Sondage exclusif Zepros : les réparateurs négocient le virage techno

, mis à jour le 17/11/2025 à 15h04
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Mutation technologique et énergétique dans un environnement économico-politique bousculé. Pragmatiques et combatifs ! Les réparateurs se sentent-ils assez solides et armés pour relever cette somme de défis d’aujourd’hui et de demain ? Zepros leur a posé la question en ligne. 

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En 2017, puis en 2019 et aujourd’hui en 2025, Zepros a profité du grand rendez-vous de l’après-vente que constitue le salon Equip Auto pour interroger les réparateurs sur leur vision de leur environnement économique, leur capacité à négocier le virage technologique et leurs craintes/espoirs pour demain. Le marché, les usages bougent… les réparateurs doivent suivre le mouvement. Entre la complexité technologique des véhicules et l’injonction de s’inscrire dans la tendance de la transition environnementale. Nous leur avons posé la question : confiant ou inquiet ? Plutôt technologique ou plutôt éco(nomique et logique) ? Digitaux ?

Autant de questions qui nous ont permis de prendre la température en cette fin d’année 2025. Très logiquement, si l’on compare les réponses entre ces différentes périodes, on ressent la baisse de “moral” des professionnels en cette année d’instabilité tous azimuts : économique, réglementaire, politique ! Une tension généralisée qui ruisselle sur ces chefs d’entreprise, pourtant encore alimentés par un parc vieillissant pour une bonne décennie.


Alors que ce parc doit être entretenu au plus juste face à des consommateurs chasseurs de pouvoir d’achat, les réparateurs qui ont répondu à notre sondage sont, plus qu’en 2017 ou même 2019, confrontés aux nouvelles technologies, et notamment électrifiées, qui commencent à arriver dans leurs ateliers et débouchant sur un début de changement de structure d’une demande moins consommatrice de pièces et plus exigeante en compétences techniques.

Certes, ils se forment davantage que sur les huit dernières années, mais ils hésitent encore à passer la vitesse supérieure, encore à la recherche d’un réel retour sur investissement. En attendant, ils ont adopté les voies leur faisant entrevoir un approvisionnement en pièces plus compétitif sur les plateformes en ligne, que ce soit en pièces neuves – dont ils privilégient encore la qualité premium – ou en PIEC, qu’ils sont trois sur cinq à utiliser régulièrement. Le monde bouge, eux aussi.

Méthodologie sondage : Entre le 20 septembre et le 3 octobre 2025, 4 996 professionnels ont été interrogés en mode digital pour les équipes de Tokster. Deux cent dix réparateurs ont répondu à nos questions, soit 62 % des répondants. Et parmi eux, 66 % des MRA sont affiliés à un réseau de la rechange indépendante ou indépendants purs ; le reste se partageant entre carrossiers, fast-fitters/centres auto. 

Les réparateurs plus tendus

Quel est votre niveau de confiance dans l’avenir ? La même question, posée dans un intervalle de six ans, donne des réponses contrastées…

En 2019, 95 % des répondants à notre sondage se disaient plutôt confiants, avec tout de même 52 % se disant « moyennement confiants », pour un petit 5 % d’inquiets. En 2025, après une crise Covid et dans un environnement économiquement et géopolitiquement secoué, sept sur dix restent confiants, mais les inquiets représentent un tiers des répondants… avec une part dépassant largement les purs optimistes. Il faut dire que si, sur le premier semestre 2025, ils sont 24 % à déclarer une activité “solide”, pour une moitié des répondants la voyant stable, 26 % l’annoncent en recul. En revanche, ils sont plus nombreux à anticiper un atterrissage 2025 tendu. Et de fait, bien que leur carnet de rendez-vous soit aujourd’hui bien garni, soutenu par un parc vieillissant et un fort pourcentage de rétention de leur véhicule âgé par les automobilistes, ils restent circonspects pour la suite, bousculés par un environnement très instable. Les commentaires sont édifiants : « C’est dur et usant d’être patron aujourd’hui » ; « La politique et ces contraintes ne sont pas claires. On ne sait pas à quelle sauce nous allons être mangés » ; « Nous payons un gouvernement instable, ce qui provoque l’incertitude des consommateurs ».

