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[ TOP100] Sale temps pour les réseaux constructeurs
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Contraints par la pression croissante écolo-réglementaire, tous les constructeurs multiplient leurs offres « full-électrique ». Mauvaise nouvelle pour les ateliers de leurs RA1 et RA2 qui se nourrissent prioritairement des véhicules récents : l’électrique a moins besoin de prestations que le thermique. D’autant que cela surinfecte une tendance structurelle : les RA1 et RA2 détenaient 50 % du marché après-vente en 2000, 37 % en 2020 et se contenteront de 30 % seulement en 2030, selon une récente étude Roland Berger. À cette hémorragie annoncée du SAV s’ajoutent les arrière-pensées digitales en vente VN et même VO. Volvo a même annoncé la couleur : il veut passer à des VN tout-électrique exclusivement vendus en ligne.
Manque à gagner en LLD
Deux faibles éclaircies dans ce ciel d’orage : le prochain règlement général européen envisage de limiter les ventes directes à 30 % ; et Macron semble vouloir plaider pour une transition plus raisonnablement hybride que full-électrique. Mais les réseaux constructeurs, spécialistes des ventes flottes, voient aussi l’utilité physique de leurs vastes showrooms s’effacer derrière la croissance de pragmatiques configurateurs digitaux. Pire, certains de leurs historiques partenaires LLD mettent leurs ateliers en concurrence. Pour des raisons budgétaires, de grands loueurs agréent l’offre entretien des réseaux multimarques pour leurs flottes de véhicules récents. Même les assureurs sortent de leur prudente et complice réserve de toujours pour dénoncer enfin le monopole des pièces de carrosserie. Certains peaufinent même des comparateurs de devis qui excluent d’office les coûteux réseaux constructeurs…
Restructuration annoncée des réseaux ?
Eh oui, tout fout le camp. Dans ce contexte, quand Stellantis résilie l’ensemble des réseaux de ses quatorze marques, tous les RA1 et RA2 concernés ont déjà compris que l’opportune optimisation souhaitée par le constructeur en laissera sur le bord de la route. Bien sûr, les restructurations de réseaux font partie des risques-opportunités de tout concessionnaire ou agent. Mais cette fois, tous les constructeurs y pensent au même moment et pour les mêmes raisons évoquées. Et peut-être même de façon imaginative (lire ci-contre).
L’opportunité multimarquisme
Même si la reconversion n’est pas toujours simple, les RA1 et 2 au destin incertain vont chercher à emprunter plus nombreux la voie du multimarquisme. Ce ne sera pas nouveau : on trouve déjà 40 % d’ex-RA2 dans le réseau AD ; Top Garage en revendique environ 50 % ! La tendance, ancienne mais marginale, risque donc de s’accélérer. Elle va combler la gourmandise de croissance qualitative des enseignes multimarques. Elles sont bien sûr ravies de ces pros rompus à la discipline de réseau et demandeurs de services VN, VO, flottes, contrats d’entretien, etc. Le mouvement, vicieux pour les réseaux constructeurs, s’annonce vertueux pour leurs concurrents.
jm.pierret@zepros.fr
L’ère des RA2 et des labellisations ?
Les RA1 et les RA2 sont-ils menacés de la même façon ? Car c’est encore une fois affaire de bon sens. Si l’on doit réduire le nombre de distributeurs VN pour leur donner plus de volumes et d’économies d’échelle, la question de la proximité servicielle, a fortiori dans le pays aux 34 000 communes, va se poser de façon cruciale. Pour y répondre, les constructeurs vont vouloir au moins sanctuariser leurs réseaux d’agents quand ils en ont encore ou devoir en (re)nommer, pour ceux qui n’en ont pas, plus ou trop peu. Ou peut-être même s’en aller labelliser des indépendants considérés dignes de recevoir l’onction de la formation et de l’information technique si longtemps – abusivement – réservée aux réseaux de marque. Digitalisation, PassThru et classes virtuelles préparent la voie. Cette labellisation pourrait également venir embellir les « RA3 » des constructeurs, ces réseaux Motrio (Renault), Eurorepar Car Service (Stellantis) ou Motorcraft (Ford) qui, visiblement, demeurent diablement stratégiques. Regardez d’ailleurs les premiers constructeurs chinois qui viennent s’implanter en France : ils ne veulent même pas de réseau classique ! Aiways s’appuie d’office sur les indépendants Feu Vert , GoMecano , Albax et AD …
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