Défaillances d’entreprises : l’auto est-elle en train de décrocher ?

Jean-Marc Pierret
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Altares 2021 courbe 20 ans

La reprise économique et le débranchement progressif des aides aux entreprises ont permis d'enregistrer en 2021 le plus faible taux de défaillances d'entreprises en France depuis... 1986. Mais côté secteur auto, on constate un dangereux décrochement. Alors que les défaillances de l'ensemble des entreprises en France reculent de -12 %, celles du commerce et de la réparation bondissent de +8,2 %, liquidations en tête...

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On peut sans conteste se féliciter du bilan 2021 des défaillances d'entreprises que vient de produire Altarès. Jamais en 20 ans leur nombre n'a été aussi faible. Après être passée de 52 000 à 32 200 défaillances entre fin 2019 et fin 2020, l'année 2021 vient de finir à seulement 28 400. Un record : « En baisse de près de 12 % par rapport à 2020 et de 45 % par rapport à 2019, le nombre de défaillances est au plus bas depuis 35 ans », vient ainsi de démontrer Altarès.

Merci bien sûr au fameux « quoi qu'il en coûte » : « Soutenues par une reprise vigoureuse et par un débranchement tardif et progressif des aides, les entreprises résistent encore à la crise sanitaire », confirme Thiery Millon, directeur des études.

Le commerce et la réparation auto décrochent

Encore s'agit-il d'une tendance générale que le commerce et la réparation auto ne partagent hélas pas vraiment. Alors que les activités commerciales en général affichent même un recul de défaillances de -13,5 %, celles des pros de l'auto finissent l'année avec un plus triste +8,2 %, soit un différentiel de 22 points.

Plus inquiétant : ce sont les liquidations judiciaires pures et dures qui dominent. En passant de 974 à 1 063 entre 2020 et 2021, elles progressent de 9,1 %, contre +3,6 % pour les redressements judiciaires (de 275 en 2020 à 285 en 2021). Les procédures de sauvegarde bondissent certes de +31,3 %, mais pour un nombre relativement marginal (de 16 à 21).

Source: Altares

Triste podium

Fin 2020 (voir bilan ci-dessous) était en effet plus rassurant. En 2020, les liquidations du secteur avaient baissé de 34,7 %, réussissant ainsi à rester dans la tendance moyenne de -35,4 % des entreprises du commerce. Globalement, tous types de défaillances confondues, l'auto faisait peu ou prou aussi bien, voire mieux que le reste du commerce.

Le secteur semble donc avoir vécu une plus préoccupante deuxième année de crise, décrochant nettement en 2021 par rapport aux autres activités de commerce pour venir s'offrir la 1ère place du peu enviable podium des défaillances. Loin devant le soin de la personne et l'optique (0 % de défaillances supplémentaires) et les magasins multi-rayons (en recul de -4,3 %).

Source: Altares

Qui perd et qui gagne ?

Le détail des défaillances par activité que nous avons demandé à Altarès n’offre, malheureusement, que peu de précisions permettant d’identifier les entreprises les plus fragilisées, d’autant que la segmentation entre sauvegarde, redressement et liquidation par code Naf n’est pas précisée.

1er constat général légèrement rassurant : par rapport aux quelque 150 000 entreprises auto réparties entre 7 catégories de codes Naf (6 en excluant les 7 500 entreprises de commerce et réparation de motocycles), les 1 369 défaillances de 2021 ne pèsent que 0,94 % de l’ensemble, contre plus de 1,4 % en 2018 et en 2019, années pré-covid.

Deux catégories se détachent toutefois. Le commerce de VL et VUL (578 défaillances en 2021, soit 1,043 % parmi plus de 55 000 entreprises « 4511Z »), mais sans oublier que 1,5 % à 1,6 % d’entreprises concernées faiblissaient déjà en 2018 et 2019. Plus surprenant, le record de défaillances en commerce de gros en équipements (4531Z) : 47, soit 1,22 % des 3 852 entreprises recensées, mais pas très loin là encore des 1,50 % recensées en 2018 et 2019. Puisque les distributeurs de pièces semblent avoir généralement bien fini 2021, faut-il rechercher ces défaillances parmi les plus petites structures des « jobbers » ?

Rien de bien significatif non plus parmi l’autre gros des troupes, à savoir les presque 66 000 structures de l’entretien des VP et VUL (4520A). Les 579 défaillances de la catégorie en 2021 ne pèsent « que » 0,88 % de l’ensemble, pas très loin non plus de la moyenne de 1,2 % en 2018-2019.

Jean-Marc Pierret
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