Inquiets face à la potentielle fin du thermique... mais toujours résilients, les garagistes savent également que le vieillissement du parc continuera de soutenir leur activité… pour les dix prochaines années, espèrent-ils, avec une certitude : « Il faut savoir être réactif et se diversifier. L’automobile oui... mais avec polyvalence. »

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Formés, équipés… mais pour quel ROI ?

À la question : êtes-vous formé pour intervenir sur les nouvelles technologies, 47 % des répondants affirment que “oui”, 10 % qu’ils sont en cours de formation, et tout de même 43 % répondent “non”.

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Déjà en 2017, interrogés par Zepros les réparateurs estimaient pour 60 % d’entre eux que les interventions sur les véhicules électriques étaient tout à fait dans leurs cordes, et 48 % affirmaient être déjà formés. Huit ans plus tard, un sur deux (+ 6 points vs 2017) se déclare formé, mais il reste encore un tiers des répondants à refuser l’obstacle. De fait, certains réparateurs craignent encore cette montée en puissance – « l’avènement de la voiture électrique, c’est la mort des MRA », a-t-on relevé dans les commentaires de notre sondage –, quand d’autres sont rebutés par la perspective d’une réduction de 30 à 50 % des interventions de maintenance. Investir, pour quoi faire ?

Sauf que le parc roulant électrifié (VE et VHE) frôle aujourd’hui les 2,5 millions de véhicules électriques, contre une poignée qui n’était d’ailleurs pas réellement quantifiée en 2017 ! La réalité est que ces technologies restent encore le “privilège” des réseaux de marque constructeur et ne sont pas encore la norme dans leurs ateliers. Cependant, lorsqu’un VE se présente, ils sont 88 % à dire “oui” au client, soit en intervenant eux-mêmes, soit en trouvant une solution de sous-traitance. Preuve que la majorité a bien compris qu’elle ne pouvait y échapper.

Pas encore totalement prêts aux nouveaux véhicules

En revanche, lorsqu’on les interroge sur leur formation pour la recalibration ADAS ou encore l’entretien des BVA, ils sont encore très nombreux à se déclarer non-formés ! En 2017, ils étaient déjà 48 % à se déclarer formés sur les BVA ! Et bien sûr reste la question encore épineuse de la reprogrammation des calculateurs, pour laquelle ils sont encore un sur deux à passer la main aux réseaux constructeurs. À noter cependant que le taux des “formés” a gagné 7 points ces six dernières années !

Investir oui, mais pour quel retour ?

Pourtant, six répondants sur dix estiment bien bénéficier des solutions en matériel pour s’équiper et en accompagnement technique (remote diagnostic, hotline…) pour passer le cap de la montée en compétences. Mais c’est bien l’amortissement des investissements qui reste au cœur des réticences à investir et la taille critique de leur marché local. « L’investissement est trop lourd pour un petit retour sur investissement » ; « Le matériel pour les nouvelles technologies n’est pas du tout au point. Pour les ADAS, il faut trop de cibles. Chaque constructeur fait “sa sauce”, c’est terriblement cher et malheureusement non standardisé », ont commenté des répondants. Mais si en 2017 ils pouvaient encore se donner du temps pour s’adapter, aujourd’hui, si le parc roulant continue de vieillir, certes, les véhicules équipés de ces nouvelles technologies sont de plus en plus présents. Ceux qui reculent ne pourront plus le faire longtemps ! 
 

Blocage aux nouvelles technologies : seulement 20 % pour jeter l'éponge

Comment font les garagistes quand un véhicule équipé de ces nouvelles technologies qui réclament des compétences spécifiques arrive dans leur atelier ? Au global, 42 % des répondants prennent en charge le véhicule dans leur atelier pour le traiter, 38 % disent “oui” au client pour ensuite sous-traiter à un spécialiste, voire au concessionnaire voisin, et enfin 20 % ne prennent pas le client, préférant le renvoyer directement chez le concessionnaire le plus proche ! Soit le pire scénario pour un réparateur indépendant, qui risque alors de ne plus jamais revoir la voiture ! La bonne nouvelle est qu’en 2017, ils étaient encore 40 % à opter pour cette option, soit deux fois plus qu’en 2025 !

