Un panorama VI aux airs de manifeste (Mobilians-FFC)
Soulignant le retard conséquent pris sur tous les marchés européens en matière de décarbonation des flottes, le tandem FFC-Mobilians appelle dans cette troisième édition du panorama de la filière VI/VUL à un cadre juridique et fiscal plus stable et plus lisible, outre les aides financières indispensables pour accéder aux nouvelles technologies…
La FFC Constructeurs et Mobilians viennent d’éditer le troisième panorama de la filière VI et VU. Cette photographie du marché met en lumière un attentisme marqué des transporteurs en matière d’investissements dans un contexte politique instable et économiquement ralenti. S’ajoute à cela un cadre réglementaire toujours plus stricte, avec notamment les normes GSR2, Cafe ou Vecto Trailer qui renchérissent le coût des véhicules… Cette frilosité pèse sur les immatriculations de véhicules neuf – en France mais plus globalement eu Europe-, pénalisant de facto le renouvellement du parc : le marché français accuse en effet un recul de 18,8 % sur le premier semestre (et -27,5 % en Allemagne !), en particulier le segment des tracteurs. Quant au VUL il décroche lui aussi, avec -10 % des immatriculations.
Electrification reportée
Surtout, ces dernières ne voient pas la part des véhicules décarbonés réellement décoller en raison d’un TCO d’autant plus défavorable que les coûts du transport ne sont pas ajustés à la hauteur des investissements que demandent ces nouvelles technologies. Si la part des nouvelles énergies représente 8,8 % selon AAA Data, elle est essentiellement due au segment du transport des personnes (cars et bus), où la transition énergétique est clairement engagée. La donne est toute autre pour le transport de marchandises (TRM), où le renouvèlement du parc est – en partie – contrarié par un parc de tracteurs diesel/B100/gaz récent, fiable et compétitif, qui permet à leur propriétaire un report d’achat. Au sein des nouvelles énergies, le GNV (1,6 %) et le biodiesel (0,4 %) continuent d’ailleurs de faire la course en tête, les VN électriques ne représentant que 0,1 % des immatriculations…
Pour verdir leur flotte, les professionnels du transport vont désormais pouvoir s’appuyer sur deux dispositifs destinés à lever les freins sur deux problématiques : l’aide à l’achat, l’acquisition ou le retrofit des véhicules, mais aussi les infrastructures de recharge. Pour le premier a été mis en place cette année le certificat d’économie d’énergie (CEE). Plus équitable que les appels à projets ‘trusté’ par les grands acteurs du transport routier, les CEE doivent permettre à toutes les entreprises quel que soit leur profil et leur taille, d’accéder plus simplement aux véhicules zéro émissions. Et plus efficacement, car compatibles avec d’autres types d’aide financière (bonus écologique notamment). Concernant les infrastructures de recharge, le dispositif Advenir vise à développer le nombre de points de recharge, encore insuffisant, en dépôt privé comme des bornes ouvertes (stations).
Maintenance : secteur porteur mais en tension
Mécaniquement, le parc vieillit. Au niveau européen, 55 % du parc affiche plus de 10 ans d’âge ; en France, la proportion est de 35,3 % et l’âge moyen atteint 9,4 ans. Assez logiquement, le secteur du transport affiche un besoin en maintenance d’autant plus aigüe que le parc roulant vieillit. L’enjeu tient tout autant dans la disponibilité du matériel que sa conformité aux exigences réglementaire. Le secteur est dominé par les réseaux de marques, concessionnaires et agent concentrant plus de la moitié des entrées atelier, portés par la généralisation des contrats d’entretien (full service ou contrat d’origine constructeur). Ces derniers, s’ils ont vu leur part reculer en 2023, ont toutefois gagné 13 points entre 2014 et 2022.
Outre les mutations technologiques des camions, le secteur de l’après-vente doit cependant faire face à une pénurie de main d’œuvre d’autant plus préoccupante que la pyramide des âges apparait défavorable. Nicolas Lenormant, président de la branche VI chez Mobilians, rappelle à ce titre que « 40 % des intentions d’embauches n’ont pas été pourvues en 2023 ».