositif EDEC qui va permettre, à partir d’un diagnostic toujours en cours, de booster financièrement les formations dans notre département de l’Ariège et aussi d’imaginer de nouveaux modèles ou métiers qui pourraient émerger de toutes ces évolutions. 

Qu’est-ce que cela va permettre de changer, objectivement ?

Il y aura une analyse concrète des besoins de chacun, ce qui nous permettra de mettre en œuvre des réponses appropriées, en termes d’accompagnement, de formation technique, etc. Donc le but ça sera de mettre en place une sorte de chaîne de valeurs, voire imaginer une forme de mutualisation des matériels car ces évolutions-là nécessitent du matériel de plus en plus performant et il serait donc intéressant d’imaginer mutualiser certaines interventions sur plusieurs garages… Tout cela se fera à l’échelle départementale, mais l’objectif si cela fonctionne, sera d’étendre ce dispositif à l’Occitanie, voire au-delà. Et cela m’amène à avoir une autre vision sur la formation et à l’apporter à la FNA et au CFPA. Nous sommes confrontés à des tas de changements à tous les niveaux et le meilleur moyen de ne pas les subir, c’est de les anticiper.  Pour ma part, j’y vois plutôt des opportunités qui vont nous tirer vers le haut. D’ailleurs le paradoxe, c’est qu’avec la diminution des moteurs thermiques, on pensait que le nombre d’apprentis allait baisser. Finalement, c’est tout le contraire : on a une explosion des classes d’apprentissage dans l’automobile dans nos CFA et un vrai besoin de montée en compétence et ce n’est pas propre à l’Ariège. La mécanique a longtemps souffert d’une image galvaudée et négative et en fait, toute cette informatisation, ces nouveaux systèmes, ces véhicules connectés, etc., c’est dans l’air du temps et ça a une vraie résonnance dans l’esprit des jeunes. Donc à nous de nous saisir de tout cela, de ne pas subir. C’est essentiel d’être proactif pour transformer nos entreprises et qu’elles abritent les garagistes de demain. 

Vous êtes Maire… Voyez-vous des similitudes entre vos obligations politiques et vos rôles professionnels ?

C’est parfois frustrant ! Quand vous êtes à la tête d’une entreprise et que vous êtes le seul décisionnaire, cela est parfois déstabilisant de voir que dans les collectivités, c’est presque le contraire. Il faut souvent donner du temps au temps… C’est-à-dire qu’entre le moment où vous actez une décision, ce qui est déjà une étape à laquelle il faut arriver, et le moment où cette décision est mise en œuvre, la temporalité n’est pas du tout la même. Je m’y suis fait, mais ce sont 2 façons d’exercer et d’évoluer qui sont très différentes, même si on a tendance à dire que le monde des collectivités territoriales adopte de plus en plus les modes de gestion des entreprises… 

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Gérald SGOBBO

Vous êtes également expert judiciaire. Quelles sont les compétences requises pour ce rôle et pouvez-vous partager une expérience marquante vécue dans le cadre de cette fonction ?

Un expert de justice répond aux missions qui lui sont données par la justice. Son rôle est avant tout d’éclairer le juge d’un point de vue technique. Indépendance et objectivité sont nos seuls crédos.  Les missions qui nous sont confiées sont sur deux volets : soit au civil, Tibunaux Judiciaires, Tribunaux de Commerce…  souvent pour un contentieux entre acheteur et vendeur, sur la notion de vice caché par exemple, soit au pénal. Au pénal, vous êtes nommé expert dans le cadre d’une expertise unilatérale et il est évident que cela représente un poids bien plus important sur nos épaules. Avec des dossiers souvent bien plus dramatiques… Nous sommes saisis, dans ces affaires généralement par les juges d’instruction. L’exercice de l’expertise en judicaire, c’est, pour moi, l’extrapolation de ma passion pour la technique automobile. C’est un vrai défi, intellectuellement, sur chaque affaire. Tout ceci est très vaste, cela vous oblige à vous plonger dans des domaines techniques et scientifiques que vous n’utilisez pas, en théorie, dans votre quotidien de professionnel de l’automobile comme la balistique, la dynamique des véhicules, le calcul de vitesse, de la biophysique parfois pour calculer les dégâts provoqués par un airbag. En fait, cela m’a permis de mettre en corrélation toute ma formation initiale plutôt scientifique avec mes acquis techniques en automobile et c’est passionnant. Et ce sont aussi des rencontres extraordinaires, comme par exemple des formations avec l’IRCGN (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale) de Cergy Pontoise, ou au sein de la Compagnie Nationale des Experts de Justice Automobile. Bref, moi j’y passe des heures parce que je me refuse à écrire des conclusions sans avoir moi-même la certitude que la démonstration est infaillible…même si dans ces domaines il n’existe pas de certitudes absolues! 

