Carrosserie: vers des conditions d’agréments suspendues en 2020 ?
Le CNPA a demandé aux assureurs d'étudier un desserrement des agréments sur toute l'année 2020 -donc rétroactif au 1er janvier- pour que les carrossiers et les dépanneurs-remorqueurs puissent au moins reconstruire leurs marges sur le faible volume qu'ils peuvent encore espérer cette année. L'idée est séduisante, mais elle doit aussi paraître sulfureuse aux assureurs...
Conscients que tous les regards se sont tournés vers eux, les assureurs l'ont précisé dans un récent communiqué de la Fédération Française de l'Assurance : ils ont «pris une série de mesures extracontractuelles et solidaires à destination des populations et des entreprises les plus exposées qui se chiffrent au total à 1,75 milliard d’euros».
Ils ont ainsi doublé leur contribution au fonds de solidarité (de 200 M€ à 400 M€) et maintenu les garanties durant le confinement même en cas de non paiement des primes. Ils ont aussi pris «toute une série de mesures destinées à des métiers spécifiques (bâtiment, commerces non alimentaires, réparations automobiles…) [...] soit collectivement par l’ensemble de la profession, soit par les assureurs les plus concernés.»
Baisse des coûts de réparation comme d'assistance
La référence à la réparation automobile est évidemment d'actualité. Les ateliers des carrosseries sont vides, pendant que les assureurs constatent une baisse drastique de la sinistralité en générale, et de celle concernant la réparation-collision en particulier (voir «Les assureurs auto, grands gagnants du confinement ?»).
Nous avons demandé à la FFA la nature exacte de ces mesures vers ces «métiers spécifiques», tout particulièrement concernant les carrossiers. Elle nous a promis de revenir vers nous. En attendant, la question a été évoquée par le CNPA qui a pris contact auprès des assureurs pour leur faire une proposition : «desserrer les agrément pour l'intégralité de l'année 2020», a souligné Xavier Horent, délégué général de l'organisation professionnelle. Il estime en effet que quelque 2 milliards d'euros seraient ainsi économisés sur la durée du confinement par les compagnies et mutuelles, car «à la baisse de la réparation-collision, il faut aussi ajouter le recul important des coûts d'assistance», calcule-t-il.
Les assureurs accepteront-ils ce risque-là ?
Il s'agirait selon le CNPA de participer ainsi «à la perte d'exploitation constatée autant pour les carrossiers que pour le dépannage-remorquage», tous les deux effectivement concernés par la stratégie d'agréments. Ce serait là une façon de reconstruire leurs marges sur l'ensemble de l'année, puisque le recul général se chiffrera sur 2020 entre -14% (vision pour l'instant très optimiste du GiPA) et un plus probable -20% au moins, aux dires d'autres acteurs du marché...
Mais on devine aussi le cas de conscience que doivent rencontrer les assureurs. Ce qui est pris n'est plus à prendre, à tout le moins délicat à rendre, même provisoirement. S'ils acceptent ce “cessez-le-feu des agréments”, comment reviendront-ils facilement “à la normale” en 2021 en ayant de facto renoncé en 2020 à des conditions grappillées à coûts de pourcents, voire de fractions de pourcents, depuis de longues années ? Les assureurs sont-ils prêts à accepter un tel précédent qui pourrait venir raviver la question de ces agréments qu'ils ont su corseter jusqu'à obtenir des remises de pied de facture à deux chiffres ?
Comme d'habitude, nous vous tiendrons au courant...