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Inflation des coûts des matières, de l’énergie, tension sur les crédits… Après une 2022 positive mais bousculée, 2023 s’annonce chargée de multiples défis à relever pour les TPE-PME. Pour alléger la tension de ces dirigeants, une série d’aides gouvernementales ont été activées pour les soutenir.
L’année 2022 s’est bouclée dans le vert pour les ateliers (+ 2 %) comme pour les distributeurs (+ 10 %) selon les baromètres Mobilians/Solware comme Feda/Xerfi (cf. page 4). Sauf que le niveau d’inflation vient brouiller le radar et que des signaux faibles de ralentissement (CA main-d’œuvre à - 1% pour les ateliers) poussent à la prudence. Dans un contexte de forte inflation et surtout de beaucoup d’incertitudes, peu sont les analystes à s’aventurer à pronostiquer la tendance 2023. L’organisation espagnole de la distribution PR s’y risque cependant en anticipant une année à + 5,2 % (en business pièces), sachant que dans le même temps elle parie sur une inflation à + 6 %. Pour 2023, on envisage donc plus raisonnablement une stagflation qu’une croissance enthousiasmante. Et c’est finalement une bonne nouvelle, car le spectre de la récession semble s’éloigner de nos côtes ! Une activité qui résiste mieux que prévu, affirme la vigie Banque de France, avec une économie qui devrait éviter « un atterrissage brutal ». Mais faute de visibilité, pas non plus question de s’emballer. Et ce bien que les tensions de la chaîne d’approvisionnement se soient atténuées, que la résilience des entreprises soit patente au vu de l’absence d’alerte sur le remboursement des prêts garantis par l’État (lire encadré ci-contre). Reste qu’il va falloir faire avec un environnement compliqué.
Défis à enjamber
D’où de nombreux défis à l’horizon pour les entreprises. En premier lieu, les chefs d’entreprise sont soumis à la pression sur les salaires, concomitante aux difficultés actuelles pour recruter. Sur 2022, les patrons du secteur « commerce et réparation automobile » auraient appliqué en moyenne une hausse de 2,97 % de salaire, vs 3,10 % pour les TPE-PME tous secteurs confondus, selon une enquête réalisée sur le premier semestre par le Cercle Perspectives, un pool d’experts-comptables, pour le quotidien Les Échos. Un bel effort 2022 des entreprises, même s’il reste sous la barre des 5,9 % d’inflation sur l’année. Et un dirigeant sur deux envisagerait de poursuivre l’effort sur la même tendance cette année, selon la CPME. Et ce malgré le multi-choc inflationniste de l’énergie et des achats en matériaux… Pour rappel, on parle dans l’après-vente auto d’une flambée de l’ordre de 10 à 12 % sur les pièces selon certains distributeurs et de 4 à 10 % selon les experts auto (assurance). Et les choses ne devraient pas se calmer cette année !
Trésoreries sous tension
La fragilisation des trésoreries est également un point d’inquiétude, notamment pour les nombreux chefs d’entreprise devant faire face à un remboursement de dettes et PGE. Car si en ce début d’année l’immense majorité des entreprises sont encore en capacité de rembourser, 9 % d’entre elles redoutent de ne pas pouvoir continuer, selon le baromètre de Bpifrance de novembre dernier. Avec la crainte de peiner à se financer pour cause de taux d’intérêt à la hausse (toujours sous la barre de l’inflation) mais surtout de banquiers plus frileux. Et enfin, l’épée de Damoclès « enflammée énergétique » qui vient lourdement impacter des coûts déjà difficilement répercutables.
Bouclier étatique
Dans cet environnement, le gouvernement a activé ou maintenu ses mesures d’accompagnement. Pas question de laisser s’écrouler le tissu économique après avoir dépensé des milliards dans le « quoi qu’il en coûte » ! Rallongement des délais de remboursement du PGE, bouclier énergie, soutien à la transition énergétique… « On va vers un mur énergétique », a prévenu François Asselin, le président de la CPME, qui estime que le bouclier est encore trop faible. Du côté de Mobilians, on estime également qu’il y a certains trous dans la raquette. Reste que ces mesures devraient aider les entreprises les plus solides à passer la vague.
Les règles du jeu Mobilité en 2023
• Malus écologique pour les Essence et Diesel émettant plus de 122 g/km de CO2 : de 50 € pour 123 g à 50 000 € pour 226 g.
• Bonus écologique de 5 000 € sur les VE inférieurs à 47 000 € et n’excédant pas 2,4 t (fin du bonus écologique pour les modèles entre 47 000 et 60 000 €). Également 7 000 € (8 000 € pour un VUL) pour les foyers dont le revenu de référence par part n'excède pas 14 089 € + 1 000 € pour l’achat d’un VO Électrique de deux ans et plus.