Comment devient-on expert judiciaire ? On est venu vous chercher ?

En ce qui me concerne, oui ! Quand on fait du dépannage on rencontre beaucoup de monde et un jour j’ai dépanné la Présidente du Tribunal Judiciaire de Foix. En bavardant, elle m’a expliqué que le tribunal cherchait des personnes indépendantes, qui ne soient pas des expertes auprès des assurances et elle m’a demandé si cela me tenterait. Le lundi suivant, j’ai déposé un dossier et dès la première année, elle m’a confié une affaire. Je suis donc allé prêter serment auprès de la Cour d’Appel de Toulouse… Et franchement, j’ai beau avoir un peu d’assurance dans le monde technique dans lequel j’évolue, je n’avais jamais fait de rapports de ce type. C’est un domaine dans lequel le formalisme est roi et où la moindre virgule mal placée peut être préjudiciable. Cela oblige donc à une rigueur administrative énorme. Quelques connaissances juridiques aussi bien évidemment. C’est un domaine qui me prend beaucoup de temps, parce que je construis mon affaire au fur et à mesure que je l’écris. Je ne délègue même pas la rédaction ou la mise en page des rapports. Et quand on connait le poids des mots sur un rapport d’expertise en judiciaire ou en pénal, je pense qu’on ne passe jamais trop de temps à les peser. 

Quels sont vos projets futurs avec la FNA ?

Nous avons déjà un projet immobilier important puisque la FNA va déménager au début de l’été, à La Défense (92). La Fédération grandit et il nous fallait prendre une autre dimension. D’abord pour une question d’image, parce que vous avez beau défendre une profession avec votre bonne volonté et vos convictions, l’affichage et l’image comptent presque autant que le travail que vous effectuez. Avec Robert Bassols, l’ensemble des élus du bureau mais aussi toute l’équipe administrative qui est d’une grande compétence et surtout aussi passionnée que nous élus, nous travaillons donc à moderniser un peu plus la FNA aux yeux de nos adhérents. Et au-delà de la représentativité nationale, il faut aussi tenir compte de la transformation de la typologie des entreprises et des mentalités. Aujourd’hui, de plus en plus de micro-entrepreneurs font de la mécanique dans leur garage de pavillon et il était devenu nécessaire pour nous de les prendre en considération également pour les accompagner dans un vrai projet d’entreprise. Les questions sont nombreuses : devons-nous les inclure et les accompagner vers une véritable. Cela fait partie des projets à court terme. Mais les sujets sont très nombreux pour la FNA dans ce monde en perpétuelle évolution.

Et avec le CFPA ?

Nous travaillons actuellement à l’acquisition d’une société nationale que nous souhaitons intégrer au CFPA afin de pouvoir proposer, en plus des formations, des outils d’aide au développement des entreprises. Aujourd’hui, nous avons la partie formation technique, mais la partie gestion d’entreprise est devenue quasiment aussi importante. Or, depuis la loi Pacte, le stage préalable à l’installation qui permettait de sensibiliser les entrepreneurs à l’importance de la gestion, n’est plus obligatoire. On ressent vraiment un déficit de connaissance de l’entreprise chez les créateurs… 
Pour nous c’est un abaissement du niveau d’accès au monde de l’entreprise pour les nouveaux et cela décuple d’autant plus le travail des organisations professionnelles qui sont amenées à accompagner les entreprises qui, malheureusement, qui, souvent, se déjà mises en difficulté. Donc tout le développement du CFPA va dans ce sens-là c’est-à-dire, s’adapter à la transformation sociale pour faire des créateurs d’entreprises de vrais et de bons professionnels. Dans tous les domaines nécessaires.
 

En guise de mot de la fin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer ?

Qu’on veuille se lancer en boulangerie ou en automobile, c’est pareil : si vous n’avez pas la passion, ça ne marche pas ! Les notions de « proactivité » et de passion, pour moi, sont essentielles. Mais je pense que, globalement, on a trop séparé, en France, l’enseignement général et la formation professionnelle. Du coup, beaucoup de jeunes qui entrent dans les centres de formation sont en échec scolaire. Nous avons donc en premier lieu un gros travail sur leur  reconstruction personnelle, l’estime de soi, à mettre en œuvre, mais aussi un gros travail de rattrapage des notions scolaires de base (écriture, lecture, etc.). Mais au final, le résultat est là : 80 % des jeunes qui sortent diplômés de nos CFA trouvent un emploi, et près de 50 % d’entre eux seront les repreneurs de l’entreprise dans laquelle ils ont été en apprentissage. 

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