Formation dans les réseaux : l'obligation d'être prêt

Romain Thirion
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Carrossiers Fix Auto en formation

Pratiquant une activité liée à la sinistralité, les carrossiers multimarques sont appelés à recevoir des véhicules beaucoup plus récents que leurs confrères mécaniciens. Ils sont donc contraints de rester au contact des nouvelles technologies et des nouvelles techniques de réparation. Leurs réseaux ont aujourd’hui les armes pour les maintenir au niveau.

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Si l’âge moyen du véhicule au moment du premier sinistre est estimé à sept ans par les observateurs du secteur, un nouveau modèle peut très bien connaître un choc dès sa première année de vie. Les carrossiers ont donc beaucoup plus de chances d’accueillir dans leur atelier des véhicules de dernière génération. Aujourd’hui, l’électronique et l’automatisation ont beaucoup plus d’impact sur la partie visible des véhicules qu’auparavant. « La carrosserie est une activité très singulière qui exige beaucoup de précision. Et les carrossiers font face à plusieurs défis : une baisse de la sinistralité, une hausse du prix des produits et de l’énergie et de nouvelles technologies qu’ils doivent maîtriser ! Il faut se battre pour assurer la pérennité de son entreprise », reconnaît Florence Galisson, directrice marketing des réseaux VL d’Alliance Automotive Group.

La prise de conscience ne date pas d’hier. « Lors de notre Congrès de Malte en 2018, nous avions beaucoup insisté sur l’émergence de la calibration ADAS comme prestation à maîtriser, ainsi que sur les habilitations à l’intervention sur les véhicules électriques et hybrides. Depuis, la formation à ces pratiques s’est imposée », affirme Olivier Hélore, responsable national du développement des services à la réparation pour Autodistribution. Ainsi, les enseignes de réparation-collision ont repensé leur approche de la formation au cours de la dernière décennie et construit des programmes se rapprochant plus ou moins de plans de formation en bonne et due forme.

De plus en plus de plans de formation

« Le bureau des carrossiers AD décide du plan de formation sur la base des projets que nous leur soumettons. Toutefois, nous ne pouvons que promouvoir le plan de formation et non l’imposer. C’est à chaque carrossier de piocher dans l’intégralité du programme défini par le réseau », ajoute Olivier Hélore. Il faut que celui-ci soit en phase avec la réalité des carrossiers eux-mêmes. « La formation est un outil mais pour mieux la proposer, il faut la recontextualiser », insiste Florence Galisson. Et il faut un référentiel. « Notre plan de formation a été défini suite à un audit du GNFA il y a quelques années. Le plan avait été financé par l’ANFA et nous avons mis à niveau nos carrossiers dans la foulée. Aujourd’hui, il continue avec des sessions auprès des constructeurs pour des techniques comme le redressage, le collage ou la soudure alu », détaille Matthieu Rochegude, secrétaire général de Carflex.

Chez Fix Auto, réseau franchisé, le plan de formation dépasse même les compétences techniques. « La franchise est un business model prouvé et dupliqué. Le plan de formation concerne à la fois le franchisé et ses équipes : il y a des formations techniques, bien sûr, mais aussi des formations sur nos procédures, nos outils de gestion, des formations pour le secrétariat, le management », énumère Charlotte Grouillard, responsable développement franchise Fix Auto France.

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Formation rénovation d'optiques chez CESVI France

Réappropriation de la formation

Longtemps, la formation des adhérents des réseaux était confiée à des prestataires externes comme DAF Conseil, ou s’appuyait sur le GNFA. Mais depuis quelques années, certaines enseignes se réapproprient la formation continue. A l’image de Carflex, « reconnu comme organisme de formation avec un catalogue étoffé » selon Matthieu Rochegude, ou du réseau AD. « L’institut AD nous rend autonomes sur l’établissement des fiches pédagogiques et la tenue des modules : la quasi-intégralité de nos formations y est traitée. Mais elles s’appuient souvent sur des partenaires », reconnaît Olivier Hélore. « Nos formations sont parfois coconstruites avec des partenaires externes pour la partie réglementaire, commerciale ou technique. Pour le commerce, nous nous appuyons sur Trainer Concept et pour tout ce qui est atelier, nous travaillons avec le GNFA et Cesvi France », explique Céline Sicre, responsable des ressources humaines de Fix Auto.

Le technocentre du groupe Covéa est d’ailleurs devenu en moins de dix ans l’un des partenaires les plus prisés des enseignes de carrosserie. « Ce sont les équipes du Cesvi qui se sont déplacé dans toute la France pour notre Electric Five Star Tour des habilitations VE/VH. Et ce sont elles qui vont œuvrer sur notre Repair Zen Tour consacré à notre concept de carrosserie rapide », précise Catherine Duyck, responsable marketing & services Five Star. Pour ce qui est de la peinture, en revanche, le réseau adossé à Axalta laisse la main au distributeur. Ce qui reste le cas aussi chez AAG. « La formation est organisée par le distributeur Groupauto ou Précisium, qui recense les besoins de ses carrossiers. DAF Conseil prend ensuite le relais côté formations métier », souligne Florence Galisson.

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Institut AD dans le Rhône

Quand les fondamentaux prennent de l’ampleur

La palette de compétences que le carrossier doit maîtriser ne fait que s’étendre avec la complexité croissante des véhicules. Toutes les prestations de pointe ne font pas consensus, mais presque. « Hormis la calibration ADAS, sur laquelle nous réfléchissons, les habilitations électriques, la soudure alu, la réparation des plastiques, la géométrie sont devenus des fondamentaux », témoigne Céline Sicre (Fix Auto).

La conquête du marché de la bobologie et du hors assurance pousse même Five Star à déclarer « fondamentale » la carrosserie rapide. Mais le challenge du moment reste l’habilitation électrique et la recalibration des ADAS. « Ce sont des prestations qui impliquent une continuité d’action car la technologie évolue tout le temps, tout comme pour le diagnostic électronique avec les notions de Gateway et de Passthru », concède Olivier Hélore (AD).

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Electric Five Star Tour

La formation en distanciel balbutie

Hommes de l’art, les carrossiers privilégient naturellement la formation en présentiel. Les modules à distance peuvent néanmoins répondre à une partie des besoins, en particulier pour les formations réglementaires, commerciales ou administratives. « Chez Carflex, la formation en distanciel est surtout dédiée à la maîtrise de nos outils digitaux », témoigne Matthieu Rochegude.

« Nos formations se font à 90 % en présentiel. Depuis 2020, toutefois, nous avons lancé le Campus AD, sur lequel les retours sont positifs, même s’il ne chamboule pas les habitudes : il y a une forme de culpabilité pour le carrossier de rester devant un écran pendant que ses compagnons peignent ou tapent dans la tôle », regrette Olivier Hélore. « Le distanciel peine à décoller : quand ils sont dans leur entreprise, les pros sont trop accaparés par le quotidien », reconnaît Catherine Duyck (Five Star).

Romain Thirion
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