Taux de main-d'oeuvre : des adhérents en quête de rentabilité
La forte inflation vécue depuis l'an dernier impacte directement les frais de fonctionnement des entreprises d'entretien-réparation. Dans ce contexte, les têtes de réseau incitent de plus en plus fortement leurs adhérents à revoir à la hausse leurs taux de main-d'oeuvre. Une nécessité d'autant plus pressante que les réparateurs doivent investir pour rester dans la course technologique...
« Vous ne vendez pas une prestation. Vous vendez un savoir-faire ! » Ces mots sont de Thomas Tabiasco, nouveau directeur général d’Alliance Automotive Group France, prononcés début mai en clôture de la dernière convention des réseaux Top Garage / Top Carrosserie. Les têtes de réseau n’hésitent plus à briser ce qui est longtemps resté un tabou absolu : la revalorisation des taux de main-d’œuvre des réparateurs. Car en ces temps où l’inflation vient grever la rentabilité des affaires, le sujet devient plus brûlant que jamais. La preuve : Alliance Automotive Group France (AAG) et Autodistribution qui ont profité de leur récente convention pour inviter fortement leurs adhérents à revoir leur taux horaires à la hausse. Mais la manœuvre est délicate face à des chefs d’entreprise seuls maîtres à bord de leur rentabilité : le message, valoriser le savoir-faire. Un objectif classé prioritaire chez Alliance Automotive Group qui a appuyé pendant sa convention en Grèce sur la flambée des frais de fonctionnement des garages passés de 2 à 6 % en 2022 avec un trend similaire sur 2023. Il y a donc urgence à actionner simultanément deux leviers de rentabilité.
Arme anti-inflation
Tout d’abord l’optimisation de la facturation, avec en ligne de mire la réduction du delta entre les heures facturées et les heures réellement travaillées. C’est typiquement le cas du diagnostic, rarement facturé et qui pourtant prend une place grandissante dans le planning des ateliers puisqu’estimée aujourd’hui à 20 %. Une prestation qu’il faut valoriser, ce que n’hésite pas à faire les réseaux de marque !
Ensuite, la vitale revalorisation des taux horaires, d’ores et déjà en marche. Ainsi, le T1 moyen relevé au sein du réseau Top Garage est passé de 51,36 € en 2022 à 53,41 € cette année. Objectif pour fin 2023 : parvenir à 55,5 €.
Un savoir-faire… qu’il faut savoir vendre
Même combat pour le réseau AD réuni en congrès à Marrakech. Là aussi la revalorisation est au programme parce que les réparateurs doivent investir dans la formation et les équipements les mettant en position d’assumer le saut technologique qu’on leur promet.
Chez Autodistribution, cette revalorisation du taux MO est co-portée par la tête de réseau et le distributeur. « Les distributeurs opèrent déjà un "benchmarking" régulier des tarifs au niveau local pour aider leurs clients. On généralise aujourd’hui la démarche pour que le réparateur dépositionné sur sa zone de chalandise revienne à plus de cohérence. Il n’a pas besoin d'être le moins cher ; il faut être au bon tarif », explique Frédéric Gaillard, directeur général des activités de distribution VL au sein du groupement. Cette revalorisation concerne également les clients grands comptes avec des négociations prix public/tarif négocié sur lesquelles la tête de réseau n’a rien lâché. Plus que jamais sûr des compétences techniques de son réseau, pas question de brader le taux MO de ses adhérents réparateurs !
Le VI aussi concerné
La question de la hausse des taux MO se pose également sur le segment des véhicules lourds où, face à la transition énergétique, les affaires doivent massivement investir en matériel et en formation. Étant confrontées à une pénurie de main-d’œuvre qui gonfle mécaniquement les rémunérations, elles doivent en parallèle revoir leur grille de salaires… Il faut donc être toujours plus rentable ; et cela passe nécessairement par une revalorisation du taux MO des ateliers. Une démarche initiée au sein du réseau AD Poids Lourds depuis le début de l’année avec un taux horaire gonflé de 7 € pour des tarifs appliqués par les membres du réseau se situant entre 65 et 95 €. Certains clients grands comptes ont même accepté une hausse tarifaire de 15 €, l’important étant de rester compétitif en maintenant un écart de 15 % avec les tarifs constructeurs ! L’objectif à l’horizon 2027 est de monter le taux horaire à 90 € et 105 € de CA pièces par heure. Cela devrait permettre de générer entre 25 000 € et 28 000 € par mois et par technicien. De quoi financer les investissements !