Le lobbying contre le giga-casting est lancé

Romain Thirion
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Une giga-presse construite par le fabricant italien Idra, fournisseur de Tesla.

Après avoir alerté sur les risques de renchérissement de la réparation que faisait courir le giga-casting, la Feda a lancé les grandes manœuvres auprès du gouvernement.

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Légiférer. Ou réglementer. A tout le moins, encadrer le processus de fabrication des véhicules par giga-casting. Voilà ce qu’a demandé la Feda aux Ministère des Transports, Ministère du Commerce et des PME et à la Direction générale des entreprises (PME) mi-novembre. L’organisation professionnelle de la distribution automobile est donc passée de l’expression de son inquiétude aux actions de lobbying afin de contraindre au maximum « la généralisation des méga-pièces et l’avènement de la "voiture jetable" ». Car les véhicules concernés pourraient être classés économiquement irréparables en cas de sinistre important impliquant leur structure-même.

« La Feda estime nécessaire d’imposer aux constructeurs automobiles un critère de réparabilité d’un véhicule endommagé par un choc de 0 à 60 km/heure »

Pour rappel, le giga-casting consiste à produire d’un seul bloc, à l’aide de giga-presses dotées d’une capacité de serrage de 9 000 tonnes, des parties entières du véhicule qui réclament en temps normal l’assemblage de plusieurs composants… voire plusieurs dizaines ! Particulièrement prisée lorsqu’il s’agit de fabriquer des structures en aluminium d’un seul tenant et populaire chez Tesla, qui l’utilise sur son Model Y et son Cybertruck, le giga-casting intéresse également fortement des constructeurs plus "populaires" et produisant à grand volume. Ford, Volvo Cars ou sa maison-mère chinoise, Geely, prévoient de produire des véhicules ainsi, s’ils ne le font pas déjà.

« Selon une étude comparative réalisée par les assureurs, la réparation d’un choc arrière important sur une Peugeot 2008 coûte actuellement 12 154 € pour 6,5 jours de travail. En simulant une conception par méga-casting, la même intervention serait facturée 15 402 € pour 11 jours de travail. Ce surcoût très significatif des réparations conduira nécessairement les compagnies d’assurance à revoir le niveau de leurs primes, au détriment du budget des ménages », plaide la Feda. Laquelle déplore, par conséquent, que la pratique du giga-casting compromette la soudure et le rivetage des batteries sur les véhicules électriques. L’empreinte carbone de pièces "giga-castées" serait de surcroît plus important en termes de transport, compte tenu de leur poids supérieur. 

Romain Thirion
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