Le VE d’occasion s’offre son premier baromètre

Jérémie Morvan
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Renault Zoe_recharge

Parce que la décarbonation de la mobilité des Français va nécessairement passer par la démocratisation du véhicule électrique et, derrière elle, son accessibilité, Mobilians et l’Avere-France se sont associés – avec le soutien d'AAA Data et de Renault Group –pour concevoir le premier baromètre du marché du véhicule électrique d’occasion. Un marché naissant qui peut voir les pros jouer les premier rôles…

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« Il y a deux préalables à la pénétration du véhicule électrique (VE) dans le parc : une offre toujours plus riche en véhicules neufs (VN) – ce que les constructeurs opèrent depuis plusieurs mois – mais également une offre en matière de véhicules d’occasion (VO), six particuliers sur sept achetant leur véhicule d’occasion », rappelle Antoine Herteman, président de l’Avere-France.

Et sur ce marché trois fois plus important en volume que celui du neuf, les transactions concernant les VE ont concerné, avec 28 682 unités sur un total de 1,335 million de transactions, 2 % du total des ventes VO. S’il s’avère balbutiant en valeur absolue, il se montre en revanche dynamique en valeur relative, car en hausse de 70 % par rapport au premier trimestre 2020 ! Assez logiquement, les transactions portent sur des véhicules autrement plus récents que les VO thermiques échangés, 87 % des VE échangés ayant moins de 5 ans (contre 32 % pour les véhicules thermiques).
 

Des acheteurs plus âgés, plus aisés… et convaincus

Le baromètre s’est aussi penché sur le profil des acheteurs de VE d’occasion, qui n’est pas forcément celui que l’on croit. Ainsi, leur âge moyen est de 48 ans (43 pour les véhicules thermiques), sont plutôt aisés et, pour un quart des transactions enregistrées au T1 2024, il s’agit d’automobilistes qui conduisaient déjà un VE ! Preuve de l’adoption de cette nouvelle technologie par les consommateurs français. Autre idée reçue : il ne s’agit pas uniquement de citadins. Au contraire, les transactions de VE d’occasion s’opèrent pour 29 % dans les zones rurales. C’est 2 % de plus que pour leur équivalent thermique…

L’achat s’opère en outre de plus en plus souvent par le biais du leasing, qui représente aujourd’hui 32 % des échanges, contre 24 % en 2023. Et seulement 17 % en 2018.

Réassurance, le facteur clé

Face à cette nouvelle technologie, les consommateurs – bien que potentiellement très bien informés – sont en demande de conseil et d’accompagnement. Interrogations sur la durée de vie des batteries (environ la moitié du prix du véhicule), leur rechargement, l’utilisation du leasing plutôt que l’achat comptant, etc. Autant de clés d’entrée pour les professionnels, les plus à même de guider l’automobiliste dans son parcours d’achat et de lui fournir des services associés introuvables dans une transaction CtoC ! Aussi n’est-il pas surprenant de constater qu’ils représentent le canal très majoritairement utilisé par les acheteurs de VE d’occasion, pesant 78 % des transactions lorsqu’ils ne s’arrogent "que" 43 % des échanges de VO toutes motorisations confondues. Le canal BtoC enregistre ainsi une hausse de 73 % par rapport au même trimestre de l’année passée.

Des éléments à surveiller

Si les pros des métiers des services de l’automobile ont donc des cartes à jouer sur ce marché, celui-ci présente également des spécificités, qui sont tout autant des risques que des opportunités. Le cadre réglementaire et fiscal (bonus) doit montrer moins d’instabilité qu’actuellement, celle-ci entraînant des effets de bord sur le VN qui pourraient s’avérer dangereusement systémiques. Témoin : la baisse continue des ventes de VE neufs sur ces derniers mois… « La baisse des ventes de VN électriques va inévitablement avoir un impact sur le marché du VO car l’instabilité réglementaire liée aux modifications successives du bonus écologique pèse sur les intentions d’achat. Quant au leasing social, dont la reconduction est d’ores et déjà actée pour 2025, il convient de calibrer au plus tôt le dispositif avec l’ensemble de la filière », analyse Xavier Horent, délégué général de l’organisation professionnelle. Autre point à surveiller : les entreprises. « Les ventes VN à professionnels (hors loueurs) ont représenté 27 % du total en 2023 ; elles n’ont cependant représenté que 14 % des ventes de VE. Sur le marché des VO de 3 à 5 ans, il y a un risque à ce que marché naissant de l’occasion ne puisse se développer si les entreprises ne sont pas au rendez-vous », note pour sa part le président de l'Avere-France.

Autant d’écueils que le marché du VE d’occasion va devoir éviter pour parvenir à démocratiser la mobilité zéro émission. Et qui seront scrutés à travers ce nouveau baromètre trimestriel, qui devrait par ailleurs s’enrichir d’analyses ponctuelles sur des thématiques ciblées.

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Jérémie Morvan
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