
Alternative Autoparts empile les briques de produits et de services

Dolce Vita pour les 500 participants de la troisième convention du groupement, qui a réuni son écosystème pour quatre jours d’échanges et de découvertes à Rome. L’occasion de réaffirmer son ADN et de mobiliser distributeurs et réparateurs autour des nouveaux services dévoilés. Objectif : se mettre en ordre de marche pour relever les défis d’un marché en mutation.
Séance émotion pour Patrice Godefroy, le président d’Alternative Autoparts, face à un impressionnant parterre de 500 convives – distributeurs, réparateurs et fournisseurs – rassemblés en séance plénière. Cette personnalité de la rechange indépendante a mesuré alors « le parcours spectaculaire réalisé en neuf ans » qui revendique pour 2024 : 1 Md€ de CA consolidé par ses 187 adhérents distributeurs, 13 plateformes, 36 Relais Techniques et 200 réparateurs portant les couleurs Technicar Services. Et promis, pour la prochaine convention programmée pour 2027, que les ateliers seront 100 de plus !

« Ne nous abandonnez pas »
Patrice Godefroy a profité de ce moment de rassemblement à Rome pour interpeller la cinquantaine de fournisseurs partenaires, présents pour animer le salon, l’importance de maintenir la fourniture d’organes en rechange pour les véhicules anciens. « Ne nous abandonnez pas. Et pour le moins, si vous arrêtez une production, prévenez-nous à l’avance, que l’on puisse s’organiser. » Fabrice Godefroy, DG du groupement, complète : « Nous devons aller chercher des nouveaux fournisseurs (marques B) pour compléter nos gammes ! »
Au cœur de l’inquiétude : des références liées à la technologie diesel peu à peu arrêtées par les équipementiers. Pas question d’arrêter les productions de produits pour les véhicules thermiques, promettent d’une même voix Delphi et Bosch, « il n’y a pas de date de péremption sur les produits du parc thermique ».
Accompagner la mutation
Sur une matinée hyper-rythmée, les équipes du plus jeune des groupements, qui revendique la troisième marche du podium en France, ont enchaîné décryptage d’un marché en mutation et présentation d’une série de nouveaux outils destinés à accompagner les ateliers dans la transformation. « Lorsque le groupement a démarré, peu d’entre nous imaginait le chemin déjà parcouru. Mais il nous en reste encore beaucoup à parcourir. Et il va falloir s’adapter aux prochaines étapes, aux mutations du marché », insiste Julien Lefort, DGA et directeur des achats Alternative Autoparts, afin d’entraîner les garages dans le mouvement « sur un parc qui devient pluriel. Car si un véhicule roulant sur deux a plus de dix ans, les véhicules électriques, qui ne pèsent que 3 % du parc, vont gagner de la pdm. » Les équipes continuent donc d’ajouter des briques de produits et de services à la "maison" Alternative Autoparts.
1 Md€ de CA consolidé en 2024
187 adhérents pour 258 points de vente
13 plateformes
36 Relais Techniques
200 garages Technicar Services
Diversifier son panier pour coller à un marché qui bouge
« Il faut être diversifié pour continuer de gagner du terrain et servir toujours plus des besoins des clients », insiste Fabrice Godefroy. Ainsi, au portefeuille traditionnel, une offre axée « électrification » est en cours d’enrichissement avec déjà proposé un catalogue de 3000 références pour 5 familles de produits.
Quid de l’ouverture des stocks des distributeurs aux marques chinoises qui devraient s’installer sur le segment VE ? « Nous n’avons toujours par d’accès à des sources d’approvisionnement », remarque t-il. Avec une question récurrente : s’agira-t-il des mêmes fournisseurs pour les VE chinois ? Réponse rassurante de Bosch, qui fournit largement en première monte ces industriels : « Quand les besoins en rechange se feront sentir, nous pourrons vous fournir. »
Réparabilité oblige, le groupement pousse également les offres alternatives : marques propres bien positionnées, pièces issues de l’économie circulaire, notamment avec sa marque propre de pièces techniques TechnParts (turbos, machines tournantes, compresseurs de climatisation, vannes EGR), sourcée principalement chez HDI du groupe IDLP. Si la marque "maison" ne pèse aujourd’hui que 5-7 % du CA global, son offre devrait continuer d’être enrichie. Une offre d’autant plus importante pour les pièces dédiées aux technologies diesel qui semblent pas à pas abandonnées par les équipementiers !
De l’autre côté du spectre, la pièce d’origine est également entrée dans le panier AA, via le partenariat avec Autopuzz, pour peser aujourd’hui 1 M€ d’achats chez les adhérents du groupement. « Alternative Autoparts va chercher tous les produits qui nous ont échappés », insiste Julien Lefort. Une logique qui a également amené le groupement à s’investir sur le produit pneumatique, boosté par un adhérent de poids sur la spécialité, Districash ! Ainsi, un tiers des 187 distributeurs Alternative Autoparts utilise l’outil digital Districash pour déboucher sur 30 000 pneus vendus en 2024 pour viser un volume à 45 000 sur 2025.
Autres diversifications : le poids lourd avec la constitution de stocks sur l’entrepôt de Saint-Ouen-l’Aumône, ainsi que l’activité peinture qui monte en puissance dans le groupe IDLP, en parallèle du partenariat avec Centaure dédié aux gros faiseurs peinture (à peine 5 % des membres).
Boîte à outils digitalisée
« Le marché est extrêmement concurrentiel. Avec plus de 40 000 réparateurs actifs, vous devez gagner en visibilité vis-à-vis du grand public et cela passe par le digital », a interpellé Julien Merlaud, responsable marketing. Pour aider les 200 réparateurs Technicar Services à se mettre en avant, le site web a été refondu pour renforcer l’impact avec l’ajout des fonctionnalités « Présence management et de géolocalisation des ateliers » via la plateforme Partoo ainsi qu’un outil pour le recrutement. Et d’ici le mois de mai, un extranet sera activé.
Autre enjeu d’image pour le réparateur, « qui doit être perçu comme écoresponsable, formé et donc capable d’intervenir sur tous les types de véhicules (électrifiés compris) », décrit Sandra Henric, responsable du réseau Technicar Services. Un message reçu par 20 % du réseau d’ores et déjà labellisé « Expert Éco-Mobilité ».
Au total, les équipes continuent de bâtir la "maison AA" sur la base des fondamentaux du départ : « le produit, le service et le réseau », résume Julien Lefort.
Les mutations interrogées

