Durabilité et collaboration, clés de l’assurabilité de demain

, mis à jour le 02/12/2025 à 19h04
Image
Salon partenaires IBIS France

Face à une hausse de 25% du coût de la réparation en quatre ans et à l'électrification du parc, assureurs, experts, réparateurs et équipementiers ont convergé le 18 novembre au Palais des Congrès du Futuroscope. Avec pour message que seule une approche collaborative et durable de la réparation permettra de maintenir l’assurance automobile accessible à tous.

Partager sur

« Une assurance verte n'est pas liée qu'à l'énergie des véhicules, mais aussi à la responsabilité de tous les acteurs de la réparation autour de la durabilité », posait d'emblée Bertrand Delignon, directeur IARD de la MACIF, au moment d’intervenir sur la scène d’IBIS France 2025, coorganisé par CESVI France et le Groupe Covéa. Le dirigeant insiste sur la transparence nécessaire. « Il faut expliquer la hausse des coûts par l'explication du coût du risque, lui aussi en hausse et lié à l'évolution des mobilités », affirme-t-il. Les chiffres présentés par Covéa illustrent ces changements : 10,7 millions de véhicules assurés, un coût de réparation en hausse de 25% sur quatre ans, et un parc qui devrait être électrifié à 50% d'ici 2050 selon l'ADEME.

Par-dessus le marché, le poids de l’empreinte carbone dans les bilans commence à se faire sentir dans les grandes entreprises, assureurs inclus. Face à ces tensions, Christian Garrez, directeur général de Darva, rappelle que, sur ce plan, « pour progresser, il faut mesurer. Et ce qui participe de l'assurance verte, c'est aussi la maîtrise de l'empreinte carbone, qui va au-delà de la performance économique ». L’éditeur d’outils digitaux dédiés à la gestion de sinistres a d'ailleurs développé un système permettant aux fournisseurs de solutions de calcul d'empreinte carbone de se brancher pour mesurer l'évolution du marché. Objectif : maintenir l’assurance des véhicules à des niveaux tarifaires acceptables pour l’automobiliste.

Contradictoire et collaboration en principes

Sur le plan opérationnel, réparateurs et experts sont toutefois en première ligne. « Le principe en réparation, c'est le débat contradictoire réparateur-expert », rappelle Christophe Apolant, responsable RSE & pilotage des prestataires indemnisation de Groupama. « Le réparateur doit d'abord évaluer ce qui peut être réparé avant d'ouvrir le catalogue de pièces. L'échange contradictoire est essentiel. Et il faut veiller au maintien à jour des compétences techniques du personnel, du bon équipement », insiste Catherine Morhet, cogérante de la Carrosserie Morhet de Saint-Michel-sur-Orge (91), primée aux Ze Awards de la Carrosserie 2024. Rappelant par-là même la nécessité de rémunérer comme elles le méritent lesdites compétences, indispensables à la capacité de réparer.

Mais la collaboration doit s'étendre aux constructeurs. « La réparabilité n'est pas qu’un choix dans les bureaux d'études, il doit être un droit dans les ateliers. Or certains constructeurs freinent cet élan, concernant l'accès aux données, le remplacement automatique de certaines pièces et l'irréparabilité "by design". Aujourd'hui, trop souvent, réparer un phare exige de changer l'ensemble de la pièce. Dans une période de tension sur le pouvoir d'achat, ce n'est pas raisonnable et encore moins acceptable », martèle Christophe Apolant. Intervenante durant l’événement, Sylvie Layec, senior vice-président ventes & marketing monde de Stellantis Parts & Services, a toutefois soutenu que « les constructeurs ne sont pas les méchants de l’histoire » en évoquant les matériaux recyclables, les efforts de réemploi et les solutions de réparation conçues par Stellantis pour maintenir en état les véhicules pendant plus de quinze ans.