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Réparateur : quel acheteur êtes-vous ?

De la pièce premium pour l’assurance de qualité, achetée auprès de son distributeur local avec en premier critère la disponibilité : tel est le profil du réparateur acheteur de pièces version 2025.

En 2017, nos réparateurs-témoins disaient à 70 % privilégier le premium ; c’est 15 points de plus cette année. Et lorsqu’en 2019, Zepros a souhaité en savoir plus sur ce qu’ils considéraient comme premium, 47 % répondaient « pièce badgée constructeur » quasiment à égalité avec la pièce équipementier (40 %). Sur cette édition 2025, on voit que le paradigme a changé au bénéfice de la seconde.

Autre constante, la qualité et la disponibilité restent les critères premiers pour le choix d’un produit ou d’un canal d’achat. Le prix conserve sa deuxième place dans les critères de choix du réparateur-acheteur. Position que ce puissant levier décisionnel avait déjà en 2019.

Percée des marketplaces

En revanche, concernant le choix du canal d’achat, si le distributeur reste sur la première marche du podium, les marketplaces gagnent 36 points vs 2019 ! À noter que les ex-catalogues électroniques des groupements de distribution ont mué en solutions digitales "up-to-date" et ont donc gagné du terrain. À l’image d’Autossimo, l’outil de commande en ligne d’Autodistribution, par qui transitent six commandes aux distributeurs sur dix !

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L’achat en ligne devient la norme

Achetez-vous en ligne ? En 2025, 75 % des répondants disent acheter en ligne, contre 71 %
en 2019 !

Il faut dire que les acteurs du e-commerce PR ont aussi appris à mieux connaître les attentes en BtoB… et donc à mieux servir les professionnels. L’achat sur les plateformes de e-commerce devient donc une habitude chez les professionnels, encore principalement en mode dépannage, note les pure-players. Mais ces derniers multiplient les services pour fidéliser les réparateurs, qui – on le notera encore – ne sont pas prioritairement attirés par les très compétitifs prix du Web, mais là encore par la disponibilité du produit. Et sans surprise non plus, sur la première marche du podium des sites préférés de nos répondants, on retrouve Autodoc Pro, qui allie digital et présence terrain… et prix imbattables ! En revanche, pour le matériel, rien ne remplace le conseil et le soutien technique de son distributeur, avec 72 % des réparateurs déclarant ne jamais acheter leur équipement de garage via le canal internet.

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La PIEC n’est plus une option

Lors de notre enquête de 2019, 53 % des réparateurs déclaraient utiliser les pièces issues de l’économie circulaire. Six ans plus tard, c’est 20 points de gagnés !

Et surtout, trois sur cinq déclarent se tourner régulièrement vers les pièces de réemploi et/ou remanufacturées. Et une récente étude réalisée par GiPA pour Mobilians fait état de 87 % des réparateurs interrogés ayant l’intention de recourir davantage à la pièce issue de l’économie circulaire. Soit 33 points de plus qu’il y a deux ans !

Clairement, quelque chose se passe sur ce marché de la PIEC depuis deux ans. Sans surprise, les plateformes web sont au cœur du flux des pièces de réemploi, en faisant bouger les lignes et surtout les voies d’approvisionnement simplifiées pour les réparateurs.

Et ça marche, donc… Reste que les distributeurs traditionnels ne perdent pas pied grâce aux volumes de pièces remanufacturées sur lesquels ils gardent la main, tandis qu’ils peinent encore à entrer dans le circuit des ventes de pièces de réemploi.

Reste encore aussi à améliorer la transparence sur la qualité des pièces de réemploi, mais aussi sur les prix – « Des tarifs opaques sans régulation ni standardisation ». Deux freins qui empêchent encore certains réparateurs d'entrer dans ce cercle vertueux ! 

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Caroline, directrice des rédactions Auto chez Zepros, décrypte mutations et enjeux de l’après-vente auto : transition énergétique, réglementations, logistique, métiers et acteurs du secteur.
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