Dans le cadre d’une table ronde, Fabrice Godefroy, DG du groupement, a rappelé « qu’entre la volonté politique d’électrification à marche forcée et la réalité du terrain, l’écart est énorme et nous sommes encore loin de la trajectoire espérée par la Commission européenne ». De quoi calmer le jeu, d’autant que ce militant-communicant qui a de longue date alerté sur la toxicité sociale des ZFE pouvait fêter la probable mise en sommeil des ZFE. L’occasion pour Daniel Berreby, directeur commercial Bosch Aftermarket France, de rappeler l’impératif de calibrer au plus juste l’outil industriel en fonction des volumes nécessaires à la poursuite (ou à l'arrêt) d’une production, mais aussi que la fin de la production de modèles thermiques programmée pour 2035 en Europe n’est pas la fin de l’histoire des pièces liées à ces technologies, « car l’Europe n’est pas le monde. Il n’y a donc pas de date de péremption sur les organes rechange ».
Assurer la plus longue durée de vie des technologies plus anciennes, mais également anticiper les injonctions de réduction des émissions de demain. On parle notamment ici de l’accès aux pièces répondants à la norme Euro7 avec une attention particulière aux organes de freinage (restriction sur émissions de particules). Les équipementiers se sont montré rassurants : « Nous avions anticipé l’application de cette nouvelle règlementation, donc nous sommes prêts et les pièces sont d’ores et déjà disponibles », a affirmé Daniel Rochefort, DG de Delphi France.
Et de rappeler une évidence : les technologies vont être plurielles avec le thermique et l’électrique, qui vont coexister longtemps. Mais aussi l'hydrogène déjà introduit en VI et qui pourrait s’installer en VP, ou encore les nouveaux carburants (biocarburants, carburants synthétiques). Autant de pistes crédibles pour la décarbonation, mais qui impliqueront une forte capacité d’adaptation pour les réparateurs. « Il faut former en continu les ateliers, mais également préparer les jeunes générations à ces nouvelles mobilités », a insisté Jean-Claude Dugeny, président de l’Aforpa. « Nous sommes à un tournant. Si l’automobile a toujours évolué, jamais nous n’avons connu de si lourdes transformations en si peu de temps. »
Mais chez Bosch comme chez Delphi, pas question de paniquer : l’électrique est une opportunité dont on ne mesure pas encore l’étendue que cela pourra représenter pour les ateliers quand le parc aura vieilli. « Quoi qu’il arrive, il faut s’y préparer », conclut Daniel Rochefort.
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