PIEC ou réparation : pragmatisme exigé

Ardents partisans de la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC) et plus particulièrement de la pièce de réemploi (PRE), les assureurs continuent de se concentrer sur l’approvisionnement de leurs réseaux agréés. Covéa, parmi d’autres, a ainsi entièrement refondu son réseau de recycleurs en n’en gardant que moins de vingt – les plus performants et les mieux industrialisés – qui seront tous intégrés sur la place de marché Carrosity annoncée dernièrement.

Toutefois, François Mondello, président de la FFEA, plaide pour un changement de paradigme. « La réparation durable ne doit plus être une réparation exceptionnelle : les techniques employées sont classiques et bien maîtrisées. Promouvoir la PIEC, c'est du pragmatisme et pas une exception. On aurait presque ne pas dû proposer le choix à l'assuré d’y recourir. La pièce d'origine devrait toujours être la dernière des solutions », ose-t-il en sus.

Et la réparation, une solution de première intention selon Christophe Apolant. Qui détaille les trois arguments en faveur du "réparer plutôt que remplacer" : « d'abord l'argument économique, pour limiter la hausse des primes. Ensuite l'argument écologique. Enfin la satisfaction client. Car 50% des réparations concernent des véhicules de plus de dix ans et cela permet de maintenir les véhicules roulants. Et la disponibilité de la pièce neuve est parfois aléatoire ».

Image
Table ronde IBIS France 2025

Avancer sur toutes les méthodologies

Dans cette course à la réparation la plus verte, chacun prêche pour sa paroisse. Le débosselage sans peinture ? « Notre volonté est de pouvoir projeter cette réparation bas-carbone sur du sinistre collision », précise Abdeljalil Saayed, directeur stratégie et développement d'Eurotôle. Tout en soulignant l'enjeu de la ressource humaine – « ces métiers exigent des années de pratique avant une maîtrise totale » – dans laquelle l’entreprise est engagée en tant qu’organisme de formation.

De son côté, Gauthier Laviron, cofondateur de l’entreprise bordelaise Gryp, rappelle la pertinence de l'impression 3D de pièces certifiées. « On peut tout fabriquer ainsi mais pas n'importe comment. Il faut être très sérieux, trouver la matière adaptée, le procédé adapté, connaître les caractéristiques de la pièce. Chaque pièce que l'on crée subit exactement les mêmes chocs que la pièce d'origine », rappelle-t-il. Gryp travaille avec CESVI France pour « se rapprocher des standards que le constructeur a employé ».

Mais la pièce neuve n’a toutefois pas dit son dernier mot, à en croire Peter Canisius, directeur de Ford Service France & directeur général de Motorcraft France. « Nous allons baisser les prix de certaines pièces de carrosserie pour les modèles de cinq ans et plus à partir du 1er janvier 2026 », a-t-il ainsi annoncé. Le constructeur développe également « une trentaine de camions ateliers Ford Carrosserie Conforme Network, capables de faire la garantie, les opérations mécaniques, le remplacement de pare-brise… »

Formation et transparence, investissements d'avenir

Dans cette nouvelle réalité de la réparation-collision, la formation apparaît comme un investissement stratégique. Dans lequel Covéa se réjouit d’avoir investi depuis de très nombreuses années via CESVI France. « La formation, c'est la capacité de l'entreprise à rester dans un marché », souligne David Thévenot, responsable du pôle Réseaux Auto à la direction expertise et solutions d’indemnisation du groupe mutualiste. Covéa annonce d'ailleurs qu'en 2026, « CESVI va accélérer sur la formation à la réparation durable, avec un pôle R&D sur la réparabilité des VE, de leurs batteries et un nouveau bâtiment 100% dédié à l'électrique qui va être construit sur le site du technocentre » de Jaunay-Marigny (86). Lequel est devenu, à force de développements, de remises en question et de certifications, le partenaire de l’ensemble de l’écosystème de la réparation-collision en France.

Rédacteur en chef adjoint de Zepros Après-Vente Carrosserie, Romain couvre l'actualité des acteurs de la réparation-collision, du constructeur au réparateur, de l'assureur à l'expert en passant par l'équipementier et le distributeur.
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire