Pièces de réemploi : l’optimisme est de mise

Romain Thirion
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Cinq ans après le décret, la pièce de réemploi ne représentait toujours que 3 % des pièces prises en charge par les assureurs en 2020. Pas de quoi alarmer les principaux acteurs du marché.

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Car toutes les pièces d’occasion ne font pas l’objet d’une indemnisation. « Beaucoup de chiffres circulent, mais je pense que les PRE pèsent 3,5 à 4 % du volume total de pièces vendues en France. Une progression importante puisqu’elles tendaient vers les 2 % en 2016 : le marché a tout de même doublé », remarque Olivier Cor, directeur des ventes du réseau de centres VHU Indra .

Prime à la carrosserie sur le Web

Responsable de PREcis, catalogue et outil de commande en ligne du groupe, il ajoute que « les nouveaux outils de vente à distance ont rendu le commerce de pièces d’occasion plus facile ». Traçabilité des pièces et digitalisation ont naturellement boosté la vente de pièces de robe.

L’an dernier, Olivier Cor affirmait que, « au comptoir, les centres VHU vendent 70 % de pièces mécaniques pour 30 % de pièces de carrosserie, alors que c’est l’inverse sur PREcis ». Mais il ne s’agit que de volumes. « Si les pièces de carrosserie “extérieures” représentent 52 % de nos ventes, le gros de la valeur est obtenu sur la vente de pièces de grosse mécanique, qui ne pèsent que 5 % des volumes écoulés sur nos plateformes », explique Laurent Assis-Arantes, cofondateur et CEO d’Opisto . Comprendre, par « grosse mécanique », les moteurs et boîtes de vitesses. En revanche, la « petite mécanique » pèse 16 % des ventes d’Opisto et 27 % les pièces visibles d’intérieur. « Les coûts de réparation en carrosserie poussent davantage de véhicules vers la sortie et nous arrivons donc mieux à sourcer les pièces extérieures les moins choquées, comme les pièces latérales et arrières.

En outre, les pièces mécaniques sont plus durables que par le passé, ce qui explique aussi pourquoi la carrosserie progresse dans nos volumes », relève Didier Richaud, fondateur du réseau Caréco .

Il faut communiquer !

Le stock de PRE augmente avec l’âge des véhicules entrant dans les centres VHU, mais une pièce d’occasion reste recevable assez tôt dans la vie du véhicule, dès cinq à sept ans. Encore faut-il communiquer sur leur disponibilité. « Le décret PIEC a permis d’attirer davantage l’attention sur la PRE et aujourd’hui, 100 % des assureurs poussent dans cette direction, ce qui constitue un gros levier et amène de plus en plus de réparateurs à y recourir. Mais l’obligation d’information du client n’implique aucune contrainte, donc l’effet de loi n’est pas si important », regrette Laurent Assis-Arantes. « Il reste beaucoup de communication à faire mais il faut que les stocks soient là, que les réparateurs soient prêts à en proposer et que leurs DMS s’adaptent. L’ère de l’écoresponsabilité commence seulement et les clients qui réclament de la PRE seront toujours plus nombreux », ose Didier Richaud, optimiste.

Back2Car : le pari de l’industrialisation

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En 2016, Alliance Automotive Group investissait le marché de la PRE par croissance externe – rachat de six centres VHU – mais en industrialisant le process de déconstruction et en repensant le modèle de commercialisation. L’objectif était de surfer sur la réglementation pour fournir aux réparateurs, via leurs réseaux de distribution, une qualité de produit en phase avec les attentes notamment des professionnels. Mais aussi de faire du commerce pour rendre la PIEC plus « fréquentable » avec la création de la marque Back2Car . Quatre ans plus tard, le groupe pilote six usines générant 40 M€ de CA et annonce un portefeuille de 17 000 clients réparateurs.

Nouvelle étape: la marque vient de lancer une version grand public de son portail de vente en ligne. Outre s’ouvrir le marché des particuliers (50 % des ventes de PIEC en France), il s’agit aussi de faire de la pédagogie en d’aider l’écosystème à éliminer les freins des consommateurs vis-à-vis de la PIEC.

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Le vrai-faux coup de pouce du décret

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Le « décret PIEC » de 2016 impose aux réparateurs de « mettre les consommateurs à même d’opter pour l’utilisation, pour certaines catégories de pièces de rechange, de pièces issues de l’économie circulaire à la place de pièces neuves ». Mais selon Julien Dubois (France Auto Reman ), « c’est tout l’art littéraire français qui s’exprime dans ce texte, avec cette obligation non contraignante. Le décret PIEC a poussé la communication sur le sujet.

Mais le texte est paru il y a déjà cinq ans et le marché n’est encore qu’à 5 %. Et quand cela fera dix ans, il ne sera qu’à 10 % ? Il faut aller plus vite. » Sébastien Le Rendu (Faral) se désole : « Au rythme de 1 % par an, on ne sera à la hauteur des espérances que dans quinze ans. » Le décret limite aussi les PIEC prescriptibles : les organes dits « de sécurité » sont exclus de l’équation. Mais même sans cela, les volumes de pièces remanufacturées ou de réemploi peuvent être multipliés. « Il y a trois leviers : la démarche commerciale des fournisseurs, qui doivent faire valoir un perfectionnisme digne de la première monte ; la confiance des distributeurs et des réparateurs dans l’offre marché ; et la marge permise par la PIEC », insiste Frédéric Ferrari (Asysum ).

Romain Thirion
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