Le secteur du transport routier sous pression
Coup sur coup, l’OTRE et l’Union TLF, les deux principales organisations professionnelles du secteur, alertent les pouvoirs publics face à la hausse des coûts du transport routier de marchandises et de voyageurs. Une situation fortement dégradée sur 2024, et qui ne devrait pas s’arranger sur 2025…
Sur la base du rapport annuel du Comité National Routier publié mi-novembre, l’Organisation des Transporteurs Routiers Européens (OTRE) s’inquiète de l’inflation des coûts d’exploitation des entreprises du transport routier de marchandises (TRM) et de voyageurs (TRV). Selon l’étude, l’inflation a atteint en moyenne 5,5 % dans le TRM en 2024, sous l’effet cumulé d’une hausse des coûts salariaux de 7,5 %, des coûts matériels de 3,5 % et des péages de 3 %. Dans le TRV, l’inflation des coûts s’établit à +5,4 %, notamment en raison d’une hausse des coûts sociaux (+ 8,8 %) et de la maintenance des véhicules (+ 5 %). Et ce, alors que l’activité du transport routier stagne…
« Les projets de réforme inclus dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2025, s’ils venaient finalement à être adoptés, entraîneraient une augmentation significative des coûts salariaux », relève par ailleurs l’OTRE. Une augmentation qui pourrait grimper à 7,8 % pour le TRM et 4,9 % pour le transport scolaire en 2025. La situation deviendrait intenable pour les entreprises du secteur, où le nombre de défaillances atteint déjà des niveaux particulièrement élevés : l’OTRE note en effet qu’après 603 faillites au deuxième trimestre, le transport routier de marchandises a enregistré 509 défaillances supplémentaires au troisième trimestre…
« Avalanche de taxes »
L’Union TLF redoute elle aussi un PLF durci par la recherche généralisée d’économies du gouvernement. Et craint une « avalanche de taxes » : entre les pistes de hausse des cotisations sociales, la création d’une taxation spécifique sur les entrepôts, une hausse du coût d’embauche des apprentis, etc., l’organisation professionnelle, s’appuyant quant à elle sur une étude du CNRS, anticipe une hausse de 7,3 % du coût pour les acteurs du TRM. « Le débat a dérivé vers un feu d’artifice de taxes et impôts en tous genres : hausse des cotisations sociales aggravée par l’effet majeur de l’exclusion de la DFS, taxation des entrepôts, hausse du coût d’embauche des apprentis, sanctions incompréhensibles pour les VUL et les loueurs de véhicules… Ces mesures constituent une menace directe pour notre secteur, dans un contexte où le nombre de défaillances d'entreprises atteint des sommets historiques. Cette accumulation de charges nouvelles pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'emploi et la compétitivité de nos entreprises », déplore ainsi Éric Hémar, président de l'Union TLF.