Nouvelles gammes, nouvelles ambitions pour Michelin

C’est à un renouvellement quasi-complet de sa gamme de pneus PL que procède le manufacturier clermontois. Toujours moins de résistance au roulement, plus de longévité via une carcasse toujours plus robuste et un niveau de rechapabilité encore amélioré pour un coût total de possession (Total Cost of Ownership – TCO) optimisé. Mais toujours sans aucun compromis sur la sécurité avec plus d’adhérence – notamment en grip latéral et en freinage sur le mouillé.

Après le lancement sur le salon IAA de Francfort fin 2024 du Michelin X Line Energy 3, sa nouvelle gamme longue distance – première gamme du segment dans la série 60 à obtenir le label énergétique A –, le manufacturier a dévoilé pour le marché européen les pneus X Multi Energy 2 pour le transport régional, X Works Z2 et D2 (approche chantier) ainsi que X-Crane 2 (grues mobiles). Ces gammes embarquent diverses technologies innovantes, positionnant de fait cette offre dans le segment premium. Qui plus est, elles sont intégrées au programme multi-vies du manufacturier (hors X-Crane), Remix 2, qui promet jusqu’à six vies grâce à un deuxième rechapage à chaud et un coût kilométrique réduit de 33 %…

Ces lancements successifs s’inscrivent dans le cadre de la stratégie du manufacturier, baptisée Michelin Total Performance. L’objectif est de concilier l’inconciliable : une faible résistance au roulement (économies d’énergie) avec une adhérence encore améliorée par rapport à la génération précédente, mais aussi une durabilité plus grande et des performances constantes tout au long du cycle de vie du pneu.

Ces performances sont rendues possibles par l’intégration de plusieurs technologies, dont Infinicoil et Powercoil, lesquelles permettent de concevoir une carcasse à la fois plus robuste, avec une surface de roulage mieux maîtrisée, mais aussi plus légère pour un rendement énergétique optimisé. Quant aux matériaux, ils sont à la pointe de la technologie, avec les innovations ‘carbion’ et ‘silicion’. La première repose sur un mélange de certains composants de la bande de roulement à l’état liquide pour augmenter l’homogénéité du rendu pour une meilleure résistance au roulement et un kilométrage accru ; la seconde consiste à augmenter le pourcentage de silice dans la bande de roulement, là encore pour une résistance au roulement abaissée. Enfin, la technologie ‘regenion’ permet d’obtenir des blocs de bande de roulement auto-régénérants (via des moules imprimés en 3D) pour des performances durables, même avec des pneus usés.

À noter : ces nouvelles technologies rendant les pneus plus résistants augmentent également leur indice de charge, leur permettant de répondre aux plus fortes contraintes des camions à batterie de traction électrique…

Michelin adosse à son offre produits une palette de services connectés, Michelin Connected Mobility. Cet écosystème digital s’appuie sur une plateforme agrégeant toutes les informations utiles pour le gestionnaire de flotte, assurant le suivi des véhicules, les chauffeurs, le monitoring des pneus… Cette offre servicielle permet d’optimiser la durée de vie des pneus et de réduire encore la consommation de carburant, mais également d’anticiper la maintenance des véhicules pour des interventions mieux planifiées (et des délais réduit). Et éviter jusqu’à 80 % des pannes immobilisantes liées aux pneumatiques !

La stratégie de Michelin sur le marché du poids lourd tient d’un sérieux pari, à l’heure où les transporteurs délaissent le rechapage des pneus pour les importations asiatiques, certes peu chères, mais mono-vie. Convaincu que l’avenir du transport de marchandises européen passe par une offre de pneus premium, Michelin va devoir prendre son bâton de pèlerin et (ré)éduquer ses clients transporteurs sur les bénéfices d’un produit premium. Car le chemin n’est pas tracé d’avance. Outre une pénurie de chauffeurs impactant les acteurs du transport routier en Europe, le manque de main-d’œuvre (et de savoir-faire) se fait aussi sentir chez les prestataires, dans les ateliers. François Le Hen, directeur marketing produits poids lourd Michelin, souligne à cet égard que « le marché du rechapage en France souffre de l'offensive des pneus low cost venus d'Asie [N.D.L.R. : il a été réduit de moitié en quinze ans]. Par ailleurs, la pratique du recreusage souffre d'un manque de techniciens en atelier. Chez Michelin, nos carcasses ont toujours été conçues pour durer, et nous continuons de promouvoir le multi-vie – recreusage et rechapage – face à cette tendance du jetable. »

Une gageure… mais aussi sûrement le sens de l’histoire alors que le cadre réglementaire impose toujours plus de circularité et que le verdissement des comportements s’impose jusque chez les chargeurs.