La PRE doit encore convaincre, les génériques complètent le dispositif

Muriel Blancheton
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« Chez les pros, il y a ceux qui l’utilisent depuis longtemps, et ceux qui s’y obligent et cherchent des solutions, avec les problématiques de marges, de transport, de stockage… » Sandra Brignon (Opisto) résume la situation d’un produit devant encore se faire adopter par l’écosystème. Car décréter ne suffit pas, il faut aussi mettre en œuvre les conditions assurant la réussite de la pièce de réemploi. Ainsi, en industrialisant son offre via BacktoCar, AAG a débridé certains de ses réparateurs zappant la PRE faute d’un sourcing facile. Mais les réparateurs restent frileux à y aller, hors sauvetage d’un véhicule économiquement irréparable. Des freins subsistent.Pourtant, la filière se structure, mais doit encore s’améliorer. « Nous travaillons sur l’optimisation des process pour assurer qualité et transparence », assure Christian De Paris (Caréco). Reste la pénurie, avec une offre qui ne suit pas l’évolution du parc, et des délais de livraison deux fois plus importants. La pièce neuve permet donc toujours d’être plus réactif. Autre frein : les prix qui flambent réduisant leur rentabilité. Toutefois, « cette augmentation stoppe l’exportation des VHU et sécurise l’approvisionnement. Cela rend la valorisation économiquement rentable et permet aux carrossiers de sauvegarder des marges acceptables », tempère Olivier Cor (Indra). Leur prix se stabilise entre 50 et 70 % du prix du neuf. Restent les experts et assureurs, qui ne comptent pas le temps de démontage, de remise à neuf. Pourtant, la PRE est une chance pour les indépendants : son reconditionnement est valorisant pour eux et valorisable vis à vis du client, assure Benjamin Labonne (Carrosserie Labonnne). Si les indépendants parviennent à conjuguer axes d’économie et de satisfaction client de la PRE, ils gagneront un atout par rapport aux réseaux constructeurs, assure Alexandre Cervini (Innovation Group). « Serait-il acceptable qu’une pièce reconditionnée coûte plus cher en prenant en compte son impact sociétal et environnemental ? On le fait déjà pour les produits bio », s’interroge Benjamin Labonne. Pas sûr que les assureurs l’entendront ainsi !Caroline Ridet
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Les génériques sécurisent leur imageOrigine ou de qualité équivalente, la concurrence s’est installée autour de la pièce de carrosserie. Car si les distributeurs spécialisés – Saint Amand Service France (AAG), Cora (PHE) et Aniel – sont légalement obligés de distribuer des pièces d’origine pour les marques françaises, pour les modèles anciens ou d’autres constructeurs, « nous apportons une vraie alternative à la pièce d’origine. La plupart des fabricants de pièces génériques sont sous-traitants des constructeurs. Nous exerçons un gros travail de sélection », expose Vincent Belhandouz (Aniel). Hormis pour les véhicules anciens, il n’est plus question de modèles adaptables, qui nécessitent d’être retravaillés par le carrossier. Quant aux pièces captives, « la distorsion de marché est telle qu’un pare-chocs acheté en France chez le constructeur coûte 200 €, contre 100 € dans un pays hors monopole. Sachant que le constructeur l’a acheté 10 €… Nous achetons la pièce à l’étranger par lots. Nos stocks colossaux permettent de faire la différence », explique le patron d’Aniel. Même logique de sourcing maîtrisé chez Cora qui, en reprenant le Néerlandais Geevers Auto Parts, sécurisait et complétait son offre en pièces de marques étrangères.Outre afficher des remises avantageuses (en moyenne - 50 %), ces pièces de qualité équivalente ont introduit une dose de concurrence sur ce marché de monopole et obligé les constructeurs à gonfler les remises sur leurs pièces. Et la libéralisation des pièces captives devrait accentuer cette guerre des prix. Le patron d’Aniel anticipe un effondrement des prix des versions génériques et l’arrivée de nouveaux acteurs qui le pousseront à être plus agressif. Une concurrence profitable pour les marges des réparateurs, qui devront en contrepartie être vigilants sur la qualité. Pour garantir son sourcing en produits de qualité, le distributeur toulonnais a déposé les marques « pièces de qualité équivalente » et « pièce de qualité équivalente certifiée conforme » (par les organismes allemand et espagnol).Nicolas Girault
PRE-générique : le couple gagnant« Pièces de réemploi et équivalentes sont complémentaires. Car si les portes ne sont pas disponibles en qualité équivalente, en revanche, on a tout en pare-chocs. Ce couple est le vrai concurrent de la pièce constructeur », milite Vincent Belhandouz (Aniel). Et ceci d’autant que de l’avis de tous, les concessionnaires n’iront pas sur les véhicules de leur marque. Ces deux leviers sont la vraie valeur ajoutée de la carrosserie indépendante, qui différencie son offre et valorise ses savoir-faire.
Muriel Blancheton
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