F.Godefroy (IDLP) : « 2021 porteur, 2022 très incertain »

Le baromètre Feda annonce une croissance de 9 % sur les dix premiers mois de l’année. Retrouve-t-on cette tendance porteuse dans le groupe IDLP ?

Fabrice Godefroy : Nous serons au-dessus avec une très bonne dynamique dans le groupe depuis le début de l’année. Nous visons une croissance à deux chiffres. Si les sites de distribution s’en sortent plutôt bien, cette dynamique est particulièrement tirée par nos plateformes régionales. PAP Sud (Lyon, Marseille et Toulouse) commence à bien fonctionner ; PAP Est accroche bien et PAP Ouest performe. En fait, ces sociétés, que nous avons dû réorganiser et consolider après les rachats, ont gagné en maturité cette année. Plus de stocks, une logistique optimisée quand certains concurrents peinaient à livrer, nous ont aussi permis de faire plus de dépannage et donc de gonfler le CA.

2021 va donc être une bonne année, pour le groupe mais aussi pour la rechange indépendante qui, n’ayant pas dans sa grande majorité fermé en période Covid, n’a pas subi de stop-and-go en 2020 et a ainsi gardé le rythme sur 2021. Plus largement, l’après-vente est portée par une belle dynamique, surtout comparé à la catastrophe actuelle du marché du véhicule neuf.

La pénurie de VN à vendre est porteuse pour l’après-vente…

F.G. : Il faut mesurer que le marché du neuf, qui était sur une tendance moyenne à 2,2 millions de véhicules vendus par an en moyenne, est tombé à 1,65 million l’an dernier en plein cœur de la crise sanitaire. Et alors que 2021 aurait dû être une année de rattrapage des ventes perdues, le marché pourrait se boucler au même niveau, voire en dessous de 2020 ! Sans aucun doute, la pénurie en semi-conducteurs joue. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

D’autres éléments expliquent ces contre-performances qui touchent très clairement la demande. La prime à la conversion et le bonus écologique sont largement revus à la baisse (excluant notamment les Diesel !). Toutes les aides convergent vers le 100 % électrique et sur l’hybride rechargeable. Enfin, les automobilistes ne savent plus quoi acheter. Un moteur thermique : quid de l’accès aux centres-villes dans quelques années ? 100 % électrique : encore trop cher… Les pdm ont progressé mais ce n’est pas encore un bouleversement. L’hybride fonctionne bien car ce sont les modèles thermiques que l’on électrifie, et notamment en intégrant dans les statistiques de ventes les hybrides légers 48V. Pas de lisibilité pour les automobilistes qui conservent leur véhicule plus longtemps ou se tournent vers l’occasion, ce qui est une bonne chose pour l’après-vente.

Le groupe n’a-t-il pas été freiné par des difficultés d’approvisionnement sur 2021 ?

F.G. : La tension était évidente en 2020. Comme d’autres, le groupe a anticipé en stockant plus profond. Cela nous a permis d’absorber les ruptures des fournisseurs jusqu’à aujourd’hui avec des réapprovisionnements encore gérables. Cela risque de se compliquer l’an prochain. Car non seulement les difficultés des fournisseurs à nous livrer perdurent, mais elles s’aggravent. Ils nous ont d’ores et déjà prévenus que les commandes de stocks pourraient être « rationnées ». Et s’y ajoute l’inflation. Encore peu ressentie cette année, des hausses significatives des tarifs vont clairement s’inviter en 2022 dans nos affaires.

Si l’on peut comprendre que les équipementiers ne puissent plus absorber seuls les augmentations des tarifs des matières premières, il semblerait que certains préparent une tarification flottante « au cul du camion ». Si ce changement des règles du jeu est avéré, 2022 risque d’être très compliquée, alors même que notre marché restera porteur.