Bosch veut faire mordre la poussière à ses concurrents

Muriel Blancheton
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Bosch Freinage disque

Toujours « locomotrices » pour les entrées atelier avec des remplacements cadencés autour des 40 000 km et un parc roulant ancien (11 ans et plus), disques et plaquettes sont toujours au cœur des attentions des équipementiers. Pour se démarquer de ses concurrents aussi bien OE qu’aftermarket (Hella Pagid, Delphi, ZF…), Bosch joue sur ses investissements massifs en R&D, la qualité premium de ses pièces de freinage et son avance sur les prochaines réglementations, dont la norme Euro 7. 

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Celle-ci impose dès 2025 la réduction des poussières de frein (disques, plaquettes, freins à tambour) en première monte avec des matériaux plus durables et légers, des surfaces sur les disques conçues pour réduire l’usure des plaquettes, elles-mêmes fabriquées à partir de composites organiques plus respectueux de l’environnement. L’objectif est d’arriver à un seuil de 7 mg/km par roue en 2027 dans un premier temps, puis 3 mg/km en 2035 (contre 20 mg/km actuellement). L’équipementier s’est lancé dans la course à la poussière depuis 2019 en investissant massivement dans son centre d’expertise allemand de Karlsruhe (voir encadré) et planche également dans différents groupes de travail avec le Clepa, le VDA* ainsi que la commission « pollution et énergie » des Nations Unies (Unece/GRPE). 

Vers un nettoyage du marché

Ce calage anticipé permet aux équipes de Bosch d’affirmer qu’ils seront prêts voire en avance pour 2027, « notamment parce que demain, le disque en fonte n’existera plus, et nous évoluons avec les technologies de disques ! La norme Euro 7 suggère des investissements conséquents en temps et en équipements (bancs d’essai, outils de mesure…) pour l’OE. Ajouté au coût actuel de la norme européenne RCE R90 en remplacement, cela provoque une pression tellement énorme que certains fournisseurs ne pourront plus suivre la cadence, c’est certain. La barrière pour entrer sur le marché va être encore plus lourde à ouvrir », estime Andreas Mayer, le directeur de la division Freinage Aftermarket Monde de Bosch. Un obstacle qui provoquera un écrémage naturel du marché avec une norme Euro 7 qui sera également traduite dans la norme RCE R90…
*Clepa : Association des équipementiers européens
* VDA : Verband der Automobilindustrie (VDA), littéralement Union de l'industrie automobile, est un organisme chargé de définir les standards utilisés dans l'industrie automobile dans la zone d'influence allemande. 

Bosch lève le voile

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Bosch R&D Plaquette

Du sourcing des matières premières (et l’aluminium coûte cher) à la production, la guerre se joue dès l’amont pour Bosch, qui s’est installé sur trois continents pour développer ses composants en freinage : États-Unis/Mexique, Allemagne/Serbie et Chine assument les mêmes activités de R&D, production, marketing… et 2000 tests annuels sont mutualisés dans une base de données. À Karlsruhe, le laboratoire mesure et compare les matériaux avec la concurrence et (re)formule les ingrédients (céramique, fibres de carbone, résines…), jusqu’à trouver la meilleure adaptée à chaque série de véhicule. Pour la norme RCE R90, l’Allemand pousse à l’extrême le cahier des charges, au-delà des surchauffes et cisaillements possibles (conduction thermique, bruit et vibrations…), justifiant les trois années nécessaires pour développer une plaquette de frein.

Muriel Blancheton
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