T. Suquet, VGF, « La relation constructeur/ distributeur peut être qualifiée de schizophrénique »
Logistique, stratégie MRA, nouveaux business pour les ateliers, points d’améliorations avec le réseau de distribution et crise du Diesel… Thierry Suquet fait le point et expose sa stratégie après-vente depuis sa prise de fonction il y a neuf mois en tant que directeur général Pièces et Services de Volkswagen Group France.
Zepros Auto : VGF a bouleversé sa logistique en 2015 avec le système R2D, transformant vos 850 distributeurs en stockistes. Pouvez-vous faire un bilan de cette révolution culturelle pour les concessionnaires ?
Thierry Suquet : Les curseurs ont bougé, c’est certain ! Nous sommes passés de 35% de commandes de stock à 88% actuellement, et nous avons gagné un point sur le taux de service désormais à 97%. Nous avons également réélargi notre stock. Aujourd’hui, nous apportons par touches légères des rééquilibrages dans la gestion de la volumétrie de la pièce par exemple, les coûts et les fréquences de vente. Ainsi, nous avons équilibré nos stocks en 2018, aussi bien chez nous que dans les réseaux qui apprécient cette rationalisation. C’est un gain de place dans leurs magasins, sans surévaluation. Nous discutons beaucoup avec eux car la logistique est une science mathématique mais également humaine.
L’objectif était également de doper les ventes externes, avec le MRA en ligne de mire. Est-il atteint ?
T. S : Les MRA représentent 35% de notre activité, ce qui est significatif, même si nous n’enregistrons que jusqu’à 3% de progression par an (vs +4% à l’atelier). Alors, depuis deux ans, pour resserrer le lien avec le réparateur indépendant, en mécanique et en carrosserie, nous proposons un programme de fidélisation baptisé MRA Club, basé sur un objectif de volume PR de 3 000 € réalisé avec au moins un réparateur agréé du groupe VGF. Ce sujet est piloté par l’Allemagne sachant que chaque pays fonctionne sur des schémas différents. Mais nous allons tous être invités à nous réorganiser, à revisiter nos organisations pour prendre en compte les évolutions du marché. Je souligne que nous n’avons pas vocation à conquérir le territoire de l’IAM, pour l’instant. Le constructeur reste constructeur avant tout.
Vous vous appuyez toujours sur vos trois piliers pièces d’origine, échange standard et pièces économiques. Y-a-t-il une actualité particulière sur ces gammes cette année ?
T. S : Nous allons élargir nos gammes de pièces remanufacturées sur les turbos et les boîtes de vitesse. C’est un vrai axe de développement en partie poussé par la norme WLTP. Un nombre non négligeable de véhicules vont être dotés de boîtes automatiques sur lesquelles vont intervenir nos réseaux. Cela sous-entend une main d’œuvre qualifiée et la facturation ad hoc. Et c’est un vrai levier dans la mesure où l’échange standard d’une boîte complète n’a pas le même coût qu’un embrayage. En synthèse, la pièce d’origine (80% du CA pièces), et l’échange standard sont complétées par notre petite gamme de pièces économiques (Parts Economy) visant les plus de cinq ans et dépositionnée entre 20 et 40% (hors Audi).
Comment avez-vous géré cette crise en particulier et cette fronde anti-diesel en général ?T. S : Il est très difficile de mesurer l’impact chez les clients, trois ans après. Sur le million de véhicules entrant dans la mise à jour de nos logiciels, 71,7% a été réalisé. Notre réseau a respecté ses engagements et nous n’avons pas observé d’impact dans les autres marques. Nous vivons dans une ambiance particulière car les clients sont perdus entre le choix du carburant, de la motorisation… Le flou artistique règne au niveau national et nous avons un devoir de réassurance.Muriel Blancheton