Pneumatiques : La distribution met la pression

Le pneu, enfin générateur de marge avant même de générer du trafic ? « Il l’a toujours été et le sera encore bien davantage avec l’électrification. Les enjeux financiers sont conséquents, à hauteur de plusieurs milliards d’euros rien qu’en France », estime Christophe Rollet, le directeur général de Point S*. Longtemps considéré comme un parent pauvre, le pneu est (re)devenu le voisin utile ! Plus technologique, plus large, plus cher et plus vertueux (de sa production à son recyclage), ce point de liaison à la route chausse un parc circulant et vieillissant de 44 millions de véhicules (VL+PL) ! 
Mieux, l’augmentation du mix grâce aux dimensions plus hautes rentabilise enfin le produit et profite à toute la chaîne de valeur. Si la distribution met un point d’honneur à (ré)activer tous les leviers pour pousser leurs réparateurs à (re)faire du pneu, ce n’est pas un hasard. Objectif : (re)concentrer les volumes, (re)trouver de la marge et le chemin des stocks, même pour un produit d’appel aussi concurrencé et encombrant. « D’où l’intérêt de disposer d’une structure achat dans son réseau afin d’avoir une vision du stock, son coût, son amortissement et sa profitabilité », ajoute Christophe Rollet. Le pneu jette même des ponts vers le terrain de la diversification pour certains. Le mot clé de toute la profession est le même : la rentabilité pour tous ! Les opérations commando ont d’ailleurs débuté chez les distributeurs il y a déjà plusieurs années, à commencer par l’Autodistribution avec SLPA/Chronopneus. Une sorte de coup d’envoi officiel.

« De notre côté, nous n’avons jamais lâché le pneu et cela va continuer », observe Enrique Vicente. Le directeur commercial et marketing de l’Agra planche sur une marketplace BtoB englobant la pièce et le pneu, adressée aux distributeurs en priorité mais duplicable chez les réparateurs ensuite. Au préalable, il a mis un point d’honneur à calculer à l’euro près le gain potentiel par client pour ses réparateurs Proximeca et Point Repar : temps du productif, nombre de pneumatiques, charges fixes et variables, coût de la prestation, montage et rééquilibrage… Le total HT permet d’afficher un tarif proche des 100€ de l’heure ! Mieux qu’un médecin généraliste ! Autre exemple avec Avatacar qui a mis le pneu sur scène lors de sa dernière convention en présentant un arsenal complet, marqueur de l’histoire familiale (Groupe Massa) : une plateforme à Beaune et neuf plaques régionales, 600 000 pneus stockés, 20 000 références, 45 transporteurs régionaux (98 % de taux de service) et 11 transporteurs nationaux (94% de taux de service).
S’il est vrai que le contexte actuel anxiogène (conflit russo-ukrainien, pénurie et crise énergétique) fait baisser les volumes, la profession se positionne déjà vers le monde d’après. L’électrification ne renversera pas la table du jour au lendemain, mais le pneu sera bien la tête de gondole de l’atelier. Et la hausse des dimensions sur des véhicules plus lourds gonflera la valeur d’un marché où les marques Premium, quelques fois déstabilisées (elles ont perdu 5 points en 2022), ont toujours dominé.

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