F. Godefroy (IDLP) : « 12 % d’inflation moyenne sur les tarifs pièces relevés en 2022 »
Pour y voir plus clair, le distributeur a construit un baromètre pour suivre les augmentations de tarifs publics des équipementiers sur 2022. Et le DG d’IDLP anticipe une inflation tout aussi spectaculaire pour 2023.
Alors que l’INSEE estime à 5,9 % l’augmentation des prix à la consommation sur les douze derniers mois, le monde de la pièce de rechange, aurait doublé la mise sur l’année écoulée. Une flambée que l’on retrouve sur les biens de consommations dits « petit bazar » (+12,6%) et épicerie (+ 12,9%), selon le baromètre IRI Prix Vision (source : Linéaires).
Un taux d’inflation PR qui ressort de la surveillance mise en place par le leader français des indépendants de la pièce de rechange sur les augmentations tarifaires appliquées par les équipementiers. C’est donc une moyenne de 12 % d’inflation (chiffres à fin novembre comparé à la même période de 2021) que met en évidence le baromètre construit par IDLP à partir du Top 30 des plus importants fournisseurs du groupe sur lequel a été analysé l'ensemble des tarifs des références gérées. À noter que la peinture ne fait pas partie du panier, sachant que l’écosystème évalue les augmentations autour des 25% sur les 18 derniers mois et entre +15 et+17% estimé sur 2022 ! « Vu notre niveau de stock, notre baromètre est fiable. Et ce 12 % n’est qu’une moyenne sur les pièces. Certains fournisseurs sont en-dessous, mais d’autres largement au-dessus ! », précise Fabrice Godefroy.
Pour autant, pas question d’incriminer des équipementiers, « car ils subissent d’importantes augmentations de coûts qu’il était pour certains difficiles de ne pas répercuter. Et si certains fournisseurs ont essayé de temporiser en étant raisonnables en 2022, ils devront se rattraper cette année. Au vu de la situation géopolitique, de la crise énergétique, on peut craindre pour 2023 des augmentations de même niveau. »
Disponibilité au cordeau
Alors l’inflation, toujours une aubaine pour les distributeurs avec des chiffres d’affaires gonflés « à l’hélium », comme le pensent certains observateurs ? « Ce n’est qu’artificiel. Nous allons scruter avec beaucoup d’attention notre bilan », assure le DG d’IDLP, qui annonce encore une croissance à deux chiffres pour 2022.
Outre l’effet inflation, le distributeur estime également avoir profité d’une disponibilité remarquable dans ses stocks, attirant pour des pros en dehors de son périmètre de clientèle habituelle venus plus nombreux se dépanner chez IDLP.
Impact positif d’une médaille à deux faces « car nous avons dû lourdement augmenter notre valeur de stock. Pour anticiper les risques d’augmentations tarifaires que nous avons surveillés comme le lait sur le feu, mais aussi les retards de livraison, nous avons stocker plus large et plus profond, en faisant entrer parfois six mois de stock pour assurer notre disponibilité. »
« La rechange indépendante, l’économie circulaire, la MDD ou les pièces de qualité équivalente : autant des solutions alternatives anti-inflation qu’il faut pousser. »
Conjoncture porteuse, certes, mais attention
À cette nécessité d’avoir les reins solides pour porter ces stocks, les entreprises ont aussi été – et le seront encore plus cette année – confrontées à la flambée des coûts de fonctionnement. « N’étant pas entreprise industrielle, la distribution est peu impactée par l’inflation de l’énergie. En revanche, notre métier performe avec le service de livraison (quatre fois par jour chez IDLP) très consommateur en carburant, et notamment en Diesel qui va continuer d’augmenter (fin des ristournes gouvernementales et nouvelle étape de l’embargo sur les produits pétroliers russes en février). Cela va peser très lourd dans les charges de l’entreprise », s’inquiète Fabrice Godefroy.
Car le DG d'IDLP regarde plus loin et s’inquiète d’un possible retournement d’une conjoncture actuellement porteuse pour la rechange indépendante (merci l’achat VN inaccessible pour cause de flambée des tarifs et de pénuries) avec des automobilistes au pouvoir d’achat « réduit à peau de chagrin » qui pourraient devenir frileux à faire entretenir (voire réparer) leur voiture « de plus en plus âgée ». Sans oublier l’impact d’une inflation « subie de plein fouet par les garagistes en flux tendu sur l’approvisionnement en pièces ». Reste que sur 2022, à l’instar de l’écosystème, IDLP a dû répercuter une partie de ces hausses « avec un curseur difficile à trouver entre ce qui était acceptable pour nos clients et l’équilibre de l’entreprise ».
Remèdes à l’inflation
Cependant, pour lutter contre cette inflation déstabilisante, les solutions existent. Ainsi, l’an dernier IDLP a réagi en multipliant les opérations promotionnelles. Sur Equip Auto, le distributeur a mis en avant des « offres pré-saison » sur les pièces, suffisamment alléchantes pour séduire nombre de distributeurs. « Alors que traditionnellement, le salon était surtout l’occasion de vendre du matériel, sur l’édition d’octobre nous avons battu des records sur la vente de pièces de rechange. »
Autres leviers anti-inflation : jouer la MDD, les pièces issues de fournisseurs de rang 2 – « on regarde un peu plus de ce côté » –, mais aussi l’économie circulaire intégrant l’échange standard, historique chez IDLP et industriel depuis 2006 avec le rachat de HDI, sans oublier la PIEC. « Sur ce sujet, il est clair qu’il faut plus communiquer vers les garages, mais aussi les particuliers qui ont encore une mauvaise appréhension de la qualité des PIEC. Il y a un vrai besoin de marketer la communication sur ce thème pour être plus percutant. » Car de fait aujourd’hui, « ce remède anti-inflation » peine à atteindre les 5 % de pdm du volume pièces – 10 % de pdm étant le niveau jugé atteignable pour les spécialistes – alors même que depuis 2017 les réparateurs ont l’obligation de les proposer sur les devis. « En 2022, nous avons réagi face à l’inflation qui nous a pris de court. Sur 2023, nous devons monter des plans, poussant toutes ces solutions alternatives avec des actions ciblées », conclut-il.