Reconditionnement VO : Emil Frey France et BCA attaquent
Après un premier site à Poitiers l’an passé, les deux partenaires entendent quadriller le territoire avec quatre Centres de Rénovation VO supplémentaires d’ici trois ans. Au cœur du deal noué entre Emil Frey France et BCA : la rentabilité par des process industrialisés incluant une logistique acérée. A la clé, 150 000 VO par an et 1200 emplois non délocalisables…
« CRVO est rapidement devenu une évidence ! », lance Hervé Miralles, le président d’Emil Frey France. Ainsi, après Ingrandes sur Vienne (86) en 2020, Emil Frey France et BCAuto Enchères déroulent une feuille de route millimétrée jusqu’en 2024 avec 4 nouveaux sites de reconditionnement, dont Lens (62) dans les starting-blocks pour une ouverture en 2022, puis le Grand Est et le Sud-Est, et enfin la région Rhône-Alpes, plus précisément autour de Lyon. La capacité totale de production devrait atteindre les 150 000 unités traitées, avec 50% des volumes issus d’Emil Frey France et 50% de BCAuto Enchères. Le premier distributeur VN avec ses 250 concessions (29 marques) et ses 223 000 véhicules vendus - dont presque 50% de VO annuels - pour 4,6 Md€ de CA, accélère donc sur le reconditionnement, avec BCA, le spécialiste européen du remarketing (3 Md€ de CA), via une joint-venture à parts égales. Car les deux protagonistes sont « intimement liés » depuis 2014 à travers l’outil de reprise et de cotation MarketPrice : BCAuto Enchères collecte et revend à pros des occasions reprises en exclusivité dans les concessions d’Emil Frey.
Six ans plus tard, l’heure est au VO reconditionné en mode industrialisé pour une revente à pros rentabilisée. Les Centres de Rénovation d’Emil Frey et BCA concentrent leurs propres volumes, des 3 à 5 ans issus des concessions du groupe, ou des captives, constructeurs, pure players, clients de BCA. Chaque centre est bâti pour raccourcir au maximum les délais entre la reprise du véhicule et sa réinjection dans le circuit de vente. Surtout, le mode « Kaizen » et « Lean Management » permet un flux « tiré » et continu grâce aux postes dotés d’outils derniers cris, pilotés par des équipes formées au cordeau, jusqu’à la logistique immédiate via des transporteurs de proximité. Résultat : 15 jours entre le départ du VO de la concession vers le CRVO et son retour (dont 9 heures de rénovation usine).
Chaque centre nécessite un investissement moyen de 18 M€. Le premier, celui d’Ingrandes, reconditionne déjà 22 5000 VO/ an (avec 180 personnes) pour alimenter les besoins des 44 concessions alentours ainsi que les clients locaux de BCAuto Enchères. Il annonce 97% de taux de services et 100€ d’économie par véhicule. « Un montant qui peut paraître dérisoire, mais multiplié par le nombre de véhicules annuels, le résultat devient vite parlant », indique Hervé Miralles (ci-contre).
Parcours en 8 séquences
Le deuxième à Lens (18 500 m2) absorbera 45 000 véhicules chaque année, issus d’au moins 58 concessions du groupe. Il emploiera 360 personnes. "Une opportunité pour BCA car Lens est idéalement placé pour nos clients européens", indique Olivier Fernandes, le directeur général (ci-contre). Et dans ce deal, apparaît même une particularité : la sortie de terre de deux plateformes PR constructeur, celles de Renault et Ford, qui occuperont 50% de la surface à elles-seules, tout en étant juridiquement autonomes. « C’est une opportunité de massification logistique pour eux. Le site de Lens est au cœur de leur stratégie pièces. Mais ils sont hors de notre joint-venture. C’est une sourcing idéal pour notre CRVO de Lens qui concentre 70% de volumes Renault », indique le président d'Emil Frey France.
Pour chaque site, huit zones de travail cadencent le parcours du VO : lavage, expertise, magasin pièces, mécanique, carrosserie, préparation, contrôle qualité, studio photo, stockage et livraison. Les équipements dernière génération permettent de gagner en productivité sur tous les postes, mais la zone carrosserie est particulièrement soignée car elle bénéficie d’équipements de dernière génération : la FixStation alliant cabine de peinture et poste de travail, permet 3 à 4 réparations par équipe sans déplacement. L’agencement sur rails Fixline déplace le véhicule vers chaque étape (ponçage, masticage, bâchage, apprêt, peinture et vernis, polissage) et permet de réduire de deux jours les délais de livraison. La Moonwalk prend en charge le stockage et la conservation de la peinture ainsi que la sélection et la distribution précise des différents ingrédients (après le flashage de la teinte) et réduit de 30% la consommation de peinture et de vernis. Le générateur d’azote Eurosider facilite la pulvérisation et permet une économie de 20% sur le produit utilisé. Enfin, le Fly Dry fait baisser de 18% la consommation de gaz par une technologie de chauffage par arrachement moléculaire. « Mais tous ces procédés nécessitent des équipes qualifiées. Elles sont ainsi toutes formées à ces nouveaux métiers », indique le président d’Emil Frey France.
Naissance d’une filière de formation ?
Le recrutement et la qualification sont bien au cœur du process. Les cinq CRVO promettent la création nette de 1200 emplois impossibles à délocaliser. Un argument qui devrait convaincre les régions où souhaitent s’implanter les deux acteurs et faciliter leurs recherche de surfaces dimensionnées à leurs mesures. Emil Frey France et BCA envisagent même de créer une filière de formation spécifique en puisant dans les lycées pros et les centres de formations internes du distributeur. « Nous prenons un engagement sur l’emploi et les compétences nouvelles, car les jeunes seront formés sur des techniques derniers cris », espère Hervé Miralles qui souligne également la fin des opérations sous-traitées vers des carrossiers externes. « Cette internalisation du business, sur la partie carrosserie, rentre dans le cadre d’un plan global sur le développement de notre après-vente. Nous testons dans le Nord de la France une activité en Smart Repair avant déploiement national ainsi qu’une offre de camions ateliers, testé actuellement en Aquitaine. »
Emil Frey France et BCA attaquent ainsi le marché du reconditionnement avec un concept de cinq usines « et pas des ateliers ! Et si nous devons en implanter une 6è, nous le ferons ! » préviennent les deux acteurs.