
Vers une norme CAFE (un temps) édulcorée

C’est officiel : l’idée avancée début mars par la présidente de la Commission européenne d’assouplir le calendrier de la mise en œuvre de la norme CAFE doit se matérialiser avec un vote accéléré le 8 mai du Parlement, concernant une proposition plus souple pour les constructeurs que celle initialement prévue…
Lundi 5 mai, John Elkann, président de Stellantis, et Luca de Meo, directeur général de Renault, s’inquiétaient, dans un entretien commun accordé au Figaro, d’une division par deux du marché d’ici à 2035 (voire davantage) si l’Union européenne ne simplifiait pas en urgence sa réglementation. Selon le patron de Renault, « le sort de l’industrie européenne se joue cette année »… Et les deux capitaines d’industrie ont rapidement été entendus puisque le lendemain, le Parlement européen a annoncé le recours par les députés à une procédure d’urgence pour modifier les normes sur les émissions de CO2 de leurs véhicules légers et camionnettes neufs, lesquelles fixent sur la période 2025-2029 une baisse annuelle de 15 % des émissions par rapport aux valeurs de 2021 (norme CAFE). Des seuils au-delà desquels les amendes – par véhicule – sont particulièrement salées (15 Md€ estimés)…
De la flexibilité…
Ce vote vient s’inscrire dans le cadre du plan d’action industriel de la Commission européenne pour le secteur automobile, dévoilé le 5 mars dernier par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. S’il aboutit, il devrait apporter plus de flexibilité aux industriels européens en calculant la moyenne de leurs performances d’émissions sur la période 2025-2027 plutôt que sur chaque année séparément. Une flexibilité d’autant plus souhaitée par la filière à l'heure où les ventes de véhicules 100 % électriques dévissent sur les principaux marchés du Vieux Continent.
Mais les deux patrons pointent aussi du doigt un décalage entre une réglementation jusqu’ici très orientée par les constructeurs allemands premium et en face, des consommateurs qui attendent des véhicules plus ‘populaires’. En clair plus abordables. « Ce que nous demandons, c'est une réglementation différenciée pour les petites voitures », explique Luca de Meo. Selon lui, il est également impératif pour sortir de l’ornière que la réglementation ne porte que sur les nouveaux modèles, que les règles soient édictées par ‘paquets’ et non plus au fil de l’eau, et enfin que l’industrie automobile puisse disposer d’un guichet unique à la Commission.
… mais (toujours) pas de neutralité
Reste également le fait que malgré cet assouplissement au moins temporaire des règles en matière d’émission de CO2, l’industrie automobile européenne n’a toujours pas l’oreille de la Commission concernant la neutralité technologique qu’elle appelle de ses vœux… Avant cela, la procédure d’urgence adoptée par les eurodéputés devrait voir le Parlement voter cette mesure le 8 mai prochain. De quoi donner un peu d’air à un secteur en pleine asphyxie.
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