Xavier Kaufman, Renault : « L’économie circulaire est un vrai levier de business additionnel pour nos réseaux »
Un dispositif basé sur la réparation plutôt que le remplacement : c’est ce que l’on appelle faire de l’économie circulaire, et Renault boucle son parcours déjà entamé avec le remanufacturing ou encore la PRE. Son offre vise à présent les pièces électroniques multimarque. Un programme européen mais qui démarre en France, avec l'appui de Faurecia Clarion Electronics.
« Nous avons une rétention encore forte jusqu’aux 6 ou 7 ans du véhicule. Mais nous avons des parts de marché à gagner sur le parc au-delà des 8 ans, un parc en croissance et qui vieillit. Nous devons donc avoir une approche globale pour occuper le terrain », explique Xavier Kaufman, le directeur du programme Pièces et Accessoires de Renault. C’est chose faite avec cette offre, construite en partenariat avec Faurecia Clarion Electronics (FCE). Sa promesse client : 1000 produits – tableaux de bord, calculateurs moteurs, écrans, commandes électroniques - couvrant 23 marques, et référencés sur sa plateforme de commande Renault Parts. La réparation complète est réalisée dans les ateliers de l’équipementier à Custines (54), avec un retour de la pièce au réparateur sous 2 à 5 jours. Parcs cibles ? Ses agents et les réparateurs multimarques de tous horizons. A noter que Faurecia, toujours dans le giron de PSA, a noué un deal similaire avec PSA Aftermarket en juin dernier pour l'ensemble de ses Eurorepar Car Service européens. Cette offre Made by Renault s’ajoute ainsi à celles déjà en place sur l’échange standard d’organes mécaniques (remanufacturing), et le pièce de réemploi avec Indra sur les pièces de carrosserie. Les agents du réseau et les MRA annoncent ainsi trois segments de réparation et trois positionnement tarifaires selon l’âge du véhicule et sa valeur résiduelle : - 40 % en moyenne pour les pièces en échange standard par rapport au prix du neuf, jusqu’à -70 % pour l’offre de réparation en pièces électroniques et – 65 % pour la pièce de réemploi. Officialisée courant novembre, l’offre aurait déjà généré près de 1000 demandes sur la plateforme ouverte R-Parts. « Des connexions émanant autant de nos agents que de nos clients MRA, pour des véhicules de 10 ans en moyenne donc entrant parfaitement dans la cible. C’est un vrai levier de business additionnel pour nos réseaux et de volumes pour nous. Sur R-Parts, le réparateur trouve un catalogue complet répondant à 100% à ses besoins », indique le pilote de l’opération. Son cahier des charges n’est pas figé. Xavier Kaufman souligne la possibilité d’étendre cette activité sur les équipements encore plus récents, en navigation par exemple…
L’après-vente en général et la réparation multimarque en particulier est bien au cœur des intentions des constructeurs. Il faut capter le véhicule du client tout au long de son cycle de vie, soit bien au-delà de sa sortie de garantie, avec des alternatives aux réseaux indépendants, déjà placés sur ce marché. A l'instar de Back2Car d'Alliance Automotive Group et de ses 6 sites dédiés. « L’économie circulaire s’impose à tous. A charge à chacun de se différencier. Au sein du groupe Renault, notre démarcation repose sur le fait que nous travaillons directement avec les équipementiers ou les centres VHU avec Indra…Nous maîtrisons une partie de l’écosystème. »
Après la France, d’autres pays proposeront également cette alternative en pièces électroniques en 2021, comme la Belgique prochainement et plus largement l’ensemble des pays européens. « Toujours avec FCE puisque l’accord est européen », indique Xavier Kaufman pour qui la feuille de route est loin d’être achevée. En matière d’économie circulaire, Renault annonce en effet des chantiers déjà en cours avec l’usine de Flins (rebaptisées Re-Factory) qui est au cœur des flux. « Notamment avec le rapatriement de nos lignes de production de remanufacturing, ainsi que notre activité PRE avec Indra ! Nous allons également implanter une ligne dédiée au Rétrofit, segment sur lequel nous sommes encore en phase d’exploration. Le parc vieillit, c’est une réalité. La réparation de pièces mais également le rétrofit bien que ce marché soit émergent, entrent dans ce modèle d’économie circulaire. Et c’est un enjeu qui n’est pas antinomique avec la vente de véhicules neufs. »
Muriel Blancheton