[Atlas] Les ITG à la croisée des chemins
L’Europe déjà partiellement concentrée, la prise de position forte, voire de pouvoir, de groupes de distribution IAM version XXL qui commencent sérieusement à les cannibaliser : les groupements d’achats internationaux (ITG) répondent à l’appel du large.
Ces dernières années, les ITG, tous nés en Europe, ont mobilisé leur énergie pour s’étendre hors de leurs frontières continentales, en Amérique du Sud, Afrique, Asie. Ils y importent leur savoir-faire badgé IAM et leur poids comme centrale de référencement et négociateur de conditions, leurs concepts garages ou solutions digitales naissantes. Ils ouvrent ainsi des potentiels nouveaux clients à leurs fournisseurs. Nexus Automotive International a ainsi construit un modèle économique sur une échelle mondialisée et a trouvé rapidement sa taille critique auprès de distributeurs de taille intermédiaire, sur les marchés non encore saturés avec une distribution éclatée à l’écoute de consolidation de puissance d’achat… pour in fine revenir séduire les acteurs européens en rupture avec les groupements internationaux historiques ou exclus par de plus gros adhérents qu’eux. Amerigo International s’est lui aussi installé sur ce créneau du « worldwide ».
Car en Europe, la mission « historique » des ITG doit être réinventée. « Selon le niveau de coopération et de cohésion, les ITG pourraient permettre une meilleure planification et gestion des stocks », précise Fotios Katsardis (Temot International ). Mais les groupes de distribution grossissent, avec un pouvoir d’achat leur donnant la liberté de choisir fournisseurs – y compris en marques alternatives et privées – et assortiments à des conditions compétitives. Intégrés, ces groupes peuvent garantir des volumes, que l’hétérogénéité des stratégies de référencement de leurs adhérents interdit aux ITG.
Même en pleine crise des approvisionnements, on a d’ailleurs peu entendu les ITG, sauf certains demandant aux fournisseurs de ne pas oublier leurs adhérents dans la « short-list » des « premiers servis ». « Rester unis dans les moments difficiles n’est pas la règle. Le distributeur agit seul pour défendre ses intérêts, comme on le voit actuellement avec les différentes annonces des grands distributeurs », recadre Fotios Katsardis. Il leur reste quand même du grain à moudre : « N’oublions pas que même en Europe, il reste des petits acteurs ou même groupements nationaux qui ont encore besoin du soutien de la massification offerte par les ITG pour rester dans le marché », se plaît à rappeller un observateur.
Alors pourquoi LKQ, AAG ou PHE restent-ils fidèles à leurs groupements respectifs ? Par reconnaissance envers ces groupements qui les ont également aidés à grandir et dont, pour au moins deux d’entre eux, ils sont à l’origine (ADI et GAUI). Ces centrales d’achat se statufieraient-elles en simple « club » de gentlemen ? Non, car elles semblent entamer une mue pour endosser un rôle de mutualisation de réflexions, voire d’ouvreur de pistes pour anticiper les changements. Sans oublier qu’ils sont le porte-voix des distributeurs dans la bataille vitale de l’accès aux données.
Caroline Ridet