
La révision alimente le moteur du business

Encore saisonnière pour les véhicules du parc ancien, pilotée par une alerte sur le tableau de bord, la révision reste l’un des axes majeurs de fréquentation des ateliers. Comment les pros pilotent cette prestation ?
Dans le top 3 des entrées atelier, les entretiens périodes restent un détonateur de business pour les ateliers. Et l’électrification naissante du parc n’y change rien, d’autant que dans huit cas sur dix, il s’agit d’une version hybride... nécessitant autant de vidanges et changements multiples de filtres que les versions thermiques. La révision reste le premier pourvoyeur de flux dans les ateliers multimarques (indépendants et chaînes). Selon GiPA, trois entrées atelier sur dix ont pour but une révision et trois sur dix une simple vidange.
Les indépendants tirent le marché
Et sur ce terrain porteur, les ateliers indépendants (34 % de part de marché, contre 30 % pour les RA1 et RA2) gardent la main, portés par un parc vieillissant et un consommateur sur deux quittant les réseaux constructeurs passée la période de garantie. Cependant, « la part entre une révision et une vidange est corrélée à l’âge du véhicule. Sur le parc de moins de cinq ans, l’automobiliste va effectuer une révision complète, mais il va arbitrer et basculer vers une vidange seule (avec filtre à huile) lorsque son véhicule approche des dix ans », décrit Odette Dantas, DGA de GiPA France. Confirmation chez un garagiste : « Nous faisons très majoritairement des révisions à un filtre (vidange + filtre à huile) plutôt que des révisions à deux, trois ou quatre filtres. » Autre arbitrage largement constaté : retarder l’échéance de la révision et zapper les vidanges intermédiaires.
• 11,9 ans c’est l’âge du parc circulant (AAA Data)
• 40% des entrées ateliers concernent une révision corrélée à la vidange simple (GiPA)
• 70% des vidanges (avec changement filtre à huile) sont réalisées dans les circuits de la rechange indépendante.
• +13% c’est l’augmentation du tarif moyen d’une révision complète entre 2023 et 2024 (source idGarages)
• 7-9 ans c’est la tranche d’âge qui génère 1,26 entrée atelier par an, contre 0,69 pour les « moins de 2 ans ».
Coût de la révision en nette hausse
La flambée inflationniste a clairement impacté le comportement des automobilistes. Et de fait, l’an dernier la facture d’une révision générale était de 333 €, contre 294 € en 2023, selon le baromètre annuel de la plateforme d’intermédiation idGarages.com (étude sur un panel de 2 mil- lions émis par 4 300 garages). Cela explique également le recours à toujours plus de pièces dépositionnées, que ce soit sur les lubrifiants utilisés ou les filtres. Et si la demande d’une MDD moins chère a longtemps été le fait d’un client particulier, il est notable de voir qu’aujourd’hui même les gestionnaires de flotte y ont recours afin de réduire la facture.

Objectif du MRA : conserver sa place de leader
Reste pour le MRA à conserver sa longueur d’avance sur cette prestation porteuse « et qui le restera encore longtemps » face à des chaînes de centre auto et fast-fitter qui gagnent du terrain, notamment sur la notion marketée de “révision avec garantie constructeur préservée”. Car à défaut, il pourrait se faire damer le pion par les chaînes hyper communicantes.
Caroline Ridet
Les réseaux surfent sur le vieillissement du parc

Ça pousse fort sur l’entretien périodique, qui reste plus que jamais un des premiers motifs d’entrée atelier ! « Sur le premier quadrimestre, le réseau Garage AD/AD Expert enregistre + 25 % sur l’entretien périodique. Et sur la plateforme AD.fr, plus de 5 000 rendez-vous ont été pris sur cette même période ! », confirme Eddy Albert, responsable national des réseaux mécanique VL Autodistribution. Un trend à mettre au crédit du vieillissement du parc...
Plus complexe...donc plus chère
Vidange ou révision plus complète... Si ces prestations restent techniquement accessibles, elles ne sont pas exemptes d’une complexité croissante : la multiplication des références, avec des vis- cosités toujours plus basses et des produits très techniques, bouscule le stockage chez les professionnels, contraints de s’approvisionner en plus petites quantités. Ce qui a, mécaniquement, un impact sur le coût de la révision !
Dans ce cadre, les stratégies sont diverses : si Autodistribution a initié des forfaits autour de l’entretien périodique (quatre niveaux de forfait), Bosch Car Service ne suit pas le mouvement : « Outre les écarts parfois importants de taux de main-d’œuvre entre les zones urbaines et rurales, certains adhérents préfèrent fidéliser leur client en les facturant au juste prix », justifie Guillaume Abecassis, responsable marketing et concept manager Bosch Car Service France.
Poussée des MDD
Aussi n’est-il pas surprenant de voir que les MDD ont le vent en poupe. Non seulement Isotech répond au vieillissement du parc et à la problématique de pouvoir d’achat, avec un dépositionnement tarifaire et deux ans de garantie pièces et main-d’œuvre, mais certains clients grands comptes (loueurs) changent aujourd’hui d’avis sur les MDD. « Si leur flotte n’excède pas 4 ou 5 ans d’âge, ils n’hésitent plus à opter pour des pièces ou des huiles Isotech qui bénéficient des mêmes homologations constructeurs que les huiles premium. C’est la promesse d’une qualité équivalente, dans le respect du cahier des charges du constructeur, 20 à 30 % moins chère qu’une pièce équipementière... », analyse le responsable national des réseaux méca chez Auto- distribution.
Jérémie Morvan
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