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La PFA a-t-elle vraiment les moyens de ses ambitions?

Jean-Marc Pierret
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Le Canard Enchaîné du 15 janvier dernier est descendu sans ménagement dans les comptes de la Plateforme de la Filière Automobile (PFA). Un article qui, en creux, éclaire aussi d'un jour nouveau le transfert tonitruant, fin 2018, de Valeo, Faurecia et plastic Omnium de la Fiev vers la PFA...
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La PFA (PlateForme Automobile), qui a l'ambition de représenter toute la filière automobile en France, vient de bénéficier d'une exposition médiatique dont elle se serait vraisemblablement passée. Dans son édition du 15 janvier, sous le titre «L'ex-ministre Luc Chatel fait un casse au Salon de l'Auto», Le Canard Enchaîné a consacré un long article à ses problématiques financières et organisationnelles.

Même si elle revendique représenter 4 000 entreprises (constructeurs, équipementiers, sous-traitants et acteurs de la mobilité), la PFA semble budgétairement souffrir. Selon le palmipède, elle affichait 775 000 € de pertes en 2018, puis 1,18 million en 2019. Un déficit cumulé de 2 millions d'euros que la PFA aurait couvert en puisant dans la trésorerie du Comité des Salons. Cette entreprise, forte de sa «rondelette cagnotte [qui] s'élevait à 4,3 millions d'euros», chapeaute le Mondial de l'Auto et avait en effet fusionné avec la PFA début 2018. D'où le titre de l'article...

Les dessous du Mercato équipementier de 2018 ?

En creux, l'enquête de l'hebdomadaire vient ainsi éclairer d'un jour nouveau le psychodrame du transfert de Valeo, Faurecia et Plastic Omnium qui quittaient brutalement la FIEV fin 2018 pour s'en aller siéger au conseil des présidents de la PFA avec Renault, PSA et Michelin. A l'époque, de vilaines rumeurs avaient laissé entendre que le départ des trois grands équipementiers était lié au refus de la Fiev d'adouber leur candidat à sa présidence, voire à la personnalité de Claude Cham revenu alors à sa tête.

Il apparaît aujourd'hui que l'arrivée des trois équipementiers dans l'organisation n'avait peut-être pas comme seul but de punir la Fiev ou de renforcer la crédibilité de la PFA. Leurs cotisations respectives, qui ont évidemment manqué au budget de la Fiev (qui depuis l'a renforcé par l'arrivée de 8 nouveaux adhérents), sont certainement venues remettre en partie la PFA à flot...

Plus de charges que de recettes

Mais à en croire Le Canard Enchaîné, l'arrivée de Valeo, Faurecia et Plastic Omnium n'aura sûrement pas suffi à redresser la situation. Car selon l'hebdomadaire, Luc Chatel, le président de la PFA, a présenté une inquiétante note confidentielle au conseil des présidents du 8 novembre dernier. Elle expliquait qu'aucun budget de fonctionnement n'était défini en 2020, au risque sinon de forcer le commissaire aux comptes «à déclencher son devoir d'alerte auprès des actionnaires».

La raison de cette prudence, Le Canard Enchaîné pense l'avoir trouvée. Il révèle qu'en face des cotisations des industriels adhérents (1,8 million par an), la PFA oppose une masse salariale conséquente pour fédérer une équipe de seulement 7 à 8 personnes : 1,04 million d'euros en 2017, puis 1,47 million en 2018, «dont un bon tiers pour Luc Chatel lui-même», persiffle l'hebdomadaire. Interrogé par ce dernier sur le sujet, le président de la PFA assume : «C'est normal. L'objectif, c'était une petite équipe de haut niveau».

Urgent d'attendre...

D'autres dépenses sont également venues déséquilibrer les comptes de l'organisation. Comme le rachat d'AMC Promotion, organisateur du Mondial de l'Auto depuis 1991, pour 1,1 million d'euros. Il est vrai qu'ils sont en partie compensés par les 500 000 € tirés de la revente de 50% d'AMC Promotion à Hopscotch, société choisie pour co-organiser le Mondial 2020.

Reste que la PFA ne semble en tout cas pas disposer, au sens financier du terme, de tous les moyens de son ambition, à savoir réunir l'ensemble des fédérations de la filière au sein d'un grand lobby automobile, unique et puissant, comme la France a toujours été incapable d'en constituer. Dans ces conditions financièrement incertaines, on peut aussi comprendre que les autres organisations professionnelles du secteur, supposées rejoindre ladite PFA avec leurs produits et trésoreries respectives, veulent bien voisiner avec elle mais sans vraiment s'empresser d'en pousser sa porte.

A commencer peut-être par la Fiev qui, lorsqu'elle réfutait le candidat des trois équipementiers pour des raisons statutaires, préservait du même coup sa distance, sa réserve... et ses réserves face aux dispendieux appétits de la PFA.

Jean-Marc Pierret
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