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Perspectives 2024 OVI : l’attentisme… avant la transition ?

Jérémie Morvan
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Daimler Trucks e-Actros

Après un exercice 2023 de bonne tenue, l’Observatoire du Véhicule Industriel voit des nuages s’amonceler sur le secteur du transport et anticipe une année 2024 où les immatriculations ne devraient, au mieux, que faiblement progresser…

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Les ventes de VI ont connu une bonne dynamique l’année dernière. Avec 49 751 unités de plus de 5 tonnes en glissement 12 mois à octobre, la France enregistre en effet une hausse de 11,2 % par rapport à l’exercice précédent. Reste que la hausse demeure inférieure aux taux de croissance du reste de l’Europe. Bon dans l’absolu, ce résultat est cependant dû pour une bonne part à un effet de rattrapage, les délais de livraison ayant été divisés par deux (passant de 289 jours lors du dernier observatoire à 150 actuellement) ce qui a permis de purger les carnets de commande.

Cependant, plusieurs indicateurs virent à l’orange, voire au rouge, en ce début d’année : si la confiance des ménages reprend progressivement des couleurs, et si les Jeux Olympiques en France cet été laissent augurer une forte demande (encore que les questions logistiques dans les centre-villes sont toujours très présentes), le secteur du BTP voit quant à lui ses carnets de commande fondre tandis que les défaillances d’entreprises sont significativement reparties à la hausse en 2023 (+30 % en un an). Et l’inflation qui a perduré sur 2023 a entraîné une hausse du prix des véhicules estimée par l’OVI à 9 %. Et ce, après une première hausse de 15 % en 2022.

Transporteurs dans le brouillard

Dans ce climat ambiant, les distributeurs VI interrogés dans le cadre de l’enquête réalisée par l’OVI pour son observatoire se disent plutôt pessimistes. Les carnets de commande fléchissent significativement, avec -20 % pour les tracteurs et -10 % pour les porteurs. « Les investissements des transporteurs concernent essentiellement le renouvellement de leur flotte ; seuls 10 % des achats servent à l’extension de celle-ci », déclare Arnaud Villéger, directeur de l'OVI.

Car chez les clients, l’attentisme prévaut : outre des prix des matériels qui ont connu une hausse significative, l’inflation, à plus de 3 % sur les deux dernières années, a inévitablement eu un impact sur les coûts de revient des transporteurs. Sur la période 2022-2023, le CNR évalue ces coûts en hausse de quelque 16,4 % sur le personnel de conduite, 15,3 % pour les coûts de structure, 13,4 % pour les charges liées à l’entretien-réparation ou encore 6,8 % pour les tarifs de péage. Sur le seul exercice 2023, l’organisation professionnelle estime l’inflation des coûts du TRM – hors carburant – à 6,3 %. Et pour 2024, le CNR avance une nouvelle hausse de 6,8 %, bien supérieure aux prévisions d’inflation de l’Insee, qui s’établissent à 3,3 % en moyenne annuelle… S’ajoute à cela un autre facteur soulevé par Nicolas Lenormant, président de la branche VI de Mobilians : « 2024 sera l’année où deux très importantes élections ont lieu : les présidentielles américaines qui auront un impact sur le monde financier, ainsi que les élections européennes qui pourraient voir la politique de transport actuelle sensiblement modifiée. »

Prudentes prévisions

Dans cet environnement incertains, l’OVI redoute un effet ciseau dû au raccourcissement des délais de livraison associé à la baisse des commandes de véhicules neufs. L’écart est donc important entre la fourchette haute et la fourchette basse des prévisions de l’OVI quant au marché VN 2024. Pour la première, les volumes s’établiraient à 49 300 unités, en hausse de 2,1 % par rapport à 2023, dont 29 019 tracteurs et 20 799 porteurs. Pour la fourchette basse, les volumes ne seraient que de 45 700 véhicules neufs vendus, soit un recul de 5,3 % vs 2023, avec dans le détail 26 500 tracteurs et 19 200 porteurs.

Au-delà des volumes de vente, le directeur de l’OVI souligne que le véritable indicateur du marché et de son dynamisme sera d’ordre énergétique : « La hausse des énergies alternatives dans le mix des commandes sera le révélateur de la capacité des entreprises à réellement s’engager - ou pas - dans la transition énergétique », conclut-il.

L’activité après-vente reste solide

L’effet ciseau voyant se conjuguer la fin des délais longs et les baisses de commande va mécaniquement engendrer un vieillissement du parc roulant. Assez paradoxalement donc, si la part du SAV a diminué ces derniers mois, passant de 38,7 % en décembre 2022 à 34,3 % un an plus tard, les distributeurs interrogés dans le cadre de l’enquête de l’OVI jugent pour les deux tiers l’activité après-vente en hausse. Une hausse temporairement masquée par la livraison de nombreux VN sur ces derniers mois…

A noter également, la part de contrats d’entretien adossés à la vente de véhicule qui enregistre une nette baisse : celle-ci passe en effet sous la barre des 30 % alors que depuis ces dernières années, elle oscillait entre 35 et 40 %.

Jérémie Morvan
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