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Les assureurs auto, grands gagnants du confinement?

Jean-Marc Pierret
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A en croire une confidence encore non vérifiée d'un grand assureur, la sinistralité automobile aurait chuté de 97% depuis le début du confinement. Soit une économie allant au moins de 723 millions d'euros jusqu'à 1,755 milliard. Ces chiffres semblent crédibles : à en croire au moins le GiPA Italie, le kilométrage moyen transalpin a chuté de 86%. A écouter les acteurs du marché de la réparation-collision, les ateliers français sont quasiment à l'arrêt. Et si les assureurs profitaient de cette manne inattendue pour aider leurs partenaires carrossiers, eux qui sont depuis toujours appelés à soutenir la rentabilité des assureurs ?

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Tout le monde n'est pas égal devant les conséquences économiques du confinement. Les assureurs automobiles par exemple doivent suivre ce constat avec une gourmandise difficilement avouable : moins les véhicules roulent, plus le nombre de sinistres baissent. Eux qui se plaignent chaque année de couvrir à grand peine le risque automobile par des primes qu'ils jugent insuffisantes doivent secrètement bénir cette année de pandémie. D'autant qu'elle produit les mêmes effets dans une foultitude de pays.

Et ce n'est d'ailleurs pas la seule bonne nouvelle pour eux : confinement oblige, les cambriolages affichent en mars une baisse de 44%. Et le fait que les gens soient confinés chez eux devrait éviter, au moins réduire l’impact, d'un grand nombre de dommages domestiques type fuites d'eaux, départ de feu, etc., etc. Sans oublier la fermeture des troquets, restaurants et autres salles festives. Voilà qui doit aussi empêcher quelques parcours routiers alcoolisés...

Mais restons-en aux seuls sinistres automobiles. Un très grand assureur le confiait récemment à un acteur de notre secteur : les sinistres automobiles auraient chuté de... 97% depuis le début du confinement ! Aussi fort soit-il, ce pourcentage n'est pas pour autant aberrant. Les carrossiers sont légions à dire qu'ils n'ont plus rien à faire.

Des sinistres en chute de -60% à -97%

Nous nous sommes bien sûr immédiatement préoccupés de vérifier ce chiffre auprès de la Fédération Française de l'Assurance (FFA). A l'heure où nous bouclions ces lignes, rien n'augurait d'une réponse rapide sur le sujet : «Il sera très difficile de donner un retour ce jour ou même demain, nos équipes étant surchargées», nous a répondu en début de soirée dernière son service de communication...

Nous avons donc essayé de trouver d'autres chiffres fiables pouvant étayer ce -97%. Pour reprendre l'exemple italien que nous citons régulièrement dans nos colonnes puisqu'en avance d'une semaine de confinement sur nous, le GiPA transalpin confirme que le kilométrage moyen a baissé en Italie de... 86% en VP/VUL. Il y a de forte chance que le GiPA français confirme prochainement un tel chiffre. Il ne serait guère étonnant qu'une telle décrue permette un bien meilleur taux de baisse de sinistralité.

De leur côté, TomTom comme Wase confirment la quasi-disparition de ces embouteillages constants en grandes villes, si prodigues en petits chocs urbains qui remplissent habituellement les ateliers de carrosserie. Quant à la startup Xee, elle vient d'estimer pour sa part, dans une récente interview donnée à notre confrère Auto-Infos, que le trafic routier européen a baissé en moyenne de 60%.

Un gain de 723 millions à 1,755 milliard d'euros ?

Nous avons donc retenu la fourchette allant de ce chiffre probablement optimiste de -60% à celui découlant de cette possible baisse de 97% encore non validée par la FFA. Puis, à partir des chiffres officiels de la fédération des assureurs et mutuelles, nous avons donc élaboré le tableau ci-dessus.

En divisant les charges d'indemnisations en 2018 (provisions pour risques comprises) par le nombre de sinistres la même années (tous types confondus : matériel, corporel, vols, bris de glace, etc.) nous sommes arrivés à un coût/sinistre automobile moyen de 1 960 €. Nous avons ensuite divisé le nombre de sinistres de l'année 2018 par 52 semaines, puis multiplié ce résultat par les 6,4 semaines de confinement que nous aurons vécu d'ici fin avril. Et ce n'est qu'un début, puisqu'un déconfinement à partir de mi-mai, voire mi-juin, (et progressif en plus) n'est plus à exclure. Et si l'on en croit le catastrophiste BCG, il pourrait même s'étirer jusqu'à fin juillet (voir «GiPA France : déjà 626 M€ perdus par les ateliers VP et VUL…»)

Résultat : si les sinistres ont baissé de 97%, l'économie assurantielle sera fin avril d'environ 1,755 milliard d'euros. S'ils n'avaient baissé que de seulement 60% (hypothèse probablement très optimiste), la cagnotte atteindra tout de même près de 723 millions d'euros. Et bien sûr, nous ne parlons là que du marché français, quand beaucoup d'assureurs interviennent dans de nombreux pays parmi ceux qui sont confinés à l'identique.

Soutenir les carrossiers ?

Alors, fort de ce constat imparable au moins dans sa logique, il nous est venu une idée que nous soufflons à nos lecteurs assureurs : puisque certaines compagnies ou mutuelles semblent enclines à rembourser une partie des primes aux conducteurs, que certains de leurs patrons sont prêts à renoncer à une partie de leur rémunération 2020 pendant que d'autres se sont unis pour alimenter un fonds de solidarité pour les TPE DE 200 M€, n'y a-t-il pas là aussi moyens (au sens figuré comme au sens propre) d'abonder un fonds de soutien à leurs amis et partenaires de toujours que sont les carrossiers ?

Ils participent, parfois à leur corps défendant mais depuis si longtemps, à l'effort de guerre assurantiel pour maîtriser les coûts de sinistres. N'est-ce pas là l'occasion d'aller puiser dans ces économies inédites pour leur renvoyer l'ascenseur, eux qui sont aujourd'hui exsangues comme jamais ?

Jean-Marc Pierret
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