• Durcissement des ZFE sur les modèles diesel datant d’avant 2001 (vignette Crit’Air 5 ou plus) et diesel d’avant 2006 (Crit’Air 4 ou plus) selon les villes.
• Lancement d’un prêt à taux zéro dans les ZFE (revenu fiscal inférieur à 14 000 € par an) – 30 000 € remboursables en sept ans – pour l’achat d’un véhicule de moins de 45 000 € et émettant moins de 50 g/km de CO2, ou 10 000 € en LLD.
• Péages en hausse de 4,75 %, hors VE, et primes d’assurance jusqu’à + 3 %.
• Introduction du système eCall dans les points de contrôle du contrôle technique auto.
• Arrivée du contrôle technique pour les deux-roues.
Aides gouvernementales : pour amortir le choc énergétique
En ce début d’année, l’État a réactivé les dispositifs d’aides pour permettre aux TPE de surmonter les chocs à répétitions. Ils sont valables jusqu'au 31 décembre 2023.
• Bouclier tarifaire : exclusivement accessible par les entreprises de moins de 10 salariés (CA annuel inférieur à 2M€), ayant un compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA. Le bouclier limite la hausse de la facture à 15 % à partir de février 2023 contre les + 120 % sans cette aide. Il restera en vigueur jusqu’au 31 décembre 2023. Concernant le gaz, il permet de limiter à 15 % la hausse du prix jusqu'au 30 juin 2023, date à laquelle les tarifs régulés du gaz disparaîtront, car « contraires au droit de l'Union européenne ».
• Amortisseur électricité sur un an à partir du 1er janvier : toujours pour les TPE (moins de 10 salariés et moins de 2 M€ de CA) mais ayant un compteur électrique d’une puissance supérieure à 36 kVA et donc non éligibles au bouclier tarifaire. L’amortisseur doit ramener le prix annuel moyen de la « part énergie » à 180 €/MWh sur la moitié des volumes d’électricité consommée. La réduction maximale du prix unitaire sera de 160 €/MWh sur la totalité de la consommation… Intégrée directement à la facture d’électricité, l’aide est accessible sur simple transmission à son fournisseur d’électricité d’une attestation d’éligibilité au dispositif.
• Guichet d'aide au paiement des facteurs énergétiques : pour les TPE éligibles au dispositif de l’amortisseur électricité dont les dépenses d’énergie représentent 3 % du CA en 2021 après prise en compte de l’amortisseur, et dont la facture d’électricité après réduction perçue via l’amortisseur connaît une hausse de plus de 50 % par rapport à 2021. Elles peuvent déposer une demande d’aide, via le site www.impots.gouv.fr et cumuler les deux aides.
Pour la facture de gaz, toutes les entreprises auront accès jusqu’au 31 décembre 2023 au même guichet d’aide au paiement des factures de gaz plafonnées à 4 M€, 50 M€ et 150 M€.
• Report du paiement des impôts et des cotisations sociales : mesure ponctuelle accessible aux TPE sur simple demande.
• Étalement des factures d'énergie : les énergéticiens peuvent proposer un étalement des factures liées aux premiers mois de l'année sur plusieurs mois. Une demande du gouvernement qui coure « a minima jusqu'à l'été » selon Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME.
PGE : Possibilité d’étalement prolongée
Le gouvernement a entériné le prolongement de l'accord signé l'an dernier avec les banques et la médiation du crédit, sous l'égide de la Banque de France, qui permet d’étaler le remboursement des échéances du prêt (avec maintien de la garantie de l’État) jusqu’à dix ans, contre six initialement. Le dispositif perdurera jusqu’au 31 décembre 2023. Le programme est réservé aux entreprises qui ont emprunté jusqu'à 50 000 €. Après étude du dossier par la médiation du crédit, cette entité, adossée à la Banque de France, tranche pour autoriser (ou non) l’étalement des remboursements sans hausse de coût de la garantie. Reste que sur 2022, à peine 260 entreprises ont profité de la mesure et environ 600 dossiers de restructuration de la dette ont été instruits depuis l’instauration de cette option. Soit 0,1 % du total des PGE, quand la Banque de France anticipe 5 % d’entreprises qui auront du mal à rembourser. En cause, l’hésitation des entreprises craignant d’être marquées d’un fer rouge (car elle conduit bien à une mise en défaut de paiement) auprès des organismes financiers. À ce jour, un tiers des 143 Md€ de PGE a été remboursé, pour 685 000 entreprises bénéficiaires.