Si l’on vous parle de Tesla dans nos colonnes alors qu’a priori, le nombre de ses véhicules qui entrent dans les ateliers de l’après-vente indépendante est plus qu’anecdotique, c’est parce que le constructeur américain de véhicules électriques vient de se distinguer en bien et en mal à l’occasion du passage de l’ouragan Irma en Floride.
Deux façons de voir les choses…
En bien, parce qu’en termes de relation client, la firme d’Elon Musk s’est montrée généreuse et attentionnée : pour faciliter leur évacuation des zones sinistrées, Tesla a augmenté à distance l’autonomie des batteries des berlines Model S et des SUV Model X. D’une capacité verrouillée de 60 kWh, elles se sont ainsi retrouvées boostées à 75 kWh pour leur permettre de rouler plus longtemps, donc plus loin d’environ 48 km. Bien sûr, ça n’est là qu’une mesure temporaire, un beau geste qui durera jusqu’au 16 septembre, car une telle opération est normalement facturée de 4 500 à 9 000 dollars selon les modèles.En mal, parce que ce petit geste en dit long sur les pouvoirs qu’offre aux constructeurs la forte connectivité des véhicules d’aujourd’hui. Selon le blog automobile Jalopnik.com, très réputé Outre-Atlantique, et son rédacteur Justin Westbrook « le geste est louable et approprié mais on peut aussi y voir une perspective terrifiante de notre avenir automobile ». Si le rédacteur tombe ensuite dans de nébuleuses supputations flirtant avec la théorie du complot « des riches contre les pauvres », laissés possiblement à leur destin en cas de catastrophe massive, les journalistes de l’AFP, eux, sont allés plus loin.D’autres constructeurs que Tesla savent le faire
Ainsi, selon les témoignages qu’ils ont pu recueillir, celui de Karl Brauer, directeur de l'éditeur d'Autotrader, est marquant car il rappelle que General Motors, avec son système OnStar déjà monté en série sur les véhicules de ses marques, notamment Opel en Europe, peut déjà couper le moteur des voitures équipées… et ce, depuis « une dizaine d’années », selon cet observateur chevronné du secteur automobile. Selon Ed Hellwig, rédacteur en chef au site d'information automobile Edmunds.com, « à l'avenir, [les autres constructeurs] égaleront probablement [Tesla] dans leurs capacités à mettre à jour et contrôler des fonctionnalités » à distance.En 2015, d’ailleurs, deux scientifiques américains avaient pu manipuler à distance une Jeep Cherokee, actionnant les essuie-glaces, allumant la radio et désactivant même les freins ! Et cela pourrait également déborder vers d’autres applications, plus terre à terre cette fois, comme l’orientation automatique du véhicule vers un atelier agréé du constructeur en cas de pépin annoncé… L’extension automatique du bCall, en quelque sorte.